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Iran, acier: les 28 à Sofia pour opposer un front uni à Trump

Les dirigeants des pays européens se retrouvent mercredi soir à Sofia pour peaufiner une réponse collective de l'UE aux Etats-Unis, après les décisions fracassantes de Donald Trump sur le nucléaire iranien et le commerce international.

Ils ont aussi prévu d'aborder le bain de sang dans la bande de Gaza, où des dizaines de Palestiniens ont été tués par des tirs israéliens depuis l'inauguration lundi de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem.

"Nous allons réfléchir aux récents développements internationaux, en particulier après les annonces du président Trump sur l'Iran et le commerce, et aussi sur les événements plus récents et dramatiques à Gaza", a écrit le président du Conseil européen, Donald Tusk, dans sa lettre d'invitation aux dirigeants des 28.

Le "dîner de travail" des 28 à Sofia, mercredi, est le prélude à un sommet prévu le lendemain avec leurs homologues de six pays des Balkans (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Serbie, Monténégro, Macédoine et Kosovo) pour raffermir les liens avec cette région où la Russie tente d'étendre son influence.

"C'est la première fois depuis 15 ans que l'UE rencontre ses partenaires de la région sous ce format", a souligné une source européenne, tout en précisant qu'il ne serait pas question d'élargissement jeudi.

- 'Test de souveraineté' -

Cette rencontre risque toutefois d'être éclipsée par les débats sur la relation transatlantique. Les participants du dîner de mercredi seront en effet probablement interrogés par la presse sur leurs discussions, même si aucune décision concrète n'est prévue.

Les 28 vont surtout chercher à afficher une unité sans faille face aux défis américains, notamment celui du retrait de l'accord sur le nucléaire iranien.

"J'aimerais que notre débat reconfirme sans aucune ambiguïté qu'aussi longtemps que l'Iran respecte les dispositions de l'accord, l'UE le respectera aussi", a indiqué M. Tusk.

Le dirigeant polonais a demandé aux trois pays européens (E3) signataires de l'accord avec l'Iran (France, Royaume-Uni, Allemagne) de partager leur évaluation de la situation mercredi soir, au lendemain d'une réunion à Bruxelles avec le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Zarif.

Les Européens veulent sauver l'accord avec l'Iran et protéger les intérêts économiques européens liés à la reprise des échanges commerciaux avec l'Iran. "C'est vraiment un test de souveraineté important", insiste une source diplomatique, l'UE devant montrer qu'elle est capable d'"assurer la continuité" d'un accord.

- Rester 'fermes' -

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, doit par ailleurs faire un état des lieux mercredi soir des discussions en cours avec les Américains au sujet des droits de douanes sur l'acier et l'aluminium.

"Je proposerai que nous restions fermes. C'est la seule façon de protéger les intérêts européens", a insisté M. Juncker, rappelant que l'UE réclamait une exemption permanente des droits de douanes américains.

L'UE est exemptée jusqu'au 31 mai à minuit des taxes douanières américaines de 25% sur ses exportations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium. Pour l'exempter définitivement, Washington exige une plus grande ouverture du marché européen.

Les Européens étudient plusieurs scénarios et la Commission a récemment ouvert la porte à une discussion sur un accord commercial "restreint", qui couvrirait uniquement des droits de douane sur des produits industriels et agricoles.

L'Allemagne est favorable à une telle ouverture, contrairement à la France, qui craint de voir ressurgir le spectre du très impopulaire TTIP (ou Tafta), le grand accord commercial au point mort depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump.

Certains pays semblent également prêts à tolérer des quotas de la part des Etats-Unis, une solution qualifiée d'"étrange" par d'autres.

Quoi qu'il en soit, "on doit commencer par l'octroi d'une exemption" permanente et inconditionnelle, répète une source diplomatique.

Outre l'Iran et le commerce, les 28 parleront aussi des événements à Gaza qui sont aussi liés "à la question plus vaste des conséquences des décisions de Donald Trump", a souligné un haut responsable européen.

L'UE a exhorté toutes les parties à "la plus grande retenue" à la suite des violents affrontements entre Palestiniens et soldats israéliens lors des manifestations dans la bande de Gaza contre l'inauguration de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem.

Mais l'unité des Européens n'est pas sans faille sur le sujet, comme l'a illustré le blocage récent par la République tchèque, la Hongrie et la Roumanie d'une déclaration européenne critiquant le transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem.

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