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Inondations : nouvel ordre d'évacuation dans le sud-ouest de l'Iran

Les autorités de la province du Khouzestan, dans le sud-ouest de l'Iran, ont ordonné mercredi une nouvelle évacuation, concernant plus de 60.000 personnes dans la grande ville d'Ahvaz, menacée d'inondation.

Mais dans deux districts visés par l'ordre d'évacuation, les habitants semblaient décidés à rester et à combattre par eux-mêmes la montée des eaux, ont constaté des journalistes de l'AFP.

"Nous ne pouvons pas évacuer nos maisons. Dans chaque foyer il y a au moins trois enfants et nous avons beaucoup de bétail, des buffles, des meubles", déclare un riverain, en refusant donner son nom.

"Nous devrions pouvoir rester chez nous, au premier étage ou sur les toits de nos maisons", ajoute l'homme en levant les bras au ciel d'un air résigné pendant que d'autres habitants du district de Sayyahi s'activent à renforcer avec des sacs de sables une digue artisanale à quelques mètres seulement des eaux montantes.

Dans cette zone pauvre et majoritairement peuplée d'Arabes, d'autres tentent de renforcer les murs de leurs habitations à l'aide de mortier, ou de barricader leurs portes à l'aide de murs de terre ou de sacs de sable.

L'ordre d'évacuation a été pris de "façon préventive et par précaution afin d'éviter tout danger pour la population", a déclaré à l'antenne de la télévision d'Etat le gouverneur de la province, Gholamréza Shariati.

Il concerne cinq districts sud et ouest de l'agglomération d'Ahvaz, a précisé la télévision, et un sixième, Kianchahr, est en attente d'une possible évacuation.

Ses habitants semblent déterminés à partir. Les rues sont emplies de camionnettes chargées.

Selon l'agence Tasnim, 60.000 à 70.000 personnes vivraient dans les districts concernés par l'ordre d’évacuation, alors que la population totale de l'agglomération d'Ahvaz est estimée à 1,3 million d'habitants.

- Confluence de fleuves -

"Le Dez et le Karkheh se sont rejoints [...] près d'Ahvaz et déferlent en ce moment vers la ville", a encore déclaré le gouverneur.

Le Dez est le nom donné au Karoun en amont d'Ahvaz, traversée par ce fleuve. Le Karkheh, qui a largement débordé de son lit depuis plusieurs jours, est un autre fleuve qui forme un coude à quelques dizaines de kilomètres au nord-ouest de cette ville industrielle.

Samedi, déjà, les autorités avaient ordonné l'évacuation de milliers d'habitants dans six villes de la région, et lundi celle d'un hôpital d'Ahvaz.

Pays aride, l'Iran est frappé depuis trois semaines par de fortes inondations, qui ont fait plus de 70 morts, selon le dernier bilan officiel.

Les pluies torrentielles ont d'abord touché le nord du pays à partir du 19 mars.

La deuxième vague a frappé l'ouest et le sud-ouest à partir du 25 mars. La vague actuelle, qui a commencé le 1er avril, touche particulièrement le quart sud-ouest du pays, et notamment la région d'Ahvaz, qui forme une vaste plaine.

Le Khouzestan est touché par une sécheresse chronique depuis plusieurs années. Début avril, les autorités avaient dû ouvrir en urgence les vannes d'un barrage sur le cours supérieur du Karkheh, l'un des plus importants de la région, par crainte qu'il puisse céder sous la pression des eaux.

A Susangerd, ville bordée par le Karkheh, à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest d'Ahvaz, les inondations sont telles que certains habitants ont installé des tentes sur le toit de leurs maisons, selon des journalistes de l'AFP déployés dans la région.

- Nourriture et hygiène -

En plaine, les cultures sont totalement sous les eaux, et en bien des endroits n'émergent plus que le faîte des palmiers.

"Notre priorité première est de fournir de la nourriture et des produits d'hygiène au camps (de toile)" installés pour accueillir les populations sinistrées, a déclaré mardi à l'AFP Morteza Salimi, directeur national des opérations de secours du Croissant-Rouge iranien, parlant alors de quelque 44.000 personnes accueillies pour un hébergement d'urgence.

Mardi, le Croissant-Rouge a pris livraison d'une vingtaine de canots pneumatiques motorisés offerts par l'Allemagne et qui permettent d'appuyer les efforts des hélicoptères déployés dans la zone pour acheminer les secours.

Quelques jours plus tôt, l'organisation s'était plainte de ne pouvoir recevoir aucune aide financière de l'Organisation internationale de la Croix-Rouge internationale à cause des sanctions économiques américaines, qui rendent pratiquement impossible toute opération bancaire avec l'Iran.

A l'image des canots allemands, le soutien matériel étranger arrive. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé mercredi avoir envoyé par voie aérienne "des produits médicaux essentiels" à l'Iran.

Le Pakistan voisin a indiqué de son côté avoir envoyé 32 tonnes de tentes, couvertures et trousses médicales d'urgence, dont une première livraison a été distribué mercredi à Ahvaz, selon son ministère des Affaires étrangères.

Selon une estimation officielle, les inondations ont provoqué des dégâts matériels se chiffrant à 150.000 milliards de rials iraniens (plus de 980 millions d'euros).

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