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Fidel Castro, entre dictateur répressif et figure anti-capitaliste: 3 choses à retenir sur le leader cubain

Fidel Castro, décédé vendredi soir à 90 ans, a dirigé Cuba d'une main de fer pendant près d'un demi-siècle, défiant sur son île communiste 11 présidents américains, même s'il avait cédé le pouvoir à son frère cadet Raul à partir de 2006. Retour sur les quelques moments-clés de la vie de Fidel Castro, qui ont aussi marqué l'histoire contemporaine.

Symbolisant les espoirs du Tiers-Monde et des mouvements de libération au début de sa Révolution en 1959, le "Barbudo" en treillis vert olive s'était cependant peu à peu transformé en dirigeant autoritaire et dogmatique, refusant toute libéralisation et mettant au pas toute opposition.

Fils d'un propriétaire terrien d'origine espagnol, Fidel Alejandro Castro Ruz est né le 13 août 1926 à Biran dans la province d'Oriente (est). Élevé chez les jésuites, il est diplômé de la faculté de droit de l'université de La Havane.


1. Figure de la lutte contre l'"impérialisme américain"

Dès le coup d'État du général Fulgencio Batista en 1952, Fidel Castro organise la lutte armée avec son frère Raul. Après une attaque ratée contre une caserne et un passage en prison, il s'exile au Mexique avant de revenir avec 81 hommes, dont l'Argentin Ernesto "Che" Guevara en 1956. Après une longue lutte contre le pouvoir de Batista, Fidel et ses hommes lancent une offensive générale et renversent le régime en janvier 1959. La révolution avait d'abord un caractère nationaliste, mais Fidel Castro surprend jusqu'à ses propres partisans en se tournant vers le régime communiste de Moscou et en s'orientant vers le marxisme-léninisme.

Célèbre pour ses coups d'éclat et ses discours interminables, mais aussi pour son uniforme vert olive, ses cigares et sa barbe légendaire, Fidel Castro était un symbole de la lutte contre l'"impérialisme américain". Compagnon d'armes du guérillero argentin Ernesto "Che" Guevara, le leader cubain s'est voulu le champion de l'exportation de la révolution marxiste en Amérique latine, mais aussi en Afrique, notamment en Angola où les troupes cubaines ont été engagées pendant 15 ans. Cette révolution suscite alors une certaine fascination et le régime se targue alors d'avoir éradiqué l'analphabétisme et mis en place un système de santé efficace et accessible aux 11,1 millions d'habitants de l'île. Une performance rare pour un pays pauvre d'Amérique latine.


2. Deux grands moments de tension: la baie des Cochons et la crise des missiles

Fidel Castro a défié 11 présidents américains et survécu à maints complots pour l'assassiner (un record de 638 selon le Livre Guinness des records). À moins de 200 km des États-Unis, il incarne en pleine Guerre froide une Révolution qui ne tarde pas à afficher ses sympathies pour Moscou.

John F. Kennedy, le deuxième des 11 présidents américains qu'il aura défiés, fait débarquer des exilés cubains anticastristes soutenus par la CIA dans la baie des Cochons en 1961: cuisante défaite américaine, Fidel Castro devient un héros, un David socialiste qui va faire du combat contre le Goliath impérialiste son cheval de bataille. Peu après, Kennedy décrète, en février 1962, un embargo commercial et financier qui a lourdement pesé sur l'économie cubaine.

Le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev fait de Fidel Castro son poulain et croit pouvoir installer des missiles nucléaires à Cuba: la "crise des missiles" d'octobre 1962 met le monde au bord de l'apocalypse nucléaire. Washington décide un blocus naval de l'île, et Moscou finit par retirer ses fusées contre la promesse américaine de ne pas envahir Cuba. L'accord conclu entre les deux grands laisse Fidel Castro amer et humilié de n'avoir pas été consulté.


3. Une dictature ultra-répressive et la survie après la chute de l'URSS

La chute de l'URSS en 1991, principal bailleur de fonds de l'île, porte un coup terrible à l'économie cubaine: pénuries en tous genres, disette, malnutrition... Fidel Castro annonce une "période spéciale en temps de paix". La légalisation du dollar et l'ouverture au tourisme permettent au régime de survivre. Maître de la survie politique, le "Lider Maximo" trouve de nouveaux alliés avec la Chine et le Venezuela du président Hugo Chavez, présenté par Fidel Castro comme son "fils spirituel".

L'ex-dirigeant cubain affiche pourtant lui-même un piètre bilan en matière de droits civiques et de libertés. Le régime communiste avait donné le ton dès ses débuts en 1959 en menant une violente vague de répression contre ses opposants. Et le temps n'a pas adouci la poigne de fer exercée par Fidel Castro. En 1989 il fait arrêter et fusiller le général Arnaldo Ochoa, héros de la guerre d'Angola. En 2003, il fait arrêter et condamner 75 dissidents à de lourdes peines de prison. Il faudra attendre l'intervention de l'Eglise catholique en 2010 pour permettre la libération de 52 prisonniers.

Le décès de Fidel Castro, qui survient à peine deux ans après l'annonce historique du rapprochement entre Cuba et les États-Unis, vient définitivement tourner la page de la guerre froide.

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