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Gaza-Israël: calme fragile après la pire confrontation armée depuis 2014

La tension est retombée d'un cran dimanche dans la bande de Gaza et les localités israéliennes avoisinantes, au lendemain de la pire confrontation armée entre Israël et le mouvement islamiste Hamas depuis la guerre de 2014.

Samedi soir, le Hamas, qui dirige l'enclave palestinienne, avait annoncé qu'un cessez-le-feu avait été conclu grâce à une médiation égyptienne. Depuis, quelques échanges de tirs seulement sont venus troubler le calme précaire.

Dimanche, l'armée israélienne a indiqué avoir déployé des batteries de son système d'interception de roquettes dans des secteurs voisins de la bande de Gaza et dans le centre d'Israël, autour de Tel-Aviv. Elle a ajouté qu'"un nombre limité de réservistes avaient été rappelés pour renforcer le Commandement de la défense aérienne".

Elle avait mené samedi des dizaines de raids aériens, tuant deux adolescents palestiniens de 15 et 16 ans, alors que 200 roquettes et obus avaient été tirés depuis l'enclave vers le territoire israélien.

L'envoyé spécial de l'ONU pour le Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, en visite dimanche dans la bande de Gaza, a demandé à tous les acteurs de mettre un terme au "cycle" de violences, précisant que la solution devait être politique.

L'escalade de samedi est intervenue au lendemain d'affrontements meurtriers le long de la barrière qui sépare Israël de l'enclave sous blocus, et après une confrontation dans la nuit de vendredi à samedi, le Hamas tirant roquettes et obus de mortier sur le territoire israélien tandis qu'Israël menait des raids aériens.

- "Une promenade" -

Des milliers de Palestiniens ont assisté dimanche aux funérailles des deux adolescents tués la veille. Une vidéo largement diffusée sur les réseaux sociaux montre les deux garçons agonisant après avoir été touchés par des éclats d'un missile israélien sur le toit d'un immeuble vide dans l'ouest de la ville de Gaza.

Un groupe d'adolescents vient alors leur porter secours lorsqu'une deuxième frappe atterrit non loin de l'immeuble. Les deux garçons sont rapidement évacués, et peu après qu'ils ont été remis aux ambulanciers, une troisième frappe détruit entièrement le bâtiment.

L'armée israélienne affirme que l'immeuble de cinq étages était utilisé comme "centre d'entraînement" par le Hamas.

La mère de l'un des adolescents tués, Maysoun al-Namra, a elle raconté à l'AFP que son fils et son ami étaient partis "en promenade".

"J'ai entendu le bruit d'un bombardement proche, je l'ai appelé mais son portable était hors service et là j'ai su que quelque chose était arrivé", a-t-elle dit. "Qu'ont-ils fait, lui et son ami, pour mériter d'être tués?".

Les frappes israéliennes de samedi ont aussi fait au moins 25 blessés palestiniens, selon les autorités à Gaza.

Quatre Israéliens ont eux été blessés par le tir d'une roquette sur une maison de Sdérot, ville proche de la bande de Gaza et cible régulière des tirs du Hamas, selon les autorités israéliennes.

Le Hamas affirme avoir tiré en réaction à un raid aérien israélien vendredi, qui a eu lieu après qu'un soldat a été blessé par une grenade le long de la barrière qui sépare l'Etat hébreu de l'enclave.

Lors des funérailles des deux adolescents, le dirigeant du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a promis une intensification des manifestations tant que le blocus ne serait pas levé.

"Ce sang ne sera pas versé en vain", a-t-il promis.

Depuis le 30 mars, la zone frontalière est le théâtre de manifestations contre le strict blocus israélien et pour le "droit au retour" des Palestiniens chassés de leurs terres ou qui ont fui à la création d'Israël en 1948.

Au moins 141 Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens et plus de 4.000 blessés par balle depuis cette date. Aucun Israélien n'a été tué.

Par ailleurs, plus de 2.600 hectares de terres ont été brulés en Israël par l'envoi de ballons et cerfs-volants incendiaires depuis Gaza, selon les autorités israéliennes.

- "Coup le plus dur" -

Israël accuse le Hamas d'être responsable de cette escalade, la plus intense depuis la guerre dévastatrice de 2014, qui a eu lieu après plus de trois mois de manifestations et d'affrontements le long de la barrière.

L'armée israélienne a infligé au Hamas son "coup le plus dur" depuis 2014, a de son côté réagi le Premier ministre Benjamin Netanyahu à l'ouverture du conseil des ministres.

"On dit qu'Israël a accepté un cessez-le-feu permettant la poursuite des actes de terreur incendiaires avec des ballons et cerfs volants, c'est faux, nous n'accepterons aucune attaque contre nous", a-t-il ajouté.

Israël a fermé le 9 juillet Kerem Shalom, seul point de passage de marchandises entre Israël et Gaza, en réaction aux cerfs-volants incendiaires envoyés depuis l'enclave.

Israël et le Hamas se sont livré trois guerres depuis 2008 et observent un cessez-le-feu tendu depuis le conflit de 2014.

Fin mai, une précédente escalade des violences entre groupes armés de Gaza et l'armée israélienne avait ravivé le spectre d'un nouveau conflit. Les raids israéliens avaient frappé 65 positions militaires du Hamas dans l'enclave palestinienne en représailles au tir d'une centaine de roquettes et d'obus de mortier contre son territoire, selon un décompte de l'armée.

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