Accueil Actu

Hong Kong: le "matériel du désastre national" commence à manquer en boutique

Masques à gaz, casques de chantier, lunettes et autres équipements de protection, surnommés localement, non sans ironie, "matériel du désastre national", sont des produits si recherchés par les temps qui courent à Hong Kong qu'ils commencent à manquer.

Lee Ching-hei, 33 ans, a trouvé une niche en ouvrant une boutique éphémère d'équipements de protection destinés aux manifestants pro-démocratie pour affronter les tirs de gaz lacrymogènes et autres projectiles que les forces de l'ordre ont pris l'habitude d'utiliser pour les disperser.

"Nous avons vendu de 50 à 60 masques à gaz dès la première heure, et à présent tout a été vendu", raconte le commerçant tout en ajustant un casque sur la tête d'un manifestant anticipant de possibles violences avant un rassemblement à Tai Po, un quartier des nouveaux territoires au nord de Hong Kong. Il en avait ouvert une autre, avec le même succès, à Mong Kok, autre point chaud des manifestations de ces deux derniers mois.

M. Lee dit avoir été un grand collectionneur de masques à gaz - que l'on appelle "nez de cochon" en cantonais, la langue chinoise parlée à Hong Kong - et ce bien avant le début de la vague de contestations.

"Donc j'avais mis de côté vraiment un grand nombre de masques 3M", en référence à la marque du fabricant devenue très populaire parmi les protestataires en dix semaines de contestation.

- Rupture de stocks -

Les masques de meilleure qualité se vendent à environ 1.000 HKD l'unité (environ 130 dollars US) mais ils se font de plus en plus rares en magasin.

Le mouvement pro-démocratie, qui a vu des foules considérables descendre dans les rues de Hong Kong, est parti début juin du rejet d'un projet de loi hongkongais autorisant les extraditions vers la Chine. Il a depuis considérablement élargi ses revendications pour dénoncer le recul des libertés et les ingérences de la Chine.

Si la vaste majorité a généralement marché de façon pacifique, des manifestants plus radicaux ont lancé des briques et utilisé des frondes, et même quelques cocktails Molotov en réponse aux tirs de gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc ciblant la foule.

Au début de la semaine, la police de Hong Kong a tiré des gaz lacrymogènes dans des stations de métro fermées et des balles en caoutchouc à bout portant, d'autres ont chargé des manifestants à coups de matraque dans les escaliers mécaniques de certaines stations.

- Prix étudiant -

Le week-end dernier, une femme a été grièvement blessée à l'œil et des dizaines de manifestatnts ont été hospitalisés pour des blessures graves. La police a également déploré des blessés dans ses rangs.

Avec désormais une certaine expérience de la tournure que peuvent prendre leurs rassemblements, les contestataires ne descendent plus dans la rue sans prendre des précautions et ont vite appris à s'équiper.

Comme ses jeunes clients, M. Lee utilise les réseaux sociaux comme Facebook et Telegram pour communiquer l'ouverture de sa boutique éphémère. Il loue un magasin pour la journée, mais se plaint au détour des prix de l'immobilier. "Les loyers sont trop élevés à Hong Kong", s'agace-t-il. "Donc nous sommes ouverts aujourd'hui, fermés demain".

Il assure vendre ses équipements à des prix très avantageux aux étudiants, leur proposant jusqu'à 90% de rabais. C'est pour lui, affirme-t-il, l'occasion de faire des affaires mais aussi un moyen d'aider le mouvement.

"Je n'ai pas trop le sens de la gestion des stocks ni des prix, en résumé nous perdons de l'argent", assure-t-il avant d'ajouter : "Les jeunes n'ont pas peur de mourir, pourquoi aurions-nous peur pour notre réputation, notre argent ou de faire faillite?"

À lire aussi

Sélectionné pour vous