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Guatemala: au pied du Volcan de feu, ultimes efforts pour retrouver des corps

Des dizaines de secouristes se sont joints lundi aux rescapés de la bourgade de San Miguel Los Lotes, dans un ultime effort pour tenter d'arracher aux cendres les corps des quelque 200 disparus, ensevelis par l'éruption du Volcan de feu il y a une semaine au sud du Guatemala.

Suspendues mercredi soir en raison de l'instabilité du colosse, toujours fumant, les recherches ont repris ces dernières heures, sous la pression de familles désespérées de ne pouvoir veiller et enterrer leurs morts.

Selon un secouriste qui n'a pas souhaité donner son nom, la température de l'épaisse couche de cendres et de débris mêlés dépasse encore les 80 degrés Celsius dès cinq centimètres de profondeur.

"Tous les restes humains que nous parvenons à retrouver se désagrègent dans nos mains", a-t-il expliqué. Les rescapés le savent, sans pouvoir se résoudre à abandonner leurs proches.

Carlos Renato Cortés est venu tous les jours depuis l'éruption du 3 juin. Armé d'un piquet et d'une pelle, il sonde le sol sans relâche à la recherche des trois corps emprisonnés dans la maison de son beau-frère, enterré avec sa femme et son fils, dans la maison qui jouxte la sienne.

Cet homme de 44 ans a dû renoncer à retrouver sa femme, María Hortensia, et trois de ses enfants, ensevelis dans leur foyer sous d'énormes rochers. Seul son fils aîné a survécu, absent au moment du drame.

"Nous souhaitons simplement pouvoir les retrouver, mais le gouvernement ne nous donne rien pour déblayer", déplore Cortés.

- Un volcan toujours menaçant -

"Maintenant, cette zone est un cimetière", se désole le prêtre catholique Eliecer Rodríguez, en balayant du regard le village rasé.

D'une violence inédite depuis plusieurs décennies, l'éruption a fait plus de 110 morts et 197 disparus, selon les chiffres officiels.

Le religieux déambule dans les gravats en les aspergeant d'eau bénite pour solliciter "le repos éternel" des victimes et "le réconfort" des familles. Trois religieuses et d'autres fidèles accompagnent la procession, rosaire en main.

Un groupe d'habitants a obtenu l'envoi de deux excavatrices à San Miguel Los Lotes, malgré la menace constante du volcan, dont le cratère laisse toujours échapper un panache de fumée de 1.000 mètres de haut.

L'activité volcanique persistante de cette montagne de 3.763 mètres de haut, située à 35 kilomètres au sud-ouest de la capitale, fait courir de gros risques aux équipes de secours, qui restent à la merci de projections ou de gaz toxiques, a souligné l'institut de Vulcanologie (Insivumeh).

"Les opérations de recherche, de localisation et de récupération des corps vont se poursuivre aussi longtemps que nécessaire. Les habitants pourront revenir dans leur communauté et ils recevront l'assistance du gouvernement", a assuré Sergio Cabañas, secrétaire de la Coordination nationale de lutte contre les catastrophes naturelles (Conred), dans un communiqué dimanche soir.

M. Cabañas s'est retrouvé au centre des critiques, accusé de ne pas avoir ordonné à temps l'évacuation de la zone menacée.

La tragédie a également porté un coup à la popularité déjà chancelante du président Jimmy Morales, un ancien acteur de télévision éclaboussé par des accusations de corruption.

Ce dernier, cible de pétitions réclamant sa démission pour négligence dans la gestion de la catastrophe, a préféré laisser aux familles la décision de transformer le site en cimetière, ce qui obligerait à interrompre définitivement les recherches.

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