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Gymnastique: épilogue judiciaire pour Larry Nassar condamné pour abus sexuels

L'ex-médecin sportif Larry Nassar a été condamné lundi à Charlotte (Michigan) à une nouvelle peine de prison pour avoir abusé de jeunes gymnastes, un verdict qui marque l'épilogue judiciaire du plus grand scandale sexuel de l'histoire du sport américain.

Nassar, âgé de 54 ans, est assuré de terminer ses jours en détention après avoir écopé d'une peine de 40 à 125 années de prison à l'issue de son troisième et dernier procès, qui s'ajoute à deux précédentes lourdes condamnations: 60 ans pour possession d'images pédopornographiques en décembre, et de 40 à 175 ans pour avoir agressé près de 160 gymnastes, la plupart mineures, anonymes comme championnes olympiques, fin janvier.

"Ceci conclut les procédures judiciaires pénales concernant Larry Nassar. Je réalise que cela ne met pas un terme aux souffrances physiques et émotionnelles qu'il a causées", a déclaré la juge Janice Cunningham en prononçant le verdict pour lequel l'accusé a plaidé coupable de sept chefs d'inculpation.

Cette saga judiciaire, qui a débuté en 2016 par des révélations de la presse, a ébranlé le monde de la gymnastique américaine où l'ostéopathe a officié de 1994 à 2016 au sein de la fédération (USA Gymnastics), du Comité olympique (Usoc) et de l'université d'Etat du Michigan (MSU).

Plusieurs responsables d'USA Gymnastics ont démissionné et des enquêtes ont été ouvertes par l'Usoc et la MSU pour déterminer comment le praticien, considéré comme un "faiseur de miracles" au moment où l'Amérique dominait la gymnastique mondiale, est parvenu à agir en toute impunité.

Cette ultime audience dans le petit tribunal de Charlotte (nord-est) avait connu un rebondissement quand le père de trois jeunes victimes, submergé par la douleur, s'était jeté vendredi sur l'accusé après avoir demandé à la juge de pouvoir passer cinq minutes seul avec lui pour se faire justice lui-même.

- Au moins 265 victimes -

"La vision de vos témoignages restera présente pour toujours dans mes pensées", a affirmé Larry Nassar, vêtu de la combinaison orange des prisonniers, en lisant un court texte d'excuses aux gymnastes et à leurs parents.

Au cours des deux procès pour agressions sexuelles, l'ancien thérapeute a été confronté à plus de 200 témoignages d'athlètes qui ont raconté comment il agissait sous couvert d'actes médicaux. Au total, la justice a identifié au moins 265 victimes dont les plus grands noms de la gymnastique américaine contemporaine.

"J'ai l'impression qu'il a pris une partie de moi que je ne peux pas récupérer", a déclaré à la chaîne NBC News la quadruple médaillée d'or olympique Simone Biles, aujourd'hui âgée de 20 ans.

Avant elle, d'autres médaillées olympiques avaient témoigné --en personne ou par écrit-- devant le tribunal de Lansing (Michigan) fin janvier. Le docteur Nassar a "profité de nos passions et de nos rêves", avait lancé Aly Raisman, championne olympique aux Jeux de Londres et de Rio, aujourd'hui âgée de 23 ans.

"Nous nous sommes occupés d'un coupable mais pas des systèmes qui lui ont permis de s'épanouir pendant vingt ans", a déclaré après le verdict Rachael Denhollander, en visant les instances sportives. La gymnaste a été la première à avoir accusé publiquement son agresseur et à l'avoir dénoncé à la police pour "une agression sexuelle éhontée" à l'âge de 15 ans, alors que sa mère était dans la pièce.

A la fin des années 1990, il avait évité plusieurs fois des poursuites en expliquant que les attouchements étaient en fait une méthode avant-gardiste.

"Ses mensonges ont marché", a estimé la procureure Angela Povilaitis dans son réquisitoire. "Chaque fois qu'il s'en sortait, il pouvait continuer et améliorer ses abus et ses techniques", a-t-elle dit.

Selon le New York Times, le docteur Nassar aurait agressé 40 jeunes femmes à la MSU alors qu'il faisait l'objet d'une enquête de la police fédérale (FBI) entre juillet 2015 et septembre 2016.

Le gouverneur du Texas Greg Abbott a également demandé une enquête sur le ranch de Bela Karolyi, longtemps considéré comme le centre d'entraînement le plus réputé au monde où des membres de l'équipe olympique, dont Simone Biles, affirment avoir été agressées.

La Chambre des représentants a aussi voté la semaine dernière une proposition de loi obligeant le sport amateur à signaler toute allégation d'agression sexuelle.

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