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Equateur: un ex-détenu Français va participer à une enquête judiciaire

Le Français Daniel Tibi est retourné mardi en Equateur, où il avait été arbitrairement détenu, torturé et emprisonné en 1995, pour "participer" à une enquête judiciaire sur les violations qu'il a subies à cette période, selon l'ONG Centre pour la Justice et le Droit international (Cejil).

M. Tibi, 59 ans, est revenu pour "participer à une enquête du parquet en charge des questions liées aux droits de l'homme sur son arrestation, sa détention et la torture qu'il a subie dans les années 1990", précise dans un communiqué le Cejil, ONG régionale qui défend les intérêts du Français.

Accusé à tort de trafic de drogue en 1995, il avait été enfermé durant deux ans et quatre mois au sein de la prison la plus dangereuse du pays, avant d'être libéré en 1998.

"Je n'ai aucune rancoeur", a déclaré Daniel Tibi mardi à l'AFP. "Je suis toujours affecté par ce que j'ai subi", a-t-il ajouté, rappelant qu'aucun des auteurs des "actes de barbarie" dont il a été victime n'a "été jugés ni sanctionnés".

L'ouverture de cette enquête est l'une des conséquences d'un arrêt de la Cour interaméricaine des droits de l'homme qui, en 2004, a condamné l'Equateur pour violations des droits du Français.

Depuis, "14 années se sont écoulées sans qu'aucune responsabilité n'ait été établie contre les auteurs des violations, y compris des policiers, des juges, des procureurs ou des médecins", a dénoncé la Cejil.

M. Tibi avait été arrêté en septembre 1995 sans motif à Quito, où il vivait depuis plusieurs années et se consacrait au commerce de pierres précieuses.

Il avait ensuite été transféré au Centre de réhabilitation sociale pour hommes de Guyaquil (sud-ouest), une prison sinistre de 800 places où s'entassaient 2.800 détenus, et où il avait vécu un "enfer". Il était alors accusé de trafic de drogue, sans que la justice équatorienne ne puisse le prouver.

Auteur d'un livre "900 jours, 900 nuits dans l'enfer d'une prison équatorienne", Daniel Tibi assure qu"il "n'oublie pas, mais pardonne". "Je pardonne à tout le monde", a t-il insisté, sans avoir reçu aucune excuse.

Selon le Cejil, cette affaire a établi un précédent judiciaire interaméricain concernant l'indemnisation par les Etats des prisonniers victimes de tortures et de traitements cruels, inhumains ou dégradants.

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