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Gymnastique: un procureur spécial pour comprendre pourquoi personne n'a stoppé Nassar

Après la lourde condamnation de Larry Nassar pour des abus sexuels en série sur de jeunes gymnastes, le scandale continue de faire des vagues: la justice américaine va enquêter pour comprendre pourquoi personne, au sein de l'université du Michigan, n'a stoppé l'ex-médecin sportif.

Le procureur général de cet Etat du nord des Etats-Unis, Bill Schuette, a promis samedi devant la presse "une enquête complète et approfondie sur ce qui s'est passé à l'université du Michigan (MSU), du bureau du président jusqu'à la base".

"Nous allons pointer les projecteurs dans chaque coin de l'université", pour "établir qui savait quoi, qui a pris des décisions et qui n'en a pas pris, ce qui s'est passé ou ne s'est pas passé, et ce qui aurait dû se passer", a-t-il martelé.

Il a annoncé la nomination d'un "procureur spécial indépendant", Bill Forsyth, pour diriger l'enquête. Ce dernier, qui a assuré n'avoir "jamais rien vu de tel" au cours de sa carrière de procureur longue de 42 ans, a dit vouloir comprendre comment Larry Nassar "a pu agir ainsi pendant près de vingt ans", "pourquoi et comment personne n'a mis fin à ses agissements de prédateur". Et surtout, "qui", au sein de l'université, "était au courant de ce qu'il faisait".

Larry Nassar a été condamné mercredi à une peine allant jusqu'à 175 années de prison pour avoir agressé sexuellement, sous couvert d'actes médicaux, des dizaines de jeunes gymnastes, dont plusieurs stars et championnes olympiques américaines telles que Simone Biles, Aly Raisman, Gabby Douglas et McKayla Maroney.

Lors de ce procès historique, les victimes, championnes comme anonymes, ont livré des témoignages poignants de leur vie brisée.

- 'Le silence, c'est l'indifférence' -

La condamnation, qui s'ajoute à une première peine de 60 ans de réclusion pour pédopornographie, a d'ores et déjà secoué le monde de la gymnastique américaine. Le médecin a en effet agi en toute impunité pendant deux décennies, alors que l'Amérique dominait la gymnastique mondiale, jusqu'aux premières révélations en 2016.

Le Comité olympique américain a reconnu mercredi sa responsabilité et annoncé qu'une commission d'enquête indépendante allait "déterminer comment des abus d'une telle ampleur ont pu ne pas être détectés pendant aussi longtemps". Dans la foulée, la direction de la fédération américaine de gymnastique a annoncé vendredi sa démission en bloc.

Mais l'onde de choc n'épargne pas la MSU, où travaillait également le Dr Nassar jusqu'en 2016.

Samedi, plusieurs centaines d'étudiants, selon CNN, ont manifesté dans la ville d'East Lansing pour réclamer la démission du conseil d'administration de l'université. "Le silence, c'est l'indifférence", pouvait-on lire sur des t-shirts portés par les manifestants, d'après les images diffusées par des journalistes locaux.

Le conseil d'administration de l'établissement a tenté de prendre les devants en demandant lui-même mi-janvier au procureur général de l'Etat de se pencher sur leur gestion du scandale.

"Je n'ai pas besoin de conseils de la part du conseil d'administration de la MSU sur la manière de mener une enquête. Franchement, ils sont les moins bien placés pour donner des conseils, vu leur attitude pendant toute cette affaire", a répondu samedi Bill Schuette. "Leur attitude pendant toute cette affaire parle d'elle-même", a-t-il lancé.

Selon le procureur, "les voix de toutes ces jeunes femmes" qui ont témoigné durant le procès Nassar "ont changé le Michigan, notre Etat, et ont changé la MSU à tout jamais". "Ces jeunes femmes ont ouvert les yeux du monde sur un horrible prédateur sexuel à la MSU, nommé Larry Nassar."

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