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Les Pays-Bas et la ballade de Duncan Laurence remportent l'Eurovision

Les Pays-Bas et Duncan Laurence ont remporté dimanche avec la ballade "Arcade" le concours de l'Eurovision, dont la finale rutilante et tapageuse n'aura pas échappé à la politique et au conflit israélo-palestinien, y compris lors de la prestation de l'invitée Madonna.

Le candidat des Pays-Bas, âgé de 25 ans et favori des pronostics, a devancé ses concurrents italien et russe pour apporter à son pays sa première victoire depuis 44 ans avec une ballade inspirée de la disparition d'un être cher.

Le Français Bilal Hassani finit 14ème.

Duncan Laurence, 25 ans, Duncan de Moor de son vrai nom, était relativement peu connu aux Pays-Bas avant d'être choisi pour représenter le pays à l'Eurovision, remportée pour la dernière fois par les Néerlandais en 1975.

“Mon rêve s'est réalisé, il s'est vraiment réalisé”, a dit aux journalistes celui dont le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a salué la "performance sublime et puissante".

Le chanteur, qui a révélé sa bisexualité en 2016, profite de sa nouvelle notoriété pour appeler à la tolérance, affirmant que son amour de la musique lui a servi de refuge pour surmonter des moments difficiles lors de son enfance passée dans une petite ville et durant laquelle il était estampillé par certains comme le "mini-sosie d'Harry Potter".

“Je pense que le plus important est bien sûr de rester fidèle à soi-même (…), même si vous avez une sexualité différente (…), acceptez-vous les uns les autres au lieu de juger, c’est le plus important”, a-t-il dit.

Le titre de Duncan Laurence, arrivé troisième du vote du jury de professionnels, a fait la différence grâce aux suffrages des téléspectateurs.

La finale de l'Eurovision, résolument apolitique mais précédée par les appels au boycott de la part des défenseurs des Palestiniens, n'a pas échappé entièrement à la controverse.

Selon les médias israéliens, deux des danseurs de Madonna, annoncée comme la grande invitée vedette de la soirée, arboraient dans le dos des drapeaux israélien et palestinien dans ce qui ressemblait à un message de fraternité.

Au moment de l'annonce des résultats, les membres du groupe islandais Hatari, connu pour leur opposition déclarée à l'occupation israélienne des Territoires palestiniens, ont déployé des banderoles aux couleurs palestiniennes, suscitant des sifflets dans le public.

L'Union européenne de Radio-télévision (UER), organisatrice, a souligné dans un communiqué que la référence politique faite par les danseurs de Madonna ne figurait pas dans les répétitions telles que l'UER les avait approuvées. L'Eurovision "est un évènement apolitique et Madonna en avait été informée", a-t-elle dit.

Quant à Hatari, leurs agissements "contreviennent directement" aux règles du concours, et "les conséquences (en) seront discutées" par la direction de la compétition, a-t-elle dit.

Madonna était venue interpréter, en première mondiale sur scène selon les organisateurs de l'Eurovision, le titre "Future" extrait de son prochain album studio "Madame X", dont la sortie est prévue le 14 juin.

Elle avait résisté aux appels au boycott lancés à son adresse de la part de militants pro-palestiniens, qui dénonçaient une entreprise culturelle visant selon eux à occulter les réalités du conflit israélo-palestinien.

Interrogée avant de se produire par les présentateurs sur le message qu'elle souhaitait adresser lors de l'Eurovision, Madonna a répondu: "Nous ne devons jamais sous-estimer le pouvoir qu'a la musique pour rassembler les gens".

On ignore si elle était au courant du fait que certains de ses danseurs arboreraient peu après les drapeaux israélien et palestinien.

Son interprétation de "Future" et du célèbre "Like A Prayer" à l'occasion du 30ème anniversaire de ce tube a été critiquée sur les réseaux sociaux.

Une grande partie de la facture de sa brève apparition est réglée par le milliardaire israélo-canadien Sylvan Adams, selon la presse locale.

Auparavant, la vainqueure israélienne du concours 2018, Netta Barzilaï, avait lancé dans un déferlement de décibels et d'effets de lumière la montée sur scène des 26 candidats qui ont brigué pendant trois heures et demie les suffrages d'un jury de professionnels et des téléspectateurs.

Duncan Laurence avait les faveurs des bookmakers avec sa voix puissante et sa mise en scène épurée, détonnant dans une compétition dont l'insouciance, la diversité et le tape-à-l'oeil - n'en déplaisent à ses détracteurs - ont drainé des foules d'inconditionnels dans une ambiance de fête et retenu des dizaines de millions de téléspectateurs devant leur écran.

- Profanation -

Réputé pour sa vie nocturne animée, Tel-Aviv fournissait une destination appropriée pour accueillir ce sommet d'extravagance musicale et télévisuelle, peut-être le plus grand évènement culturel profane jamais organisé dans le pays.

Après la victoire de Netta Barzilaï en 2018, le choix de Tel-Aviv ne s'était pas imposé comme une évidence. Des personnalités politiques comme la ministre de droite de la Culture Miri Regev préféraient Jérusalem, pour des raisons politiques.

D'éminents rabbins ultra-orthodoxes israéliens avaient appelé à prier pour dénoncer la "profanation" que constituait, selon eux, la tenue du concours de l'Eurovision durant shabbat, le jour sacré de repos hebdomadaire juif.

Israël espère tirer tout le profit possible de l'Eurovision et projeter une image d'hospitalité et de diversité.

Tel-Aviv, la vibrante capitale économique et culturelle d'Israël, s'enorgueillit d'être une ville moderne, cosmopolite, accueillante, et un havre pour les homosexuels, avec notamment l'organisation de la plus grande Gay Pride de la région.

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