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Ex-espion russe: Londres promet de réagir si un Etat est impliqué

Le gouvernement britannique s'est engagé jeudi à répondre de manière "appropriée" s'il s'avère qu'un Etat est impliqué dans l'empoisonnement d'un ex-agent double russe et de sa fille au Royaume-Uni, une tentative de meurtre qui attise les tensions entre Londres et Moscou, le principal suspect.

"Le gouvernement réagira si nécessaire. Nous le ferons correctement, au bon moment, et sur la base des meilleures preuves", a déclaré la Première ministre britannique Theresa May sur ITV.

Envisage-t-elle d'expulser l'ambassadeur? "Nous ferons ce qui est approprié, ce qui est juste, s'il est prouvé que c'est soutenu par un Etat", a-t-elle répondu.

De son côté, dénonçant une attaque "sans foi ni loi", la ministre de l'Intérieur Amber Rudd s'est engagée devant les députés britannique à ce que "tout soit fait pour que les responsables soient traduits en justice".

L'ancien espion Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Youlia, 33 ans, "visés spécifiquement" par l'administration d'un agent innervant selon la police, demeuraient "inconscients et dans un état critique mais stable", a-t-elle précisé.

Le policier hospitalisé après leur être venu en aide est lui "conscient et parle", même si son état est "grave mais stable".

Un agent innervant est une substance chimique qui agit sur le système nerveux, pouvant causer la mort. Parmi les plus connus figurent le sarin et l'agent VX, utilisé pour assassiner le demi-frère de Kim Jong-un en février 2017.

La nature du poison utilisé sur l'ex-espion et sa fille, retrouvés dimanche inconscients sur un banc près d'un centre commercial à Salisbury (sud de l'Angleterre), a été identifiée sans être révélée. Elle permettra d'en identifier "la source", avait indiqué mercredi le chef de la police anti-terroriste, Mark Rowley.

- Boycott -

Interrogée sur la BBC, Amber Rudd a indiqué qu'il s'agissait d'une substance toxique "très rare".

Mais elle s'est refusée à spéculer sur les responsables du crime, alors que nombreux sont ceux à y voir la main de Moscou, déjà impliqué selon Londres dans l'empoisonnement au polonium-210 d'Alexandre Litvinenko, un ancien agent des services secrets russes, à Londres en 2006.

Elle a toutefois assuré qu'une fois les faits établis, son gouvernement réagirait "sans hésitation" et "de façon ferme et appropriée".

Son collègue des Affaires étrangères, Boris Johnson, a lui pointé la Russie du doigt dès mardi. De quoi attiser les tensions avec Moscou qui a dénoncé une "campagne anti-russe".

Le ministre britannique de la Défense, Gavin Williamson, a estimé jeudi sur ITV que la Russie devenait "une menace de plus en plus grande" tandis que le député conservateur Nick Boles a demandé que Londres rompe les relations diplomatiques avec Moscou.

A titre d'avertissement, Theresa May avait averti que son gouvernement pourrait envisager un éventuel boycott diplomatique de la prochaine Coupe du monde de football en Russie.

- 'Cadeau' -

A Salisbury, la police continuait son enquête, reconstituant les déplacements de Sergueï Skripal et de sa fille. Ces derniers auraient déjeuné dans un restaurant de l'enseigne de pizzeria Zizzi, où selon des témoins cités par les médias il était très agité, et auraient pris un verre au pub The Mill. Les deux établissements demeuraient fermés au public jeudi.

Ancien colonel du service de renseignement de l'armée russe, Sergueï Skripal avait été accusé de "haute trahison" pour avoir vendu des informations au renseignement britannique, et condamné en 2006 à 13 ans de prison. En 2010, il avait fait l'objet d'un échange de prisonniers organisé entre Moscou, Londres et Washington, et s'était installé en Angleterre.

La police tente de clarifier si sa fille, qui est arrivée au Royaume-Uni en provenance de Moscou la semaine dernière en apportant un "cadeau offert par des amis", a introduit elle-même de cette manière l'agent innervant dans le pays, selon The Times. Autre hypothèse: le poison aurait été vaporisé sur eux ou introduit dans leur nourriture ou boisson.

Le journal affirme que les enquêteurs se penchent également sur le décès en 2012 de l'épouse de Skripal des suites d'un cancer, de même que sur la mort soudaine de son frère il y a deux ans et celle de son fils l'année dernière à Saint-Pétersbourg, en raison d'une maladie du foie.

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