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GP du Canada: la Formule 1 au défi de l'ennui

Il a suffi de deux Grand Prix peu animés, à Monaco il y quinze jours et au Canada dimanche, pour que revienne la sempiternelle question: comment rendre la Formule 1 moins ennuyeuse ?

Si on attendait peu de dépassements en Principauté, le tracé urbain n'y étant pas propice, beaucoup d'espoirs reposaient sur le circuit Gilles-Villeneuve, réputé produire de beaux duels. Il n'en a rien été.

Le seul dépassement entre les pilotes des trois "top teams" (Mercedes, Ferrari et Red Bull) - celui de l'Australien Daniel Ricciardo sur le Britannique Lewis Hamilton pour le gain de la quatrième place - s'est produit à la sortie des stands.

Et si Max Verstappen, troisième, s'est rapproché de Valtteri Bottas, deuxième, en fin de course, c'est parce que ce dernier ralentissait pour économiser son essence.

Troisième à Monaco, Hamilton s'était permis une banderille: "nous nous sommes baladés à partir du sixième tour, je dirais. Littéralement baladés. Donc ça n'était pas vraiment une course."

A Montréal, le sujet a été longuement débattu en conférence de presse et sur les réseaux sociaux.

"Je ne pense pas qu'il soit justifié de critiquer la course ou cette course en particulier, a balayé l'Allemand Sebastian Vettel, vainqueur. Je ne sais pas pourquoi les gens ont la vue si courte. (...) La Coupe du monde de football commence la semaine prochaine et je peux vous assurer que beaucoup de matches ne seront pas excitants, mais ils les regarderont quand même car certains seront incroyables."

- "Prévisible" -

"Bien sûr que c'est ce que nous attendons tous, mais le spectacle ne peut pas continuellement s'améliorer. Ne cherchez pas de réponse, écrivez sur autre chose", a demandé le pilote Ferrari.

Et Verstappen de renchérir: "Pour nous, c'était peut-être un peu ennuyeux de ne pas dépasser, mais vous devez quand même être concentré pour piloter, parce que les murs sont assez proches et que vous glissez un peu, et pour gérer vos pneus."

C'est ainsi, la F1 est de longue date au moins autant affaire de technologie, de stratégie et de gestion de sa propre course que de duels roue contre roue.

Au rang des désabusés - et ce n'est pas non plus nouveau -, il y a aussi ceux qui regrettent que les podiums soient la chasse gardée des "top teams".

Parmi eux figure l'homme aux 300 week-ends de GP depuis 2001, Fernando Alonso. "Les courses sont devenues prévisibles, c'est triste, regrette l'Espagnol. Ce n'est ni de l'usure ni de l'amertume, simplement un constat. Je sais que je vais me battre entre la septième et la douzième place jusqu'à la fin de l'année et que Mercedes ou Ferrari vont s'imposer."

"Il y a plus d'incertitude dans les autres sports, estime-t-il. Un jour de magie, une équipe de basket ou de foot peut battre le favori. Même le grand Real Madrid a trouvé le moyen de se faire éliminer de la Coupe du Roi par Leganes (17e de Liga, ndlr). (Mais, en F1, le contraire) est culturellement admis."

- "L'aérodynamique tue la course" -

Que faire pour réinjecter une dose de spectaculaire et d'imprévisible ?

Pour le jeune retraité allemand et champion du monde 2016 Nico Rosberg, qui s'est exprimé sur Twitter, "l'aérodynamique tue la course et doit être entièrement repensée pour rendre les dépassements de nouveau possibles".

La F1 a d'ailleurs intégré début mai des changements de dernière minute à son règlement technique pour 2019 la simplifiant, dans le but de permettre aux pilotes de se suivre de plus près et donc de s'attaquer plus facilement.

Concrètement, explique la Fédération internationale de l'automobile (FIA), qui édicte les règles, il s'agit de limiter les flux d'air sale qui compliquent tant le pilotage dans le sillage d'une autre voiture.

Cela suffira-t-il ? Le système du DRS (ce volet monté sur l'aileron arrière qui s'ouvre sous certaines conditions pour réduire l'effet de ces flux d'air et donc gagner en vitesse), autorisé en 2011, n'a pas fait de miracle.

Pas plus que l'introduction cette année par Pirelli des pneus les plus tendres et donc les plus rapides jamais utilisés.

Avec le groupe américain Liberty Media au volant de la F1 depuis janvier 2017, d'autres pistes ont été évoquées, notamment la limitation du budget des écuries et des formats de course réduits.

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