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Guerre commerciale: les Etats-Unis sur tous les fronts

Chine, Union européenne, Mexique et Canada, Japon... L'administration Trump a lancé une guerre commerciale tous azimuts, qui sera au menu des discussions du G20 Finances ce week-end en Argentine.

Voici un panorama des fronts commerciaux ouverts par la Maison Blanche.

- Chine

Après avoir imposé des taxes à l'importation sur les machines à laver, les panneaux solaires, l'acier et l'aluminium et déjà 34 milliards de dollars de produits chinois, Washington a annoncé le 10 juillet une nouvelle liste de produits visés, portant sur 200 milliards de dollars de marchandises chinoises. Dans la ligne de mire: poissons, pneus, papier et produits chimiques notamment. Des taxes de 10% pourraient s'y appliquer dès septembre après un processus de consultation.

Au total, ce sont 250 milliards de dollars de produits chinois importés aux Etats-Unis qui pourraient désormais être touchés: 50 milliards initiaux (dont 34 milliards déjà ciblés et 16 milliards bientôt divulgués) et 200 milliards récemment annoncés.

Donald Trump menace de ne pas s'arrêter là et compte frapper près de 450 milliards de dollars d'importations chinoises au total, soit l'essentiel des importations venues de Chine (505 milliards de dollars en 2017, soit un déficit pour les Américains de 375 milliards sur les seules marchandises).

Outre ce déficit abyssal, Washington reproche à Pékin "le vol" des droits de propriété intellectuelle, les barrières non-douanières et les transferts de technologie imposés avec les joint-ventures chinoises.

De leurs côtés, les autorités chinoises ont accusé Washington d'avoir déclenché "la plus grande guerre commerciale de l'histoire économique". Elles ont annoncé le 6 juillet des mesures de rétorsion sur 34 milliards de dollars également d'importations américaines, notamment du porc et du soja.

Pékin a aussi annoncé le dépôt "immédiat" d'une plainte additionnelle contre les Etats-Unis devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

- Union européenne

Jeans, bourbon, Harley-Davidson: en représailles aux taxes sur l'acier et l'aluminium, l'Union européenne a relevé les droits de douane le 21 juin sur 2,8 milliards d'euros (3,2 milliards de dollars) de produits typiquement américains.

D'autres marchandises pourraient à l'avenir être également taxés par l'Union européenne, à hauteur de 3,6 milliards d'euros, si celle-ci l'emporte face aux Etats-Unis devant l'OMC.

Les Européens redoutent désormais que Washington ne taxe les importations de voitures. Pour défendre la florissante industrie automobile allemande, la chancelière Angela Merkel s'est dite "prête" à négocier avec les Etats-Unis une baisse généralisée des droits de douane dans ce secteur.

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker doit se rendre à Washington le 25 juillet pour y rencontrer Donald Trump, dans le but de désamorcer les tensions commerciales entre l'Union européenne et les Etats-Unis.

- Canada et Mexique

Comme l'Union européenne, le Canada, visé par les tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium, a pris des mesures de représailles, à hauteur de 12,6 milliards de dollars, entrées en vigueur le 30 juin. Outre l'acier et l'aluminium américains, sont notamment visés le whisky, le ketchup, le jus d'orange, les bateaux à voile et à moteur ou encore les tondeuses à gazon.

De son côté, Mexico a imposé des taxes douanières équivalentes "sur divers produits" importés des Etats-Unis, dont certains aciers, des fruits et des fromages.

Par ailleurs, les négociations entre Washington, Mexico et Ottawa pour moderniser l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna), en vigueur depuis 1994, ont patiné. Mais avec l'élection au Mexique d'un nouveau président, le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross a dit jeudi s'attendre à "des progrès substantiels".

- Russie

Touchée elle aussi par la hausse des taxes sur l'acier, la Russie a informé l'OMC qu'elle était prête à des mesures de représailles contre les Etats-Unis. Moscou estime le préjudice de ces taxes à 538 millions de dollars.

Les relations commerciales entre les deux pays sont marquées, au-delà de ce conflit, par les sanctions imposées par Washington contre plusieurs personnalités et entités, accusées de participer aux "attaques" de Moscou contre "les démocraties occidentales".

- Iran (et pétrole)

Washington a annoncé début mai son retrait de l'accord nucléaire iranien signé sous Barack Obama et décidé de rétablir ses sanctions à l'égard de Téhéran ainsi que de toutes les entreprises ayant des liens avec la République islamique.

Les Américains ont donné à ces dernières une période de 90 à 180 jours pour se retirer d'Iran. Le premier train de rétablissement de sanctions, fixé au 6 août, concernera l'automobile et l'aéronautique civile. Suivront le 4 novembre l'énergie et la finance.

Washington se dit déterminé à réduire "à zéro" les exportations de brut iranien.

Plusieurs pays ont réclamé des exemptions début juin afin de continuer à commercer avec l'Iran. Mais ces demandes, adressées dans une lettre au Trésor américain par Paris, Londres et Berlin, ont été rejetées par les autorités américaines.

- Japon

Touché depuis mars par les taxes sur l'acier, le Japon a informé l'OMC de sa volonté d'instaurer, en représailles, des taxes sur des marchandises américaines à hauteur de 50 milliards de yens (385 millions d'euros).

Pour le pays, le principal sujet d'inquiétude concerne toutefois la menace de taxes sur les importations automobiles.

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