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Immigration: nouveau revers pour Trump sur la "tolérance zéro"

L'administration Trump était contrainte mardi de suspendre de facto sa politique de "tolérance zéro" sur l'immigration illégale après le recul du président américain sur la séparation des familles, dans un climat qui reste extrêmement tendu dans le pays sur cette question.

Cette politique mise en place début mai pour décourager les clandestins avait abouti à la séparation de plus de 2.300 enfants de leurs parents, provoquant un tollé aux Etats-Unis, jusque dans les rangs républicains, mais aussi au niveau international.

Le président a fait volte-face la semaine dernière en signant un décret présidentiel mettant fin à la séparation systématique des enfants de leurs parents sans-papiers mais de nombreux mineurs étaient toujours séparés de leurs proches, le flou régnant sur le calendrier et les modalités d'éventuelles retrouvailles.

La question de l'immigration illégale a tendu le débat politique, plusieurs membres de l’administration ont été conspués lors d'évènements privés, et les images d'enfants, parfois en bas âge, en pleurs et demandant à retrouver leur parents ont choqué au sein de la société américaine.

Le ministre de la Justice, Jeff Sessions, devait s'exprimer mardi à Los Angeles où il était attendu par des manifestants dans ce bastion démocrate régulièrement fustigé par les conservateurs pour sa politique de protection des immigrants illégaux.

M. Trump a toutefois enregistré une victoire politique mardi, la Cour suprême ayant validé son décret migratoire qui interdit le territoire américain, de façon permanente, aux ressortissants de six pays, pour la plupart à majorité musulmane.

Dans ce contexte chaotique, les autorités américaines ont admis lundi que les poursuites étaient momentanément suspendues contre les migrants venus avec leurs enfants, faute de lieux pour détenir les familles, même si la politique de "tolérance zéro" reste officiellement en place.

"Nous ne poursuivons pas ces parents", a déclaré le commissaire des douanes et de la protection des frontières (CBP), Kevin McAleenan.

Le CBP et le ministère de la Justice doivent s'accorder sur une politique selon laquelle "les adultes qui font passer la frontière à leurs enfants --violant nos lois et risquant leurs vies à la frontière-- pourraient être poursuivis sans une longue séparation avec leurs enfants", a-t-il ajouté.

- Manque de ressources -

Les policiers continueront à arrêter les adultes traversant illégalement la frontière sans enfants. Ils sépareront les enfants de leurs parents en cas de danger pour l'enfant ou si l'adulte a un casier judiciaire, a précisé M. McAleenan, ajoutant travailler sur un plan permettant de reprendre les poursuites des parents passant avec leurs enfants.

La porte-parole de la Maison Blanche Sarah Sanders a de son côté souligné lundi que la politique de "tolérance zéro" restait en vigueur, du moins officiellement.

"Nous ne changeons pas de politique", a-t-elle dit, "nous manquons simplement de ressources".

L'armée a ainsi été appelée à la rescousse. Deux bases vont "offrir un refuge" aux migrants "qui n'en ont pas", a précisé le secrétaire à la Défense, Jim Mattis.

A Washington, le débat sur une grande réforme de la loi sur l'immigration n'a pas avancé au Congrès.

Un vote clé à la Chambre des représentants qui devait intervenir la semaine dernière a été reporté, signe des frictions entre les ailes dure et modérée du parti républicain de M. Trump, majoritaire à la Chambre et au Sénat.

Mais les démocrates, dont les voix sont nécessaires pour faire valider le projet de loi au Sénat, ne se laisseront pas convaincre sans concessions.

Le président Trump souhaite notamment que les migrants illégaux puissent être expulsés sans passer devant un juge. Il a de nouveau rejeté la faute de l'immigration illégale sur l'opposition démocrate, dénonçant dans un tweet mardi matin "les démocrates qui veulent des frontières ouvertes et une criminalité sans limite".

Sarah Sanders a également assuré lundi que les membres du Congrès étaient "les seuls qui ont finalement la capacité de changer la loi", appelant les démocrates à "arrêter leurs jeux politiques et travailler avec le président pour résoudre le problème à la frontière".

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