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Gaël Perdriau dans la tourmente d'une affaire de chantage

Exclu par les Républicains, vilipendé par son opposition, Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne et président de la métropole stéphanoise depuis 2014, voit sa position politique se fragiliser au fil des mois en lien avec une affaire de chantage à la sextape révélée par Mediapart.

L'élu de 50 ans et sa garde rapprochée à la mairie sont considérés par la justice comme les "principaux protagonistes" d'une enquête judiciaire sur le tournage et l'usage d'une vidéo à caractère sexuel dans laquelle on peut voir son ex-premier adjoint centriste Gilles Artigues se faire masser par un homme dans une chambre d'hôtel, fin 2014.

Nommément accusé par M. Artigues, placé en garde à vue mi-septembre, cité dans des enregistrements audio accablants publiés par Mediapart, M. Perdriau a toujours protesté de son innocence.

"Ne vous associez pas aux charognards qui veulent me faire tomber, soyez-donc patients !", a-t-il lancé lundi aux conseillers municipaux en assurant qu’il "ne changerait absolument rien" à l'exercice de ses fonctions électives en cas de mise en examen.

Le scandale l'a cependant déjà poussé à limoger son directeur de cabinet puis à renoncer à ses fonctions représentatives à la ville et à la Métropole, tandis qu'un de ses adjoints municipaux accusé d'avoir tourné les images compromettantes démissionnait. Son exclusion de LR a été prononcée sans même attendre d'éventuelles suites judiciaires.

- Campagne "odieuse" -

Fin novembre, ses efforts pour bloquer la publication d'une nouvelle enquête de Mediapart sur ses "méthodes politiques" ont suscité une tempête de protestation dans le monde de la presse, avant d'être finalement retoqué par décision judiciaire mercredi.

Dans la foulée, le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, a appelé tous les élus de la majorité de Saint-Etienne à demander sa démission. Longtemps silencieux, le président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, a annoncé qu'il allait le poursuivre pour diffamation en lien avec des informations publiées par Mediapart dans son article intitulé "le maire et le poison de la calomnie".

Généralement réputé affable, Gaël Perdriau est toutefois décrit par ses détracteurs comme un homme autoritaire qui use ses collaborateurs et se montre capable de gros coups de sang lorsqu'on lui résiste - une attitude vigoureusement dénoncée par son opposition lors des deux derniers conseils municipaux.

Né à Cholet (Maine-et-Loire) en 1972, il s'était installé à Saint-Etienne en intégrant l'École supérieure de commerce, à l'âge de vingt ans. Étudiant, il milite au Parti républicain, puis à Démocratie libérale, avant de rejoindre l’UMP et enfin Les Républicains.

Cadre commercial chez Total, puis GDF Suez pendant une quinzaine d’années, il s'investit parallèlement dans la vie associative stéphanoise en présidant l’association d’insertion par l’emploi Tremplin 42.

Celui qui revendique son appartenance à la droite sociale telle qu’incarnée par le Général de Gaulle ou Philippe Séguin a été conseiller municipal dans l’équipe de Michel Thiollière (UDF-Rad), de 1995 à 2008. Après la défaite de 2008 dans le cadre d'une triangulaire UMP/centristes/PS, il s'impose peu à peu comme le leader à droite dans l’opposition à Maurice Vincent (PS).

Il est finalement élu maire en 2014 avec le soutien de l'homme qui l'accuse aujourd'hui de chantage, l'UDI Gilles Artigues, qui devient alors son premier adjoint. Il a été réélu en 2020, conservant la présidence de la métropole de 400.000 habitants.

Il avait commencé à prendre ses distances avec LR fin 2021 en critiquant vertement la ligne très musclée d'Eric Ciotti et la droitisation de la candidate à la présidentielle Valérie Pécresse.

Cela lui a valu d'être écarté de la vice-présidence de son parti, mais ne l'avait pas empêché de continuer à affirmer sa différence, en refusant de se positionner au premier tour de la présidentielle avant de suggérer à LR de "négocier un contrat de gouvernement" avec Emmanuel Macron, dont il fut pourtant un fervent contempteur.

Il considère que ce sont ses positionnements politiques qui ont déclenché une campagne "odieuse" contre lui.

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