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Fiona: sans la mère, la version à sens unique de l'ex-compagnon

Après le rejet d'une demande de renvoi formulée par la défense, le procès en appel de l'affaire Fiona a repris son cours lundi, toujours sans la mère de la fillette, laissant le champ libre à son ex-compagnon pour l'accabler.

En début de journée, Me Gilles-Jean Portejoie, défenseur de Cécile Bourgeon, a pris la parole pour dénoncer une "rencontre totalement inopportune" remontant à la semaine dernière - un apéritif pris par le président de la cour d'assises de Haute-Loire, Étienne Fradin, avec certains avocats de l'affaire, dans un hôtel du Puy-en-Velay.

Pas de quoi remettre en cause l'impartialité du magistrat, selon Me Portejoie, mais largement suffisant pour demander un nouveau renvoi du procès. Une première audience d'appel avait déjà avorté en octobre après une vive passe d'armes entre les avocats de la défense et une partie civile.

L'avocat général s'y est opposé, de même que les parties civiles, qui ne voyaient là que des "manœuvres" pour ajourner une nouvelle fois les débats. Après une brève suspension, la cour a rejeté la demande et l'audience a repris.

"Ce non-renvoi est la preuve que la justice ne se laisse pas prendre en otage une seconde fois. Et je suis plutôt satisfaite que cette mascarade n'ait pas porté ses fruits", s'est félicitée une avocate des parties civiles, Me Marie Grimaud.

Avant de réclamer la présence de la mère de Fiona, qui, comme ce fut déjà le cas vendredi, a de nouveau refusé d'être extraite pour comparaître devant la cour. "Maintenant, il serait quand même important que Madame Bourgeon puisse s'expliquer car personnellement je pense que c'est Madame Bourgeon qui a la clé de ce dossier", a souligné l'avocate.

Mais pour Cécile Bourgeon, les "jeux sont faits". "Elle considère que ce procès ne peut plus se tenir, elle n'a plus confiance", a expliqué dans la matinée son conseil, Me Renaud Portejoie, après que l'avocat général Raphaël Sanesi de Gentile eut aussi demandé de faire venir l'accusée, quitte à "recourir à la force publique".

Une demande également rejetée par la cour qui a ensuite interrogé sur les faits son ancien compagnon, Berkane Makhlouf, seul dans le box et qui ne voulait pas non plus d'un renvoi.

"Fiona mérite un jugement, que le procès aille jusqu'au bout. Je veux assumer ma responsabilité. Je ne veux pas fuir comme Cécile, me cacher. Je fais confiance à mes avocats. Je fais confiance à la justice, même si j'ai des doutes parfois. J'ai de la violence en moi mais je n'ai jamais frappé Fiona", a-t-il déclaré.

Interrogé sur leur consommation de drogues le matin des faits, Makhlouf a réitéré son innocence. "J'ai dit la vérité, je n'ai jamais changé de version, je n'ai pas fait dans la surenchère, j'ai toujours été franc", assure-t-il, volubile. Avant de raconter une nouvelle fois comment il a découvert le corps inanimé de Fiona dans son lit, "du vomi sortant de sa bouche", et la réaction placide de Cécile Bourgeon.

Et d'accuser insidieusement la mère de Fiona: "Vu comment elle ment, elle est capable de tout. Quand j'entends (les témoins, la semaine dernière) dire qu'elle doit savoir où est le corps, je me dis qu'elle a peut-être fait quelque chose et (c'est pourquoi) elle ne veut pas emmener les enquêteurs quelque part...", glisse Makhlouf, brisant encore davantage le pacte qui liait l'ancien couple lors des deux premiers procès.

"Elle me charge et maintenant elle se défile. En fait c'est peut-être elle, mais elle veut me faire porter le chapeau", poursuit l'accusé, dont l'examen des faits repose désormais sur sa seule parole.

Sous le feu de questions, il a notamment protesté à l'assertion d'un enquêteur qui envisageait qu'il ait pu jeté le corps de Fiona aux ordures.

Le verdict, sauf nouvelle péripétie, est attendu vendredi.

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