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Israël légalise une colonie de Cisjordanie occupée à deux jours des élections

Le gouvernement israélien a donné le feu vert dimanche à la légalisation d'une colonie sauvage en Cisjordanie occupée au moment où le Premier ministre Benjamin Netanyahu tente, dans un ultime effort, de rallier ses électeurs pour les législatives de mardi.

Au dernier jour officiel de campagne --les candidats ne pouvant en théorie tenir de meetings lundi pour le scrutin de mardi--, M. Netanyahu a sorti un lapin de son chapeau lors d'un conseil des ministres.

Le gouvernement a accepté de transformer la colonie sauvage de Mevoot Yericho dans la vallée du Jourdain en une implantation officielle, a souligné le Premier ministre à l'issue de cette rencontre tenue d'ailleurs exceptionnellement dans cette plaine fertile.

La vallée du Jourdain est "un mur de défense qui sera partie intégrante d'Israël (..) et qui y assurera la présence éternelle de nos forces armées", a ajouté M. Netanyahu.

L'Autorité palestinienne a condamné la tenue de cette réunion du cabinet ministériel dans les Territoires occupés et, sans évoquer directement la colonie de Mevoot Yericho, a exhorté la communauté internationale à faire pression sur Israël qui "sape tous les fondements du processus (de paix) politique".

La colonie de Mevoot Yericho est située près de Jéricho, la principale ville palestinienne de cette vallée stratégique et coeur de l'industrie agricole, juste au nord de la mer Morte.

Légalisée par le droit israélien, la petite colonie fondée il y a 20 ans et où vit aujourd'hui une trentaine de familles, restera illégale aux yeux de la communauté internationale comme le sont toutes les colonies dans les Territoires palestiniens occupés.

"Le gouvernement continue de faire preuve d'un mépris flagrant de la solution à deux Etats", prévoyant un Etat palestinien viable coexistant avec Israël, a ainsi condamné l'ONG israélienne Peace Now qui suit de près le dossier des colonies.

"C'est un jour important pour le mouvement des habitants de la Judée et Samarie", nom biblique de la Cisjordanie occupée, a réagi a contrario Hananel Dorani, chef du Conseil de Yesha, association des colons israéliens dans les Territoires occupés.

"Nous espérons qu'il s'agit du début de la souveraineté" israélienne sur "l'ensemble" de la Cisjordanie, a ajouté ce responsable.

L'annonce du gouvernement mené par Benjamin Netanyahu est intervenue alors que les principaux partis se préparaient à tenir en soirée leurs derniers rassemblements de campagne pour galvaniser leurs troupes en vue de ce scrutin.

L'ex-chef de l'armée Benny Gantz, à la tête de la formation centriste Kahol Lavan ("Bleu-blanc"), au coude-à-coude selon les derniers sondages avec le Likoud, le parti de M. Netanyahu, a tenu son rassemblement à Tel-Aviv, la métropole économique du pays.

Le meeting du Likoud, prévu dans la ville voisine de Bat Yam, a pour sa part été annulé au dernier moment: le porte-parole du parti a assuré qu'une réunion d'urgence avait dû être organisée en raison de sondages favorables au camp adverse. Des commentateurs y ont vu pour leur part une ultime tentative de M. Netanyahu d'inciter ses partisans à se rendre aux urnes.

- Ce "cher" Trump -

M. Netanyahu avait promis la semaine dernière d'annexer l'ensemble des colonies juives dans la vallée du Jourdain, langue de terre stratégique qui représente environ 30% de la Cisjordanie occupée, s'il remportait les élections.

Cette annonce avait été vivement critiquée par les responsables palestiniens, y voyant une mise à mort du processus de paix, et par une partie de la classe politique israélienne, favorable à l'annexion mais jugeant le timing électoraliste.

M. Netanyahu s'était engagé à annexer les colonies juives de la vallée du Jourdain "immédiatement" après ce scrutin qui s'annonce âprement disputé selon les derniers sondages des médias locaux.

Si la colonisation par Israël de la Cisjordanie occupée et de Jérusalem-Est s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens depuis 1967, elle s'est accélérée ces dernières années sous l'impulsion de M. Netanyahu et de son allié à Washington, le président américain Donald Trump.

Aujourd'hui, plus de 600.000 Israéliens mènent une coexistence souvent conflictuelle auprès de trois millions de Palestiniens en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël.

Samedi soir, Donald Trump avait apporté son soutien à la campagne de réélection du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en dévoilant leurs discussions sur un possible traité de défense commune, qu'il espère pouvoir continuer après le scrutin.

Le président américain a toutefois omis de commenter publiquement la promesse de Benjamin Netanyahu d'annexer une partie de la Cisjordanie.

"L'Etat juif n'a jamais eu de plus grand ami dans la Maison Blanche", a néanmoins répondu sur Twitter M. Netanyahu, remerciant son "cher ami" Trump.

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