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Extraditions à Hong Kong: les temps forts de la contestation

Voici les étapes de la contestation à Hong Kong d'un projet de loi controversé sur les extraditions vers la Chine, au lendemain d'une manifestation qui a rassemblé dimanche près de deux millions de personnes, selon les organisateurs, pour demander le retrait du texte et la démission de la cheffe de l'exécutif, Carrie Lam.

L'ex-colonie britannique, rétrocédée à la Chine en 1997, bénéficie jusqu'en 2047, en vertu du principe "un pays, deux systèmes", d'un système juridique distinct de celui de Pékin, jugé opaque et politisé et ayant recours à la peine de mort.

- "Mouvement des parapluies" (2014) -

En 2014, pendant plus de deux mois, des centaines de milliers de protestataires pro-démocratie paralysent des quartiers entiers de Hong-Kong, l'une des capitales mondiales de la finance, réclamant l'élection du président du gouvernement local au suffrage universel, sans obtenir la moindre concession de Pékin.

Le mouvement est baptisé "révolte des Parapluies", utilisés par les manifestants contre les gaz.

Lors de leur dispersion, les manifestants accrochent une banderole sur un pont promettant: "Nous reviendrons". Plusieurs leaders des "Parapluies" sont emprisonnés.

- Craintes sur les extraditions (février 2019) -

En février 2019, les autorités de Hong Kong décident de modifier la loi sur les extraditions, une décision contestée par l'opposition et les juristes qui craignent un renforcement du contrôle de Pékin.

En mars, face aux pressions des milieux économiques redoutant l'influence négative du texte sur l'attractivité du territoire semi-autonome, les autorités réduisent la liste des motifs d'extradition.

- Premières manifestations (avril) -

Le 28 avril, plusieurs dizaines de milliers de personnes descendent dans les rues.

Le 30 mai, les autorités limitent la possibilité d'extradition aux personnes qui encourent au minimum sept ans de prison et promettent des garanties sur les procès.

Le 4 juin, des dizaines de milliers de Chinois et de résidents inquiets pour leurs propres libertés commémorent à Hong Kong les 30 ans de la sanglante répression de la place Tiananmen.

- Marée humaine (9 juin) -

Le 9 juin, plus d'un million de personnes, selon les organisateurs, descendent dans la rue pendant sept heures. C'est la manifestation la plus massive depuis la rétrocession en 1997 dans cette ville de 7 millions d'habitants. La police, qui arrête 19 personnes, comptabilise 240.000 participants.

La cheffe du gouvernement local, Carrie Lam, réaffirme le lendemain que le Conseil Législatif (LegCo) examinera le texte comme prévu.

- Affrontements (12 juin) -

Le 12, le débat sur le texte est reporté "à une date ultérieure" alors que les manifestants paralysent le coeur de la ville. De violents affrontements ont lieu entre la police et des manifestants, qui bloquent les grandes artères et tentent de pénétrer dans le Parlement.

Ces violences, inédites depuis la rétrocession, font 79 blessés, dont deux grièvement. Un militant de 35 ans meurt en tombant d'un toit d'où il manifestait.

Carrie Lam dénonce des "émeutes organisées".

Solidaires, plus d'une centaine d'entreprises et commerces ferment leurs portes.

L'Union européenne appelle au "respect" des droits des manifestants tandis que le Royaume-Uni juge "vital" que le projet de loi n'empiète pas sur les dispositions de l'accord ayant présidé à la rétrocession.

Le 13, Pékin "condamne fermement" des "émeutes" et "soutient la réaction" des autorités de Hong Kong, dénonçant l'"ingérence" de l'UE.

- Deux millions de manifestants (17 juin) -

A la veille d'une nouvelle manifestation, Carrie Lam annonce le 15 juin la suspension du projet de loi, sans fixer aucune date pour la réintroduction du texte.

Le lendemain, près de deux millions de manifestants, selon les organisateurs, défilent en noir en exigeant sa démission.

Contrainte, Mme Lam présente ses "excuses", reconnaissant des "lacunes dans le travail du gouvernement". Pékin réaffirme son soutien à la dirigeante.

Lundi matin, les manifestants quittent la dernière autoroute de la ville qu'ils occupaient depuis la veille.

Incarcéré en mai, un des leaders du mouvement des "Parapluies," Joshua Wong, est libéré de prison et annonce aussitôt qu'"il va rejoindre le mouvement.

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