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Finlande: le sortant Niinistö en pôle position pour remporter la présidentielle

Les Finlandais se sont rendus aux urnes dimanche pour élire leur président et pourrait reconduire dès le premier tour le sortant, Sauli Niinistö, passé maître dans l'art de rapprocher son pays de l'Occident sans heurter son puissant voisin russe dans un contexte géopolitique tendu.

Les bureaux ont fermé à 18H00 GMT. Selon des premiers résultats partiels publiés par le ministère de la Justice (52% des bulletins), le président sortant, qui se présente en tant qu'indépendant, recueillerait 64% des suffrages, loin devant ses adversaires.

"Je remercie tout le monde (...) mais je ne considère pas ma réélection acquise", a déclaré Niinistö dans un communiqué.

Depuis son élection en 2012, il a habilement rapproché la Finlande, ancien territoire de la Russie impériale (1809-1917), de l'OTAN sans contrarier son voisin russe, à couteaux tirés avec l'Union européenne et ses alliés depuis l'annexion par Moscou de la Crimée en 2014.

Les Finlandais, qui partagent avec les Russes une frontière de 1.340 kilomètres - la plus longue de l'Union européenne avec ce puissant voisin -, "aspirent à la stabilité, ils ne veulent pas de changement pour l'instant", explique Juhana Aunesluoma, directeur de recherche au Réseau d'études européennes rattaché à l'université d'Helsinki.

"Niinistö est un choix sûr étant donné la situation dans laquelle se trouve le monde", a confié à l'AFP Raija Palmu, une retraitée d'Helsinki âgée de 62 ans.

- 'Gérer Poutine' -

Le président, chef de l’État et des armées, partage la conduite des Affaires internationales et de défense avec le gouvernement, à l'exception des Affaires européennes qui en principe lui échappent.

Sa mission première a été de mettre la Finlande sous la protection du bouclier nucléaire américain, sans heurter Vladimir Poutine.

La Russie a multiplié les avertissements pour dissuader le pays de ne pas renoncer à son non-alignement militaire.

Sauli Niinistö cultive avec le président russe une relation courtoise, entre match de hockey et soirée à l'opéra.

"Sa stratégie, sa tactique se sont révélées gagnantes, surtout sur la façon de gérer Poutine (...). Les gens ont le sentiment qu'il a la capacité et les outils pour affronter ces défis", avance Juhana Aunesluoma.

"Un des principaux objectifs de la politique étrangère et de sécurité de la Finlande est d'éviter d'être entraînée dans un conflit armé", justifiait M. Niinistö mi-janvier à l'occasion du centenaire de la création des forces armées nationales.

Pas question donc de rejoindre l'Alliance atlantique comme l'ont fait les pays baltes: Moscou y verrait un casus belli.

Pour Teivo Teivainen, professeur de politique internationale à l'Université d'Helsinki, l'"ambiguïté" de Niinistö sur l'adhésion à l'OTAN est "une stratégie réussie" lors de cette campagne car elle lui a permis de satisfaire aussi bien les électeurs favorables à l'adhésion que ceux qui y sont opposés.

Habitué des hautes sphères du pouvoir depuis le milieu des années 90, Sauli Niinistö est né en 1948 dans une famille ouvrière du sud-ouest du pays.

Membre du parti conservateur Coalition nationale, il est ministre de la Justice en 1995-96, il prend ensuite le portefeuille des Finances (1996-2003) et aide son pays à sortir de la récession à la fin des années 1990 avant de le faire entrer dans la zone euro.

En 1995, ce père de deux enfants a perdu sa première épouse dans un accident de la route. En 2004, il a lui-même failli mourir dans un tsunami en Thaïlande.

En 2009, il a épousé en secondes noces l'attachée de presse de son parti, Jenni Haukio, de 29 ans sa cadette, qui a permis à cet homme un peu sec de se forger une image plus humaine auprès des Finlandais.

Le couple a annoncé en octobre qu'il attendait un enfant pour février. Selon certains analystes, la nouvelle a encore accru la cote d'amour de M. Niinistö auprès de ses concitoyens.

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