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Prisons: les surveillants toujours mobilisés, nouvel appel au blocage vendredi

Après une nouvelle mobilisation jeudi dans toute la France, les syndicats de surveillants de prison ont appelé à la poursuite du blocage des établissements vendredi, dans l'attente d'"arbitrages" gouvernementaux sur leurs revendications pour de meilleures conditions de sécurité.

Dans ce contexte tendu, 123 détenus de Fleury-Mérogis (Essonne), le plus grand centre pénitentiaire d'Europe, ont refusé pendant quelques heures de regagner leurs cellules après la promenade de la mi-journée.

Ils ont finalement réintégré leurs cellules dans le calme, encadrés par des équipes d'intervention, selon la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP). Six prisonniers, considérés comme les meneurs du mouvement, ont été envoyés en quartier disciplinaire, selon une source syndicale.

Pour la troisième fois depuis le début de la semaine, les accès aux prisons ont été totalement ou partiellement bloqués partout en France jeudi matin par des piquets de grève, parfois avec des barricades de palettes en bois et de pneus enflammés.

Malgré le début de discussions mardi soir avec la Chancellerie et la promesse d'un plan prison par le président Macron, les syndicats ont décidé de reconduire le mouvement, lancé après l'agression le 11 janvier de surveillants par un détenu jihadiste à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais).

"Le conflit social pénitentiaire engagé continue! Ce conflit ne cessera qu'au terme d'un accord que les personnels valideront", ont martelé dans un communiqué commun les syndicats Ufap-Unsa Justice (majoritaire) et CGT-Pénitentiaire, appelant à continuer le mouvement de blocage dès 06H00 vendredi.

La mobilisation a été une nouvelle fois importante jeudi. Plus de 123 établissements ont été "mobilisés" et 4.800 personnels "engagés dans l'action", selon l'Ufap-Unsa et la CGT.

De son côté, l'administration pénitentiaire a comptabilisé 87 établissements sur 188, soit 46% du parc pénitentiaire, affectés "à des degrés divers" par cette mobilisation.

- "Détermination" -

Les discussions entamées entre l'administration pénitentiaire et les syndicats Ufap et CGT ont pour l'heure débouché sur un document de travail contenant des propositions sur la sécurité des agents, la prise en charge de la radicalisation, une meilleure reconnaissance du métier de surveillant et les effectifs.

Ce texte est entre les mains de la ministre de la Justice Nicole Belloubet, qui a annulé jeudi une visite prévue dans les Bouches-du-Rhône puis un déplacement au TGI de Marseille vendredi matin, a-t-on appris auprès du ministère.

Le document doit ensuite être soumis à l'arbitrage de Matignon, a indiqué son entourage, sans précision de calendrier.

FO-Pénitentiaire, qui voudrait voir les discussions sur les questions de sécurité élargies à celles sur le statut des personnels, n'a pas pris part aux négociations mais participe à la mobilisation.

Les négociations "devraient reprendre" dès que les arbitrages attendus de la Chancellerie et de Matignon auront été rendus.

Face à la colère des personnels, Emmanuel Macron a annoncé lundi un "plan pénitentiaire global" d'ici fin février. En visite à Vendin-le-Vieil le lendemain, la garde des Sceaux a fait "dix propositions" au personnel de la prison, portant notamment sur les effectifs et la prise en charge des détenus radicalisés.

La mobilisation était assez largement suivie dans toutes les régions, les surveillants clamant leur "détermination".

A Nice, le blocage de la prison a notamment empêché durant quelques heures le transfert vers le tribunal de la "Veuve noire" de la Côte d'Azur, Patricia Dagorn, actuellement jugée aux assises pour l'assassinat de deux retraités.

"Sauvez-nous avant qu'il ne soit trop tard", "De belles promesses c'est bien, des promesses tenues c'est mieux", clamaient des pancartes devant la maison d'arrêt d'Elsau à Strasbourg, où 80 surveillants étaient rassemblés jeudi.

"Ce qu'il faut, c'est que le mouvement se durcisse. Il faut que les choses changent. On sait que cela va engendrer des incidents pour les coursives, que cela va être dur pour les familles, mais il faut que chacun comprenne (...). On risque notre vie tous les jours", a lancé à l'AFP un surveillant sous couvert d'anonymat.

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