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Inde: nombreuses critiques après les exclusions de la citoyenneté indienne en Assam

La décision du gouvernement indien de priver près de deux millions de personnes de la nationalité indienne dans l'Etat sensible d'Assam (nord-est) a suscité une vague de critiques, y compris au sein du parti au pouvoir.

Le Premier ministre, Narendra Modi, dont le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP) gouverne l'Assam, justifie sa décision par la nécessité de se débarrasser à terme des "étrangers infiltrés".

Les habitants exclus, à priori surtout des musulmans, pourraient se retrouver sans nationalité et être éventuellement déportés, au risque de provoquer de nouveaux troubles dans un pays déjà en proie à de vives tensions au Cachemire.

Au total, 31,1 millions d'habitants de l'Assam ont été inscrits au Registre national des citoyens (NRC), créé à l'initiative du gouvernement nationaliste hindou, et 1,9 million d'autres n'y ont pas été inclus.

Mais des responsables locaux du BJP soulignent que beaucoup d'Hindous parlant le bengali ont été ainsi exclus du NRC alors qu'ils constituent une base électorale importante pour leur parti.

"Nous n'avons pas confiance dans ce NRC. Nous sommes très mécontents", a déclaré Ranjeet Kumar Dass, président du BJP pour l'Assam, à l'agence Press Trust of India.

"De nombreuses personnes munies de faux certificats ont été inscrites" dans le registre alors que 200.000 "Indiens authentiques" en ont été exclus, a-t-il affirmé.

Le NRC, qui vise officiellement à lutter contre l'immigration illégale, demandait aux habitants de l'Assam de prouver leur citoyenneté indienne.

Ses détracteurs accusent les nationalistes hindous de s'en servir pour s'en prendre aux minorités, notamment musulmane.

- Aide juridique -

Les personnes exclues du NRC ont 120 jours pour faire appel devant des tribunaux spéciaux pour étrangers.

Mais les opposants à ce processus d'enregistrement affirment que les membres de ces tribunaux sont souvent sous-qualifiés et soumis à des objectifs de "performance" et que la procédure est truffée d'incohérences et d'erreurs.

Un dirigeant du Parti du Congrès, principale force d'opposition en Inde, Adhir Ranjan Chowdhury, a annoncé que le parti soutiendrait ceux qui ont été exclus à tort, y compris en leur fournissant une aide juridique.

Pour l'opposition, le NRC traduit l'objectif du BJP de satisfaire uniquement ses coreligionnaires.

Les personnes ayant épuisé tous les recours légaux pourront être déclarées étrangères et - en théorie - placées dans un des six centres de détention en vue d'une éventuelle expulsion.

Le Haut commissaire de l'ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, a demandé dimanche au gouvernement indien de ne pas détenir ou expulser de personnes en Assam avant la fin de la procédure de vérification.

"Tout processus qui laisserait un grand nombre de personnes sans nationalité porterait grandement atteinte aux efforts menés dans le monde pour réduire le nombre d'apatrides", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Un haut responsable gouvernemental cité dimanche par le journal The Hindu, sous couvert d'anonymat, a estimé qu'il ne serait "pas pratique" d'envoyer en détention un grand nombre d'exclus.

"Aucune décision n'a encore été prise en ce qui concerne les personnes qui seront déclarées étrangères, peut-être leur donnera-t-on des permis de travail", a-t-il ajouté.

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