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La Bolivie et le Chili clôturent un différend sur un fleuve transfrontalier

Le Chili et la Bolivie ont clôturé devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) un vieux différend concernant un petit fleuve transfrontalier aggravé par le changement climatique, a annoncé jeudi cette instance, la plus haute juridiction de l'ONU.

"Il ne fait pas de doute que le Silala est un cours d'eau international", a indiqué la CIJ dont le siège est à La Haye, soulignant que les deux pays "l'ont reconnu comme tel".

Le tribunal onusien, créé en 1946 pour régler des disputes entre Etats, a cependant estimé qu'il n'y avait "pas lieu" de statuer sur la plupart des demandes des deux parties, leurs positions respectives s'étant largement rapprochées.

Une conclusion qui a permis aux deux pays de revendiquer un succès après la conclusion de l'affaire entre le Chili souffrant de sécheresse et une Bolivie enclavée, qui se disputent un accès à l'océan Pacifique depuis près de 150 ans.

En 2018, la CIJ avait douché les espoirs de La Paz de permettre un accès à la mer qui avait été perdu durant la guerre du Pacifique de 1879-1884.

L'ancien président bolivien Evo Morales avait cherché à exploiter cette controverse comme monnaie d'échange dans un autre dossier soumis à la CIJ où son pays exigeait de Santiago qu'il négocie un accès à l'océan Pacifique.

À l'époque, M. Morales avait menacé de réduire le débit du Silala dans le secteur du désert aride d'Atacama au Chili et imposer des frais pour son exploitation.

- 'Tourner la page' -

Les relations entre les deux pays sont suspendues depuis 1978 en raison du différend frontalier sur l'accès à la mer.

Le président chilien Gabriel Boric a toutefois salué la décision de la CIJ sur le fleuve Silala, soulignant que le différend avait été résolu "conformément aux affirmations du Chili".

"Nous pouvons nous concentrer sur ce qui nous unit et non sur ce qui nous sépare", a déclaré M. Boric lors d'un discours au palais présidentiel La Moneda à Santiago.

La représentante chilienne devant la CIJ, Ximena Fuentes, a déclaré que les voisins pouvaient désormais "tourner la page" et approfondir leur coopération sur les ressources en eau.

La Bolivie a salué "la fin" du différend sur le fleuve. "Sur base de la décision, la Bolivie exercera ses droits sur les eaux de Silala", a déclaré le ministre bolivien des Affaires étrangères Rogelio Mayta dans un communiqué.

- Changement climatique -

Le Silala prend sa source dans les zones humides de haute altitude de la Bolivie et traverse la frontière avec le Chili sur environ huit kilomètres.

Le Chili a convoqué son voisin sud-américain devant la CIJ en 2016, demandant au tribunal de déclarer le Silala "cours d'eau international" et lui conférer les mêmes droits que la Bolivie sur ses eaux.

Au départ, la Bolivie s'était dite "catégoriquement opposée" à la requête du Chili, a rappelé la CIJ. Considérant que le Silala a été dévié artificiellement par le Chili du fait d'un système de canaux construits pour recueillir l'eau des sources, elle réclamait une compensation financière à son voisin.

En avril Mme Fuentes avait jugé la requête bolivienne "absurde", soulignant que face aux conséquences du changement climatique mondial et à la raréfaction de l'eau douce, "les pays sont appelés à coopérer dans la gestion efficace des ressources en eau partagées".

La Bolivie avait répliqué qu'elle n'avait "jamais" fait quoi que ce soit pour bloquer le cours des eaux du Silala sur le territoire chilien.

En raison du changement climatique, le Chili traverse une "méga sécheresse" depuis 13 ans, la pire depuis plusieurs centaines d'années.

En Bolivie, le Pantanal - la plus grande zone humide du monde qui s'étend également sur le Brésil et le Paraguay - connaît pour sa part sa pire sécheresse depuis une cinquantaine d'années.

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