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Erdogan appelle à combattre l'islamophobie au même titre que l'antisémitisme

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé vendredi à combattre l'islamophobie au même titre que "l'antisémitisme après l'Holocauste", lors d'une réunion de la principale organisation panislamique axée sur le carnage perpétré dans deux mosquées en Nouvelle-Zélande.

"De la même manière qu'elle a combattu l'antisémitisme après la catastrophe de l'Holocauste, l'humanité doit combattre avec la même détermination la haine de l'islam qui est en hausse", a déclaré M. Erdogan.

Il s'exprimait au début d'une réunion extraordinaire à Istanbul des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de la coopération islamique (OCI), convoquée après les attaques commises la semaine dernière contre deux mosquées en Nouvelle-Zélande.

Ce double attentat a suscité une onde de choc mondiale. Cinquante fidèles, dont des enfants, ont été abattus par un suprémaciste blanc australien pendant la prière du vendredi dans la ville de Christchurch, un massacre qu'il a filmé et diffusé en direct sur Facebook.

Dans un communiqué publié à l'issue de la réunion d'Istanbul, l'OCI a appelé la communauté internationale à prendre des "mesures concrètes" contre l'islamophobie.

Ils ont estimé que ce carnage, et plus généralement les attaques visant des mosquées ou des musulmans, étaient "des conséquences "brutales, inhumaines et horribles" de l'islamophobie.

"Cela requiert des mesures concrètes, exhaustives et systématiques pour remédier à ce fléau", a ajouté l'OCI.

L'organisation panislamique a aussi appelé les pays dans lesquels vivent des communautés musulmanes à "s'abstenir de toute politique, déclaration ou acte associant l'islam au terrorisme et à l'extrémisme".

Les pays musulmans ont en outre proposé de créer une "Journée mondiale de la solidarité contre l'islamophobie" le 15 mars, jour de l'attaque contre les deux mosquées à Christchurch.

S'exprimant lors de cette réunion à l'invitation de l'OCI, le chef de la diplomatie de la Nouvelle-Zélande Winston Peters a affirmé que "faire en sorte que les communautés musulmanes se sentent en sécurité" était une priorité de son pays.

- "Comme Daech" -

Dans son discours, M. Erdogan a par ailleurs appelé à traiter les groupes d'extrême droite non comme des organisations politiques, mais comme des organisations "terroristes, de la même manière que Daech (un acronyme du groupe Etat islamique)".

"Si nous continuons à ignorer la terreur néo-nazie, le prix à payer sera très élevé", a-t-il mis en garde.

M. Erdogan a par ailleurs estimé que la solidarité affichée par la Nouvelle-Zélande avec les musulmans après l'attentat contre les mosquées devrait "être un exemple pour les dirigeants du monde entier".

L'appel à la prière des musulmans a été diffusé vendredi dans toute la Nouvelle-Zélande, suivi de deux minutes de silence, pour rendre hommage aux victimes de l'attentat.

En campagne pour des élections locales le 31 mars qui s'annoncent serrées, M. Erdogan s'est saisi de l'attaque en Nouvelle-Zélande pour la présenter comme un événement faisant partie d'un plan plus large visant la Turquie.

Malgré les critiques, il a plusieurs fois projeté des extraits floutés de la vidéo de l'attaque pendant ses meetings, et diffusé des extraits du "manifeste" publié par l'assaillant sur Internet dans lequel il exprime des menaces envers la Turquie.

Il est revenu à la charge lors d'un meeting vendredi à Konya (centre), quelques heures seulement après sa rencontre avec le chef de la diplomatie néo-zélandaise. Après la diffusion des images partiellement floutées, il s'en est pris, comme à son habitude, au chef de l'opposition en le comparant à un sénateur australien qui a mis le carnage sur le compte de l'immigration.

Dans une référence à la participation de contingents australiens et néo-zélandais face aux forces ottomanes pendant la Première Guerre mondiale, M. Erdogan avait menacé lundi de renvoyer "dans des cercueils" leurs descendants qui serait hostiles à la Turquie.

Accusé de récupération politique, M. Erdogan a été durement critiqué par la Nouvelle-Zélande et par l'Australie à la suite de ces déclarations. La présidence turque a affirmé que ses paroles "avaient été prises hors de leur contexte".

M. Peters, qui s'est entretenu avec M. Erdogan en marge de la réunion d'Istanbul, a affirmé à la presse avoir reçu de sa part "des assurances" que les visiteurs néo-zélandais resteraient "les bienvenus" en Turquie.

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