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Gigantesque traque au Canada: les deux fugitifs ne pourront pas survivre très longtemps selon des experts

Menacés par les ours et les loups, harcelés par les moustiques, à court de nourriture et d'eau potable, traqués depuis 10 jours par la police: s'ils sont encore dans le nord du Manitoba, les deux fugitifs canadiens soupçonnés d'un triple meurtre ne pourront survivre très longtemps, selon des experts.

"Je ne pense pas qu'ils aient de grandes chances de survie", estime auprès de l'AFP Mathieu Hébert, cofondateur de l'école de survie Les Primitifs, basée au Québec. Deux garçons "tout seuls dans le bois pourchassés par tout le monde, ça ne fera pas long feu."

Kam McLeod, 19 ans, et Bryer Schmegelsky, 18 ans, aperçus pour la dernière fois près de Gillam, dans le nord du Manitoba, sont soupçonnés d'avoir tué trois personnes, dont un jeune Australien et son amie américaine.

Depuis dix jours, ils font l'objet d'une traque sans merci menée par des policiers lourdement armés, accompagnés de chiens pisteurs, de drones et d'avions à caméras thermiques.

Les forces de l'ordre ont ainsi ratissé une zone sauvage de 11.000 km2 dans une région reculée de la province où les deux jeunes se seraient réfugiés au terme d'une cavale de 3.000 kilomètres depuis la Colombie-Britannique (ouest).

Les deux jeunes hommes seraient des adeptes du "survivalisme", ou l'art de la survie en terrain hostile, auquel ils se seraient initiés grâce à internet.

Mais "la plupart des gens qui disent faire partie de ce mouvement sont des gens qui passent du temps sur Youtube et regardent des vidéos de gens qui montrent différentes techniques mais ne les pratiquent pas forcément eux-mêmes", tempère Manu Tranquard, professeur à l'Université du Québec à Chicoutimi.

"Ils ont 18 et 19 ans, alors quand bien même ils s'intéresseraient au survivalisme, de là à dire que ce sont des experts, ce serait aller un peu vite", souligne-t-il.


Hypothermie

"Le terrain est accidenté, marécageux, infesté d'insectes et la végétation y est dense", explique à l'AFP Sherman Kong, cofondateur de l'école de survie Maple Leaf Survival, basée dans le Manitoba.

Ours, loups, insectes piqueurs agressifs et, plus rarement, ours polaires peuplent cette région bordant la baie d'Hudson, porte d'entrée des territoires arctiques du Canada.

"Quelqu'un qui se perd dans la forêt doit arrêter de bouger, se mettre à l'abri des éléments, se chauffer, purifier son eau pour boire et trouver de la nourriture. Eux doivent faire ça en étant cachés... c'est très difficile", explique M. Hébert.

Pour rester discrets, donc, impossible pour les fugitifs de rester au même endroit trop longtemps, d'utiliser un téléphone portable, des armes à feu pour chasser ou se défendre contre les animaux sauvages. Impossible également d'allumer du feu la nuit pour se réchauffer, cuisiner, ou faire bouillir de l'eau pour la purifier.

L'hypothermie, les blessures, les infections, les empoisonnements, la soif et, sur le long terme, la faim, sont autant de risques encourus en cas de situation de survie prolongée dans un tel environnement.

L'hostilité de la forêt du Nord du Manitoba implique également une progression lente et énergivore, dans un milieu où les calories sont des denrées rares.

"La quantité de baies et d'aliments sauvages que vous auriez besoin de manger pour satisfaire votre apport calorique afin de vous déplacer sur ce type de terrain en permanence est disproportionnée", précise M. Kong.

"En survie dans des milieux de ce type-là, des gens qui ont une faible constitution, qui n'ont pas beaucoup de réserves, tombent relativement vite", renchérit M. Hébert.

"En entraînement, j'ai déjà perdu 20 livres (9 kg) en 6 jours. Ces gars-là ne peuvent pas perdre 20 livres, ils ne fonctionneront plus", souligne-t-il.

Mercredi, la police a annoncé réduire son effort de recherche dans la région, faute d'avoir trouvé les fugitifs. Les enquêteurs n'excluent pas qu'ils soient déjà morts, ou qu'ils aient trouvé le moyen de fuir le nord du Manitoba.

"S'ils sont encore vivants (...) le temps joue en faveur des policiers", conclut M. Hébert.

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