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Incendie à Aubervilliers : "les vrais héros, ce sont les jeunes du quartier"

"Les vrais héros, ce sont les jeunes" : au lendemain de l'incendie d'une tour HLM d'Aubervilliers qui a tué une mère et ses trois enfants, des habitants choqués ont rendu hommage vendredi aux jeunes qui ont bravé les flammes aux côtés des pompiers et des policiers.

"S'ils n'étaient pas intervenus, le bilan aurait été encore plus lourd. Un petit criait à la fenêtre du 16e, il allait sauter", assure Foudil Ben Cherif.

Jeudi après-midi, avec Samir, 16 ans, et Stéphane, 21 ans, il a grimpé 16 des 18 étages de cet immeuble pour aller "taper aux portes et faire sortir les gens" : "Ca a été un travail d'équipe, avec les policiers et les pompiers", insiste ce trentenaire.

"On était posés en bas, comme d'hab', et on a vu le petit à la fenêtre. On a d'abord pensé qu'il rigolait", a raconté Stéphane Attia-Bishay à l'AFP, quelques heures après l'incendie. "On est monté avec l'ascenseur. C'était tout noir, 70 degrés, j'ai cru que j'allais brûler. J'ai descendu le petit et une femme handicapée du 15e, à pied".

"On ne savait pas qu'il restait une famille au 17e", soupire-t-il.

Au 17e étage, dans un appartement calciné, les pompiers ont retrouvé peu après 21H00 les corps d'une femme enceinte de 33 ans et de ses trois enfants : une fillette de 6 ans, un garçon de 4 ans et une petite fille de 18 mois.

"On essayait d'appeler sur son portable mais ça ne répondait pas", raconte Idrissa Dia, un ami du mari de la victime. "Quand les pompiers et la police l'ont annoncé au père, dans le parc en bas de l'immeuble, il a hurlé et est tombé. Ils ne l'ont même pas pris à l'écart, c'était brutal", décrit ce voisin de la famille, qui habite au 2e étage.

Le feu, dont l'origine reste indéterminée, est parti vers 17H00 du 17e étage de la tour et s'est propagé au 18e et dernier étage, ainsi qu'à des étages inférieurs. La centaine de pompiers mobilisée n'en est venue à bout qu'à 22H00. Une enquête a été ouverte par le parquet de Bobigny pour expliquer ses causes.

- "Tragédie" -

Jeudi, entre 250 et 350 personnes ont été évacuées de cet immeuble de 108 logements appartenant à l'Office public HLM d'Aubervilliers. Une trentaine d'entre eux ont passé la nuit dans un gymnase mis à disposition par la mairie.

Vendredi matin, plusieurs dizaines d'habitants attendaient de pouvoir regagner leur logement, au bas de cette tour aux écailles beiges dont les derniers étages ont été noircis par les flammes.

Autour d'une table, des femmes aux yeux gonflés boivent un café, entourée par des enfants pour certains en pyjama. A quelques mètres, pompiers et enquêteurs de la police scientifique poursuivent leur va-et-vient derrière des cordons de sécurité.

"On a vu des choses qui tombaient par les fenêtres, on a d'abord cru que c'était des saletés, que quelqu'un passait le balai. Et puis on a vu des flammes et on a compris", raconte Nafissatou Kamara, qui vivait au 15e étage.

La vieille dame montre des bleus sous ses aisselles : "Les policiers, qui avaient des sifflets, nous ont fait sortir et m'ont portée en me prenant sous les bras. Je suis choquée. J'ai pleuré, pleuré, pleuré..."

"J'étais au parc avec les enfants", poursuit sa belle-fille, Mancilla. "Elle, elle n'a pas eu cette chance, avec ses enfants... C'est une tragédie."

La victime, prénommé Fatoumata selon des témoins, avait travaillé comme caissière au supermarché voisin. "Elle a arrêté de travailler après avoir eu sa première fille, pour s'occuper des enfants", se souvient Mariam Dembélé, une voisine qui a aussi été sa collègue.

Vendredi matin, le secrétaire d'Etat à la Cohésion des Territoires Julien Denormandie, est venu à Aubervilliers exprimer "(s)on soutien à la famille des victimes et aux sinistrés" et "(s)a reconnaissance aux jeunes du quartier qui ont permis de sauver des vies".

"Les tragédies de ce type, on en a trop vues, a-t-il ajouté. Il faut pouvoir comprendre pour prendre les mesures nécessaires."

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