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Intempéries: Dans le doute et la gadoue, Mandelieu-la-Napoule patauge

"On va dire que c'est que du matériel, ça aurait pu être pire...": à Mandelieu-la-Napoule, près de Cannes, les intempéries n'ont pas fait de victime, mais la lassitude et les doutes pointaient lundi chez les habitants de la ville, régulièrement frappée par des pluies torrentielles.

Jean-Marc Frega a perdu un bateau, coulé au port du Riou il y a tout juste une semaine, lors d'un précédent épisode méditerranéen, marqué par de fortes pluies, des inondations et du vent. Et dans la nuit de dimanche à lundi, trois motos de collection, conservées dans un garage inondé.

"Il faut prendre ses précautions, être bien assuré et après, arrive ce qui arrive, l'eau, on ne peut pas l'arrêter", philosophe-t-il.

Dans le Var et les Alpes-Maritimes, mais aussi dans les Bouches-du-Rhône, où un hélicoptère de la sécurité civile s'est écrasé, les intempéries ont fait six morts dans la nuit de dimanche à lundi. Mais cette fois-ci, aucune victime n'a été enregistrée à Mandelieu-la-Napoule, contrairement à 2015, quand huit personnes avaient trouvé la mort dans un épisode similaire.

Depuis, des leçons ont été tirées: des personnes ont été évacuées par précaution et les murs amovibles équipant certaines résidences pour protéger les caves et les garages ont résisté. Mais la lassitude pointe chez les habitants.

"On en a marre, c'est trop répétitif. Déjà, en 2015, j'ai perdu ma voiture et j'ai eu ma cave inondée jusqu'au plafond", explique Claudie, 71 ans, obligée de faire attention pour ne pas glisser sur les trottoirs rendus méconnaissables par la boue. "Le centre-ville, c'est de la gadoue, on est un peu sous le choc".

Une grande partie de l'avenue de Cannes, en plein centre de la commune de 23.000 habitants, est sinistrée. Devant une coquette maison, une fillette en pull-over rouge tente de soulever une brouette de boue pour aider sa mère. Des commerçants, les vêtements maculés de terre, ont mis à sécher dehors tout ce qui peut être sauvé.

- "Ras-le-bol" -

"L'eau est entrée dans la cave, où il y a la marchandise, la chambre froide, le moteur des frigos", se désole Tatiana Garces, la propriétaire d'une pizzeria pendue au téléphone pour joindre l'expert de son assurance.

Les écoles ont été fermées, pour faciliter la circulation et le passage des secours qui continuent de s'activer, notamment pour pomper des sous-sols.

Directrice de la crèche "Les Bouts Chou", Marion Mellac, nettoie avec son équipe le revêtement de la cour à la pelle et à la raclette pour pouvoir rouvrir dès mardi, et préfère positiver: "Il n'y a pas de pertes humaines sur la commune et il y a de la solidarité, des voisins sont venus nous aider".

Mais d'autres sont très secoués, comme les Dubochet, un couple d'ambulanciers de 63 ans, dont le pavillon borde une petite rue résidentielle qui s'est transformée en torrent de boue furieux.

"Maintenant, on en a ras-le-bol", dit Josiane, au bord des larmes. La semaine précédente, en rentrant après avoir déposé un patient dialysé, elle a frôlé l'accident sur une route submergée et pense sérieusement à déménager: "Je ne veux pas y laisser ma peau, et tomber malade".

L'eau est de nouveau entrée dans leur garage malgré une digue bricolée avec des planches et des chiffons. Les imprimantes et les meubles du bureau sont hors service. "J'avais jeté 2015, je vais pouvoir jeter 2019", ironise le mari, en montrant des liasses de documents administratifs trempés.

"Cette année, on s'en sort bien, l'eau n'est pas rentrée dans la maison, mais ça devient une catastrophe, dès qu'il pleut on est inondé", souffle Pascal Dubochet.

"Ce qu'on a vu hier, ça fait peur, j'ai vu des voitures noyées", raconte Lucio Iaquaniello, une paire de bottes à la main, une autre aux pieds. Ce retraité italien a pris son 4x4 dimanche soir pour aller surélever des meubles dans le magasin de son gendre. Le pont sur lequel il est passé dans la soirée a disparu depuis, emporté par l'eau.

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