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Frais de garde d'enfants: des parents en colère contre un bug informatique

Certaines ont dû se séparer de leur "nounou", d'autres ont contracté des crédits pour combler leur découvert bancaire: à cause d'un "bug" informatique, des milliers de familles ne perçoivent plus, depuis des mois, les aides financières accordées par la CAF pour payer la garde de leurs enfants.

"La situation est ubuesque et gérée de manière catastrophique", dénonce un collectif qui regroupe près d'une centaine de familles. Selon lui, le problème pourrait concerner ou avoir concerné quelque 21.000 cas. L'administration, de son côté, évoque "quelques milliers" de dossiers.

A l'origine de cette situation, une réforme censée simplifier la garde d'enfants à domicile ou par une assistante maternelle et qui concerne le Complément de libre choix du mode de garde (CMG), une allocation mensuelle de 89 à 469 euros environ destinée à compenser en partie les frais de garde. Depuis mai, cette CMG n'est plus versée aux familles par la Caisse d'allocations familiales (CAF), mais par Pajemploi, un service rattaché aux Urssaf.

Un changement passé "sans aucune difficulté pour la très grande majorité" des quelque 800.000 ménages concernés, selon Yann-Gaël Amghar, directeur de l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss), la caisse nationale des Urssaf.

Cependant des "anomalies informatiques dans les échanges de données entre la CAF et Pajemploi" ont pénalisé certains bénéficiaires, reconnaît-il. Certaines familles ne reçoivent ainsi plus leur CMG, ou ne peuvent plus déclarer en ligne les heures de travail de leur "nounou", ou encore se voient prélever le montant des cotisations sociales liées au salaire de leur assistante maternelle, alors que ces sommes sont en principe prises en charge par la CAF.

Pour Gwenaëlle Lheurin, qui vit dans la région toulousaine, l'erreur informatique a eu des conséquences "catastrophiques". Privée de son allocation de 467 euros par mois (pour 650 euros de frais de garde), elle s'est vite retrouvée en découvert bancaire.

- Imbroglio ingérable -

Faute de pouvoir accéder au service de déclaration en ligne, elle s'est résolue à payer au noir, pendant plusieurs mois, la "nounou" de son fils, puis finalement à la licencier et à abandonner elle-même son travail pour rester avec son enfant.

"Je ne sais plus vers qui me tourner", dit cette mère "très en colère". La CAF lui a versé plusieurs "avances" pour compenser partiellement l'erreur, mais "il manque encore à peu près 1.000 euros", déplore-t-elle.

Pour Jérémie, un père de famille des Yvelines, l'ardoise atteint 3.300 euros. "Je suis dirigeant de société, donc pas le plus à plaindre. Mais j'ai dû renoncer à mes vacances d'été à cause de tout ça", explique-t-il.

"Ce n'est pas aux familles de payer le prix" d'une réforme "mal préparée ou anticipée" et d'un "imbroglio administratif ingérable", dénonce le collectif Familles en lutte qui réclame "la régularisation de tous les dossiers pour Noël afin de passer des fêtes sereines", et des "excuses".

La semaine dernière, le directeur de l'Acoss avait reconnu auprès de l'AFP que cette anomalie "n'aurait pas dû se produire". Un "certain nombre d'erreurs" ont déjà été corrigées, avait ajouté M. Amghar, sans avancer de date pour un retour à la normale.

Lundi, le collectif Familles en lutte doit avoir un premier contact par téléphone avec "deux directrices de l'Acoss et la Cnaf", s'est-il félicité dans un communiqué vendredi.

En attendant, la section CGT des employés du service Pajemploi, basé en Haute-Loire, a fait part dans un communiqué de son "soutien" aux parents en colère. Ces salariés "pâtissent eux aussi quotidiennement de l'échec de cette réforme" puisqu'ils sont "les premiers interlocuteurs de parents désespérés", souligne le syndicat.

La situation inquiète également les assistantes maternelles. "Nous avons une dizaine d'appels par semaine de la part de collègues angoissées à l'idée de perdre leur travail, ou que les parents ne les déclarent plus", témoigne Véronique Delaitre, du syndicat FO des assistantes maternelles. "Les enfants ne doivent pas être les otages de tout cela", ajoute-t-elle.

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