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Européennes: Wauquiez fait fi des sceptiques et propose Bellamy

Laurent Wauquiez a tranché: le président des Républicains (LR) a balayé le scepticisme ambiant et choisi l'élu versaillais François-Xavier Bellamy comme tête de liste pour les élections européennes, que le parti aborde en panne dans les sondages.

M. Wauquiez va proposer mardi, lors de la Commission nationale d'investiture (CNI) du parti, la désignation de M. Bellamy, jeune professeur et auteur de philosophie de 33 ans, adjoint au maire de Versailles depuis 2008.

Les noms de la vice-présidente de la région Ile-de-France Agnès Evren et l'eurodéputé sortant Arnaud Danjean sont avancés comme N.2 et N.3 de la liste LR, selon une information du Figaro confirmée par des sources internes au parti.

"Pas ce trio, j'ai voulu envoyer un message très fort de rassemblement de toute la droite et de ses sensibilités autour d'une conviction: les Républicains veulent sauver l'Europe, et pour la sauver, il faut la changer", a expliqué M. Wauquiez au quotidien.

Le reste de la liste, près de 80 noms, sera dévoilé dans les prochaines semaines. Un Conseil national, sorte de parlement du parti, se réunira le 16 mars à Villeurbanne (Rhône).

Les Républicains oscillent entre 8% et 13% des intentions de vote pour le scrutin du 26 mai, loin des 20,81% recueillis en 2014.

A regret "systématiquement catalogué comme conservateur", professeur en khâgne à Paris et auteur d'essais remarqués ("Les déshérités" en 2014 et "Demeure" en 2018), M. Bellamy avait été battu aux législatives par un candidat en Marche dans les Yvelines.

S'il a reçu le soutien du président de la CNI, le député Eric Ciotti, du sarkozyste Brice Hortefeux et du président du groupe au Sénat Bruno Retailleau, dont il est proche, cet élu peu connu du grand public a également suscité l'inquiétude de nombreux hiérarques LR en raison de ses positions conservatrices, notamment sur l'IVG. M. Bellamy a récemment précisé qu'il n'était "pas question de revenir sur la loi Veil".

- "Equilibre" -

La plus haute réserve est venue du président du Sénat Gérard Larcher, qui avait jugé que "l'équipe tête de liste" devait "incarner l'équilibre, l'épicentre du mouvement".

"Je suis surpris par les propos de certains. La droite ne se reconstruit pas en baissant la tête. Elle n'avance pas quand elle s'excuse de ses idées", argumente. M. Wauquiez.

Premier vice-président du parti, Guillaume Peltier a demandé de "laisser sa chance" au candidat, en prenant soin de préciser qu'il était "beaucoup plus conservateur" que lui.

Élu en 2017, régulièrement accusé d'être inaudible dans son opposition à Emmanuel Macron, Laurent Wauquiez a résisté aux appels de plusieurs membres LR qui le pressaient de conduire lui-même la liste.

Mais le choix de M. Bellamy constitue "une prise de risque énorme", selon un dirigeant.

Proposée comme N.2, Agnès Evren est chargée de la culture au sein de l'exécutif francilien. Elle dirige également, depuis octobre, la fédération LR de Paris. Elle fut un temps l'une des porte-parole du mouvement Libres! de Valérie Pécresse, associé aux Républicains.

Ancien membre de la DGSE, député européen depuis 2009, Arnaud Danjean "avait soutenu Alain Juppé pendant la primaire" et "a décidé de rester fidèle à sa famille politique et de dénoncer avec beaucoup de justesse le gâchis catastrophique d'Emmanuel Macron après les espoirs qu'il avait suscités en Europe", a expliqué M. Wauquiez au Figaro.

"Comment faire passer la pilulle Bellamy et neutraliser Valérie Pécresse et les juppéistes", a raillé l'ex-LR et membre du parti Agir, Frédéric Lefebvre.

De rudes arbitrages sont encore à venir entre volonté de "renouvellement" et reconductions des sortants, parmi lesquels figurent notamment Rachida Dati, Geoffroy Didier, Brice Hortefeux et Nadine Morano, en bonne place pour figurer dans les places éligibles.

Alors que M. Wauquiez est taxé d'euroscepticisme, le projet européen est l'un des principaux sujets de division au sein de la droite française depuis l'élection d'Emmanuel Macron. Alain Juppé, qui n'est plus membre de LR, avait un temps plaidé pour "un grand mouvement central" autour du chef de l'Etat pour ce scrutin.

Jean-Pierre Raffarin a même évoqué l'idée d'une "coalition" entre la droite "constructive" ayant quitté LR et la majorité présidentielle.

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