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Irma, l'aube après l'éclipse

Un début de carrière fulgurant et puis le "burn out": Après une pause, la chanteuse Irma se réinvente avec "The dawn", "l'Aube" d'une "nouvelle vie, d'une nouvelle carrière", comme elle le raconte à l'AFP.

Cet "album-thérapie de +ouf+" est prévu pour février 2020. Trois titres circulent déjà et elle le rode sur scène, comme au MaMA, festival défricheur à Pigalle, qui fête ses dix ans du 16 au 18 octobre, ou à la Cigale le 17. "Ça me permet de me projeter, de me renouveler".

Tout commence pourtant comme dans un rêve pour cette native de Douala (Cameroun). Étudiante à Paris en +prépa+ aux concours d'école de commerce, elle se fait repérer sur Youtube pour sa voix soul sur des reprises devenues virales.

Grâce à un site de financement participatif elle récolte 70.000 euros en deux jours pour son premier album "Letter to the lord" (2011, album de platine). Suit "Faces" en 2014 et encore des tournées.

Puis le crash. "Quand la tournée s'arrête, tu te dis +à quoi je sers ?+. Au milieu de tous tes instruments, tu es paumée. Ce n'est pas réel cette vie là. Tu es satellisée". Sans oublier ce "syndrome de l'imposteur" qu'elle a "toujours eu".

Elle reste "six mois au tapis", "à me demander si j'allais refaire de la musique, mais soit +tu crèves+, soit tu te réappropries le truc".

Deuxième option retenue, avec un changement de cadre: elle met tous ses instruments dans un camion, aidée par son oncle, et déménage de Paris à Lyon - elle est depuis revenue dans la capitale française.

- "Truc de reconstruction" -

Lyon, qu'elle avait appréciée lors d'une tournée, "c'est aussi con que ça". Sans penser à un troisième album, elle repart "de zéro", prend "des cours de chant", apprend à "mixer une basse, enregistrer des guitares", "un truc de reconstruction".

"Je me suis enfermée, à tel point qu'au bout de deux ans d'enregistrements - en autoproduction - je me suis aperçue que je ne connaissais pas la ville de Lyon", confie-t-elle.

Résultat, "The dawn", beau titre "bricolé avec une boucle" qui donne son nom à l'album, visible dans des vidéos en live. L'album est un "mélange de hip-hop, dans lequel j'ai baigné, de beats afros et de guitare organique, avec ma voix devant, c'est mon identité".

Deux autres titres bénéficient eux d'un clip, "Shivers" et l'impressionnant "Black Sun", avec Marion Séclin - youtubeuse féministe, actrice, réalisatrice, qui "incarne ce qu'elle pense" - et Denis Lavant, acteur "hyperlibre, capable de passer d'une grosse prod' à un cirque devant trois personnes en Russie".

- "Il est où le point qui manque?" -

"Quand j'ai écrit le clip, je savais que je ne voulais pas jouer dedans, je voulais de la puissance et je ne suis pas actrice". Denis Lavant, "c'est le voisin de ma manageuse, mais pour moi c'était impossible qu'il accepte. Mais il écoute le titre et dit +je le fais+. C'est comme si je voulais un rappeur dans le clip et que Jay-Z avait dit oui (rires)".

Aujourd'hui, la trentenaire a beaucoup de recul sur le music-business. "Je n'ai plus envie de m'imposer des circuits de +promo+". Que donnerait-elle comme conseil à un(e) jeune chanteur(se)? Celui de Diam's "qui m'avait dit quand je faisais ses premières parties: +une carrière se construit sur toutes les choses que tu refuses, n'aie jamais peur de dire non+".

Et d'ajouter, philosophe: "Tu trouves ton public à un moment donné, qu'il y en ait trois - ton père, ta mère, ta sœur - ou un milliard (rires)". L'occasion de parler de sa famille. "J'ai une jumelle qui est docteur en chimie, un grand frère analyste financier et une petite sœur ingénieure des travaux publics". "A la maison, quand on ramenait un 19/20, on nous disait +il est où le point qui manque?+. Moi, je suis le saltimbanque de la famille".

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