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L'Inde acquiert des systèmes antiaériens russes, malgré les avertissements de Washington

L'Inde et la Russie ont signé vendredi l'acquisition par New Delhi de systèmes de défense antiaérienne S-400 pour 5,2 milliards de dollars à l'occasion de la visite dans le pays de Vladimir Poutine, un contrat susceptible d'agacer Washington.

Les États-Unis avaient mis en garde l'Inde que cette transaction l'exposait à des sanctions économiques. Une loi américaine sanctionne en effet les achats d'armement russe par tout pays ou entité, dans le but de punir Moscou pour son attitude en Ukraine et son ingérence présumée dans l'élection présidentielle américaine.

Ni le président russe Vladimir Poutine ni le Premier ministre indien Narendra Modi n'ont annoncé publiquement l'achat de ces S-400 lors de leur allocution conjointe à la presse à l'issue de leurs pourparlers. Ce contrat représente pourtant le point d'orgue de la visite de deux jours en Inde du chef de l'État russe, qui s'achève vendredi après-midi.

Il a fallu attendre la publication de la déclaration commune, une demi-heure plus tard, pour obtenir une confirmation officielle enfouie au paragraphe numéro 45. "Les parties ont salué la conclusion du contrat pour la fourniture du système de missiles sol-air longue portée S-400 à l'Inde", y indique le texte.

Selon des sources diplomatiques indiennes jointes par l'AFP, le contrat pour les S-400 a été signé en fin de matinée entre l'Inde et la Russie, pour un montant de 5,2 milliards de dollars. Les livraisons doivent débuter d'ici fin 2020.

"L'Inde donne la plus grande priorité à ses relations avec la Russie. Aujourd'hui nous avons pris des décisions qui renforceront encore nos relations sur le long terme", a déclaré le nationaliste hindou Narendra Modi.

Huit protocoles d'accord et accords de coopération ont été signés en présence des deux dirigeants, notamment dans le domaine spatial. L'Inde compte sur l'aide de la Russie pour accomplir l'objectif que s'est fixé New Delhi d'envoyer un Indien dans l'espace d'ici 2022.

- Relation de 'confiance' -

La défense est la pierre angulaire des liens diplomatiques entre la Russie et l'Inde, qui entretiennent historiquement une relation bilatérale privilégiée.

L'Inde espère obtenir une dérogation aux sanctions économiques de Washington, qui n'a cependant envoyé aucun signal en ce sens. Les États-Unis peuvent toutefois difficilement se permettre de froisser leur allié indien, les deux puissances ayant le même intérêt à contrebalancer la montée en puissance de la Chine en Asie.

"L'Inde est très importante pour la politique américaine dans l'espace Indo-Pacifique et ils ne trouveront pas d'allié de la taille et du poids de l'Inde", a noté Manoj Joshi, expert de questions géostratégiques à l'Observer Research Foundation de New Delhi.

La Russie est de longue date le principal fournisseur d'armes de l'Inde, dont l'arsenal compte énormément d'équipements russe. Moscou "a toujours été disposé à nous donner des armes et systèmes d'armement stratégiques, ce que les États-Unis n'ont jamais fait", a déclaré Manoj Joshi.

L'armée indienne est actuellement engagée dans un vaste effort de modernisation de son armement. Ce dernier est souvent obsolète et insuffisant pour faire face aux mutations géopolitiques de la région, notamment l'affermissement de la Chine.

New Delhi a ainsi prévu de dépenser des dizaines de milliards de dollars pour mettre à niveau ses équipements militaires, politique dans laquelle s'inscrivent l'achat des S-400 russes et avant cela de 36 avions de chasse Rafale à la France en 2016. Autant d'acquisitions suivies de près par les voisins chinois et pakistanais.

Selon les experts, les S-400 russes et la sophistication de leur technologie viendraient combler une carence stratégique des capacités de défense de l'Inde.

"L'accord de fourniture des S-400 avec l'Inde est un nouveau jalon dans l'histoire de la coopération militaire et technique entre nos deux pays. Cet accord démontre le degré le plus élevé de confiance et de compréhension entre l'Inde et la Russie", a déclaré dans un communiqué Sergueï Tchemezov, PDG du conglomérat public russe d'armement Rostec.

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