Accueil Actu

Gaza: malgré le sang et la douleur, aucun regret pour un jeune manifestant

Bassel al-Helo, blessé par des tirs de soldats israéliens lors des manifestations vendredi le long de la frontière entre Gaza et Israël grimace de douleurs sur son lit d'hôpital, mais il assure, catégorique: "je ne regrette pas".

Cet adolescent de 16 ans a été atteint à la jambe. Il lui faudra sans doute des années pour se rétablir. Mais cela n'entame pas sa détermination à manifester encore et encore.

"Je ne regrette pas", affirme-t-il, sous le regard résigné de sa mère.

Dans l'hôpital Shifa à Gaza, des jeunes Palestiniens blessés le même jour que Bassel sont alités et entourés de leur famille.

Gaza a connu vendredi sa journée la plus sanglante depuis la guerre de l'été 2014: 17 Palestiniens ont trouvé la mort et des centaines ont été blessés, la majorité par des tirs à balles réelles, durant une manifestation émaillée d'incidents avec des soldats israéliens postés le long de la frontière.

Deux récits se font face. L'armée assure avoir usé de balles réelles contre des manifestants lançant dans sa direction des pierres, des engins explosifs ou même des pneus brûlés ou tentant de saboter la barrière ultra-sécurisée le long de la frontière.

Les Palestiniens et des organisations de défense de droits de l'Homme dénoncent un usage disproportionné de la force contre des protestataires ne menaçant pas la vie des soldats israéliens.

Selon l'hôpital Shifa, plus de 800 Palestiniens ont été blessés par des tirs de soldats israéliens depuis vendredi, premier jour d'une protestation censée durer six semaines pour réclamer le droit au retour des réfugiés palestiniens.

- Juste "pour voir" -

A l'hôpital, certains blessés admettent avoir lancé des pierres, tandis que d'autres affirment avoir été visés juste parce qu'ils se trouvaient là.

Beaucoup disent n'avoir rien à perdre dans une enclave sous blocus et sombrant dans le dénuement et, qu'une fois remis de leurs blessures, ils retourneront manifester.

"J'étais à proximité de la frontière. Soudain, il y a eu des tirs intenses et des gens ont commencé à tomber devant moi, y compris un ami. Lorsque j'ai voulu l'aider, j'ai été touché", se souvient Bassel.

"Je suis allé sur place pour voir et exprimer ma solidarité", explique l'adolescent, assurant n'avoir pas jeté de pierres.

L'Union européenne et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, ont appelé à la création d'une commission d'enquête indépendante sur l'usage par Israël de balles réelles, une demande rejetée par l'Etat hébreu.

L'armée assure que plus de la moitié des manifestants tués étaient membres de groupes radicaux.

Le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir dans la bande de Gaza et ennemi juré d'Israël, a reconnu que cinq des personnes tuées faisaient partie de sa branche armée.

- "Pas d'électricité" -

A quelques pas du lit de Bassel, dort sous transfusion sanguine Ali Zeer, âgé de 15 ans et blessé à la poitrine.

Sa mère raconte que ses neuf enfants ont participé au rassemblement ayant réuni des dizaines de milliers de Palestiniens, une large majorité ayant rejoint les campements dressés pour l'occasion. Mais Ali a été celui qui s'est approché le plus de la frontière.

"C'était une manifestation pacifique. Il n'a pas lancé de pierres", défend cette mère de famille âgée de 39 ans.

Selon l'ONU, la bande de Gaza est menacée à court terme d'un "effondrement total", terreau possible d'une nouvelle "explosion".

Dimanche à la frontière, quelques centaines de jeunes se sont de nouveau approchés des soldats israéliens, qui les ont dispersés à plusieurs reprises avec des gaz lacrymogènes.

A quelques dizaines de mètres, un couple de quinquagénaire sirotent une limonade, spectateurs de la scène.

"Pas de travail et pas d'électricité", résume Hani al-Masri.

À lire aussi

Sélectionné pour vous