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F1: Jabouille aimerait "que la voiture soit un peu endommagée en cas de sortie de route"

Vainqueur en juillet 1979 avec Renault du GP de France sur le circuit de Dijon-Prenois, première victoire en F1 d'un moteur turbo-compressé, l'ex-pilote français Jean-Pierre Jabouille souhaiterait voir aujourd'hui des courses moins aseptisées où une sortie de route aurait plus de conséquences.

Considéré comme l'un des derniers "pilotes ingénieurs", il juge lors d'un entretien à l'AFP en marge du GP de France qui se disputera dimanche au Castellet, que le rôle de celui-ci est maintenant "totalement différent".

"Quand j'étais pilote de F1 et, sinon ingénieur très proche des techniciens, nous travaillions beaucoup sur l'aérodynamique. Je pouvais tout leur demander. En un arrêt au stand, je devais donner cinq réponses, voire six. Les gens des pneus voulaient savoir ce que j'en pensais, le moteur et le temps de réponse du turbo, l'aérodynamique, l'appui...", se rappelle-t-il le pilote aujourd'hui âgé de 76 ans.

"Il n'y avait aucune télémétrie. Je sortais des stands, je ressentais tout de suite si c'était mieux, un peu moins bien. Il fallait prendre les choses au fur et à mesure en hiérarchisant selon l'importance".

Ce rôle s'était révélé crucial pour Renault qui pendant deux saisons avait essuyé casse sur casse avec une voiture que la presse britannique avait surnommée la "tea pot" en raison de sa couleur jaune et de sa propension à voir son moteur exploser dans un panache de fumée jaune.

Mais à Dijon il y a 40 ans, "je savais que nous allions gagner. Tous les ingrédients étaient réunis: la température qui était très importante pour le turbo, l'aérodynamique. Je suis parti 2e, j'ai fait une première tentative pour doubler Gilles Villeneuve (sur Ferrari ndlr.), il m'a repassé. J'ai décidé d'attendre et puis je l'ai doublé à nouveau et quand j'ai eu 15 secondes d'avance j'ai calmé le jeu. A l'époque on partait avec 250 litres d'essence dans la voiture (pour 105 litres au maximum actuellement) et il y avait une énorme différence au fur et à mesure de la course. Et puis les autres voitures consommaient moins que nous".

Ce Grand Prix est aussi entré dans les annales de la F1 pour la bataille homérique que ce sont livrés dans les derniers tours son coéquipier René Arnoux et Gilles Villeneuve.

- Jumelles -

"Je l'ai su après l'arrivée quand quelqu'un m'en a parlé et m'a dit, +viens voir les images+. J'ai été surpris et je me suis dit c'est quelque chose qu'on ne reverra pas tout de suite", indique Jean-Pierre Jabouille.

Cet épisode permet de réaliser combien les courses de F1 se sont, selon lui, aujourd'hui aseptisées. "Aujourd'hui, c'est plus une question de savoir qui va gagner. Mercedes fait ce qu'il veut et cela se termine par le même qui gagne, chaque course est pareille".

"Il faudrait diviser par deux l'espace qu'il y a entre la piste et ses limites physiques. A l'heure actuelle, on sort, on va faire un tour dans l'herbe et on revient. On a fait d'énormes progrès en terme d'absorption des matériaux et il faudrait en mettre autour des circuits pour que la voiture soit un peu endommagée en cas de sortie de route sans risques pour le pilote. Cela permettrait aussi de rapprocher les spectateurs de la piste car bientôt il faudra des jumelles pour regarder les courses", ironise-t-il.

Pourtant, celui qui a remporté deux Grand Prix dans sa carrière a payé le prix fort lors d'un accident. Un bris de suspension avait envoyé sa Renault dans le mur au GP du Canada en 1980, lui brisant les deux jambes et mettant fin à sa carrière en F1.

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