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Féminicides: l'ancienne ministre Laurence Rossignol appelle à une enquête administrative

Le gouvernement doit ouvrir une enquête administrative pour déterminer "si des fautes ont été commises" par la police, la gendarmerie ou la justice dans la prévention des féminicides, a estimé lundi l'ancienne ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol, qui a écrit en ce sens à Nicolle Belloubet et Christophe Castaner.

Alors que la barre des 70 meurtres depuis le début de l'année vient d'être franchie, la sénatrice socialiste souligne dans son courrier adressé au gouvernement que "souvent", "ces morts auraient pu être évitées, si ces femmes avaient été crues, prises au sérieux et protégées" de leur mari ou ex-compagnon violent.

"Les familles des victimes ou leurs avocats racontent les appels au secours ignorés, la négligence ou l'apathie des services de police ou de la justice, l'absence de solutions de mise à l'abri", dénonce Mme Rossignol, qui estime indispensable "d'identifier à quelle étape ces femmes ont été abandonnées à leurs bourreaux".

L'élue et ancienne ministre appelle à l'ouverture d'une enquête qui serait confiée conjointement aux inspections générales de l'administration et de la justice, et qui viserait à "comprendre, puis le cas échéant, sanctionner, enfin en tirer tous les enseignements".

Lundi également, le Haut conseil à l'égalité (HCE, une instance consultative indépendante) s'est "porté volontaire" pour "identifier les parcours et les éventuels manquements qui ont conduit au meurtre de 70 femmes depuis le début de l'année".

Dans un communiqué, le HCE a dit son inquiétude que les "dispositifs de protection des femmes victimes de violences conjugales et de leurs enfants (ordonnance de protection, mesure d'accompagnement protégé, téléphone grave danger) soient si peu appliqués". L'instance consultative, chargée de formuler des recommandations au gouvernement, souhaite "être missionnée officiellement, avec l'aide des services concernés, afin d'avoir accès aux données des services sociaux, de la police, de la gendarmerie".

Un collectif de familles et de proches de victimes de féminicides a appelé à un rassemblement samedi prochain à Paris. "Les solutions existent pour éviter certains drames, certaines sont à développer, d'autres à créer", affirme ce collectif dans une tribune publiée dimanche par Le Parisien.

La page Facebook "féminicides par compagnons ou ex" a recensé 70 décès depuis le début de l'année 2019.

125 personnes sont mortes en 2017, victimes de la violence de leur partenaire ou de leur ex-partenaire (contre 138 en 2016 et 136 en 2015), dont 109 femmes et 16 hommes, selon les derniers chiffres communiqués par le gouvernement. Ainsi, une femme meurt tous les 3 jours du fait de la violence de son conjoint ou ex-conjoint.

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