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Internet: la Chine intensifie son offensive contre les logiciels anti-censure

Pékin a sommé mardi les entreprises basées en Chine de n'utiliser que des logiciels dûment approuvés par les autorités pour accéder à l'internet mondial, à l'heure où le régime communiste intensifie son offensive contre les programmes permettant de contourner la censure du web local.

Les grands réseaux sociaux internationaux (Facebook, Twitter, Instagram, YouTube), Google et de multiples médias occidentaux sont inaccessibles depuis la Chine, tous bloqués par la "grande muraille électronique" érigée par les censeurs du régime.

Certes, des programmes, les "réseaux privés virtuels" (VPN), permettent de contourner les blocages pour accéder sans entrave à l'internet mondial. Mais les entreprises, diplomates et expatriés basés en Chine s'épouvantent à l'idée de voir disparaître bientôt cette solution de recours.

De fait, après des années de tolérance, Pékin durcit sa position: le gouvernement avait dévoilé en janvier 2016 son intention d'interdire complètement l'usage des VPN non autorisés, exigeant que les développeurs de tels services obtiennent un feu vert des autorités, avec comme date butoir le 31 mars 2018 pour se conformer au nouveau règlement.

Alors que les spéculations s'intensifient à l'approche de cette date, à partir de laquelle l'interdiction des VPN non autorisés pourrait être strictement appliquée, le gouvernement a réaffirmé mardi sa fermeté.

"Sont visés les individus et firmes qui n'ont pas l'approbation du régulateur des télécoms", a insisté Zhang Feng, ingénieur en chef du ministère de l'Industrie et des technologies de l'information (MITI) lors d'une conférence de presse. "Nous voulons réguler les VPN qui conduisent illégalement des activités (de communication) transfrontalières."

M. Zhang s'est cependant voulu rassurant: "Les entreprises multinationales qui nécessitent des VPN pour leurs activités (...) peuvent louer des lignes spéciales ou réseaux mis en place par un opérateur dûment approuvé" par une administration gouvernementale, a-t-il indiqué.

Avant de répondre aux craintes d'espionnage par les autorités: "Ces opérateurs (approuvés officiellement) ne fournissent qu'un canal ou un réseau, et seront incapables d'intercepter les informations sur votre entreprise", a-t-il affirmé.

Pas certain que l'argument suffise à rassurer les entreprises étrangères, qui mettent en garde contre le risque de fortes pertes économiques en cas de blocage complet de leurs VPN.

Selon une enquête publiée mardi par la Chambre de commerce des Etats-Unis à Pékin, 41% des entreprises américaines sondées ont indiqué que les difficultés d'accès à l'internet et les perturbations sur les VPN pénalisaient déjà "très fortement" leurs opérations et leur compétitivité en Chine, tandis que 47% évoquaient "un certain impact".

Signe du durcissement des autorités: un Chinois qui commercialisait en ligne des VPN illégaux a été condamné fin décembre à une lourde peine de cinq ans et demi de prison. Par ailleurs, des VPN ont été retirés de la boutique d'applications d'Apple en Chine.

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