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Compromis au Congrès pour une hausse du budget américain

Les dépenses publiques américaines devraient fortement augmenter dans les deux prochaines années, selon un accord scellé mercredi par la majorité républicaine et l'opposition démocrate du Sénat américain, et qui doit encore être voté par les parlementaires.

Si ce compromis se concrétisait, le président Donald Trump obtiendrait la hausse voulue du budget militaire. Mais les républicains ont concédé en échange aux démocrates une augmentation comparable du reste du budget, acceptant de faire sauter les verrous d'austérité qui contraignaient les dépenses fédérales depuis 2011.

Les parlementaires ont au passage remis à plus tard la question épineuse de la régularisation des centaines de milliers de clandestins appelés "Dreamers" (rêveurs), provoquant une gronde chez certains démocrates.

Le chef de la majorité sénatoriale, Mitch McConnell, et son homologue démocrate, Chuck Schumer, ont annoncé mercredi cet accord, portant sur les montants des budgets 2018 et 2019. Il mettrait fin au rythme de financements de court terme qui étaient devenus la norme et empêchaient le gouvernement de planifier à long terme ses dépenses et investissements.

Le président Trump a annoncé son soutien entier, bien que le compromis n'inclue rien pour ériger le mur promis à la frontière mexicaine, une de ses principales promesses de campagne.

"Cet accord budgétaire est trop important pour notre grande armée", a-t-il tweeté. "Républicains et démocrates doivent soutenir nos soldats et soutenir cette loi!"

"Personne ne dira que c'est un accord parfait, mais nous avons tout fait pour trouver un terrain d'entente", a déclaré de son côté Mitch McConnell. "Après des mois d'impasse budgétaire, cet accord sur le budget est une vraie percée", s'est félicité Chuck Schumer.

- Finie l'austérité -

L'accord, dont les montants exacts n'ont pas encore été rendus publics, devra être adopté par un vote des sénateurs, puis par la Chambre des représentants, où il n'est pas assuré que les conservateurs d'un côté, et une partie des démocrates partisans d'une réforme migratoire de l'autre, l'approuvent.

Chuck Schumer estime avoir obtenu une victoire importante pour les portefeuilles non-militaires. Il a énuméré les dizaines de milliards supplémentaires gagnés pour la lutte contre les opiacés, pour la couverture maladie des enfants, pour des investissements dans les infrastructures...

Quant aux républicains, ils confirment la relance des dépenses militaires réclamées par Donald Trump. En novembre, le Congrès avait donné un premier feu vert à 700 milliards de dollars pour 2018, soit 15% de plus que lors de la dernière année du mandat de Barack Obama, en 2016.

"Les gagnants sont les hommes et les femmes de nos forces armées", a déclaré Paul Ryan, président de la Chambre. Le secrétaire à la Défense, selon lui, "aura enfin les moyens de reconstruire une armée dangereusement diminuée".

Une aide de dizaines de milliards de dollars pour les Etats ravagés par les ouragans et incendies de l'an dernier fait également partie de l'accord, ainsi que le relèvement du plafond de la dette jusqu'en mars 2019, un sujet explosif, notamment pour les conservateurs.

- Les clandestins attendent -

"Maintenant, il faut finir le boulot", a ajouté Chuck Schumer.

Le plus pressant est d'éviter une fermeture partielle des administrations en finançant l'Etat fédéral au-delà de jeudi, la date-butoir actuelle.

Pour y parvenir, le Congrès veut voter six semaines de crédits, jusqu'au 23 mars, afin de donner du temps aux élus pour transcrire l'accord budgétaire en proposition de loi.

Mais les conservateurs de la Chambre protestent déjà contre la hausse annoncée des dépenses fédérales et l'augmentation conséquente du déficit.

Et, toujours à la Chambre, la cheffe démocrate Nancy Pelosi a prévenu qu'elle voterait non si un débat sur l'immigration n'était pas mis à l'ordre du jour.

Battant un record de durée, elle s'est exprimée mercredi dans l'hémicycle pendant plus de sept heures, en continu, debout, pour protester, lisant des témoignages de "Dreamers" et appelant Paul Ryan à imiter son homologue du Sénat, Mitch McConnell, qui a promis de s'engager pour la semaine prochaine.

"Remettez-vous en à la sagesse du Congrès", a-t-elle lancé. "De quoi avez-vous peur ?"

Les Dreamers étaient protégés de toute expulsion par le programme Daca, créé par Barack Obama en 2012. Le gouvernement a prévenu qu'il ne renouvellerait plus les permis arrivant à expiration au-delà du 5 mars, bien qu'un juge fédéral ait suspendu la décision, et que la Cour suprême ait été appelée à trancher.

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