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Epidémie: la Chine confine des villes, mais pas d'alerte internationale

La Chine a confiné jeudi une vingtaine de millions d'habitants dans la région de Wuhan, le berceau de l'épidémie qui a commencé à se répandre dans le monde, mais l'OMS n'a pas déclaré l'alerte internationale.

Plus aucun train ni avion ne doit en principe quitter Wuhan, métropole de 11 millions d'habitants en plein centre de la Chine. Les péages aux sorties autoroutières de la ville sont fermés.

Les autorités sanitaires internationales, réunies en conclave depuis deux jours à Genève, ont dit espérer que ces mesures soient "à la fois efficaces et de courte durée".

"Nous avons compris que les mesures prises dans la ville de Wuhan ont résulté de l'initiative de cette ville et ne résultaient pas d'une évolution épidémiologique", a expliqué le président du comité d'urgence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr. Didier Houssin.

Wuhan, capitale de la province de Hubei, est au coeur de l'épidémie qui depuis décembre a contaminé près de 600 personnes. Mais Pékin a annoncé jeudi un premier décès en dehors de cette région, qui porte le bilan à 18 morts en Chine : un octogénaire est décédé mercredi dans la province de Hebei (nord), qui jouxte la capitale chinoise.

L'OMS a reconnu jeudi l'"urgence en Chine" mais jugé toutefois qu'il était "trop tôt" pour parler d'"urgence de santé publique de portée internationale".

- Cité interdite -

Cette organisation n'a jusqu'ici utilisé ce terme que pour de rares cas d'épidémies requérant une réaction mondiale vigoureuse, dont la grippe porcine H1N1 en 2009, le virus Zika en 2016 et la fièvre Ebola, qui a ravagé une partie de l'Afrique de l'Ouest de 2014 à 2016 et la République démocratique du Congo depuis 2018.

Symbole de l'inquiétude qui s'est emparée en Chine, la Cité interdite de Pékin, l'ancien palais des empereurs, a annoncé sa fermeture jusqu'à nouvel ordre pour éviter tout risque de contamination entre les visiteurs.

A la veille du long congé du Nouvel an chinois, la capitale a décrété l'annulation des festivités, qui drainent habituellement des centaines de milliers de badauds dans les parcs.

A Wuhan, "les habitants ne doivent pas quitter (la ville) sans raison spécifique", ont décrété les autorités, afin "d'enrayer efficacement la propagation du virus", le Nouvel an occasionnant chaque année des centaines de millions de voyages.

Huanggang, une métropole de 7,5 millions d'habitants à 70 km plus à l'est, fait l'objet de mesures similaires. Tout près, Ezhou (1,1 million d'habitants) a fermé sa gare.

A l'ouest de Wuhan, une autre localité, Xiantao, a condamné les accès à une grande voie de circulation et au sud Chibi a interrompu tous ses transports publics. Ces deux cités rassemblent plus de deux millions d'habitants.

Tous les transports sont aussi suspendus à Lichuan, une ville d'un million d'habitants à 700 km de Wuhan.

- Transmission interhumaine -

A Wuhan, trains comme avions étaient presque vides, un spectacle étrange à la veille du congé du Nouvel an, lorsqu'ils sont habituellement pris d'assaut.

Dans le centre-ville, les transports publics étaient à l'arrêt, les festivités du Nouvel an ont été annulées et le port du masque respiratoire a été rendu obligatoire. La quasi-totalité des commerces, y compris les cafés et les restaurants, étaient clos, plongeant Wuhan dans un calme surréaliste pour une métropole chinoise.

Interrogé sur la flambée des prix, le gouverneur de la province, Wang Xiaodong, a assuré que "les réserves et l'approvisionnement des marchés sont suffisants".

Le branle-bas de combat a commencé lorsqu'un scientifique chinois a admis que la transmission du virus pouvait se faire d'humain à humain et pas seulement de l'animal à l'homme.

A Genève, l'OMS a assuré qu'il n'y a pour l'instant aucune preuve de transmission interhumaine en dehors de la Chine, ajoutant que la transmission interhumaine en Chine semble "être limitée à des groupes familiaux et à des travailleurs de la santé".

- Dépistage -

Le virus de Wuhan, de la même famille que le SRAS (Syndrome respiratoire aigu sévère), a gagné plusieurs pays d'Asie et même les Etat-Unis. Le Vietnam et Singapour ont à leur tour annoncé des cas.

L'OMS ne recommande pas actuellement de restrictions de voyages mais d'établir des dépistages dans les aéroports. L'organisation demande aussi "à tous les pays" de mettre en place des mesures pour détecter les cas de coronavirus, contre lequel il n'existe pas actuellement de traitement ou de vaccin.

A Davos, où se tient le Forum économique mondial (WEF), la Coalition pour les innovations en préparation aux épidémies (CEPI) a annoncé jeudi que les essais cliniques concernant un premier vaccin pourraient avoir lieu "dès l'été".

Les contrôles de température corporelle se sont généralisés dans plusieurs aéroports, notamment à Dubaï, l'un des plus grands du monde, visant tous les passagers en provenance de Chine.

L'OMS avait à l'époque du SRAS, en 2002-2003, vivement critiqué Pékin pour avoir tardé à donner l'alerte et tenté de dissimuler l'ampleur de l'épidémie. Ce virus avait entraîné la mort de 774 personnes dans le monde, dont 648 en Chine y compris Hong Kong.

La crise a fait baisser les marchés financiers, en Asie comme en Europe, de crainte d'un ralentissement de la Chine, la deuxième économie du monde.

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