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Israël s'alarme du précédent créé par le match avorté contre l'Argentine

Israël crie au fiasco après l'annulation du match contre l'Argentine sous la pression des Palestiniens et s'inquiète du précédent peut-être créé, pour de prochaines rencontres de football ou le concours de l'Eurovision l'an prochain.

La rencontre amicale était prévue samedi à Jérusalem, juste avant que la sélection argentine ne s'envole pour le Mondial-2018.

La nouvelle que le match n'aurait pas lieu n'a pas seulement consterné les amateurs de football qui n'ont pas tous les jours l'occasion de voir des joueurs du calibre de Lionel Messi, Paulo Dybala ou Sergio Aguëro.

Elle a fait la Une de tous les journaux, déclenchant une tourmente médiatique et politique, à la recherche de coupables et très en veine de métaphores footballistiques, sur la victoire des Palestiniens à la dernière minute de jeu ou le but contre son camp prétendument marqué par la ministre des Sports.

Dans un pays menant un vigoureux combat pour promouvoir son image et défendre sa légitimité contre les supporteurs de la cause palestinienne, cette annulation de dernière minute a aussi suscité l'inquiétude pour l'avenir.

"Il pourrait y avoir des pressions pour faire annuler d'autres événements dans d'autres domaines", a admis le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dont la tournée européenne a été éclipsée par l'affaire.

- "Première alerte" -

Israël est en butte à une campagne globale de boycott économique, culturel ou encore scientifique contre l'occupation et la colonisation des Territoires palestiniens, le BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions).

Mercredi, c'est le BDS, mouvement honni en Israël, qui l'a emporté, a dit le secrétaire général de la Fédération israélienne de football Rotem Kanner.

"C'est inconcevable que des équipes ne puissent venir ici de manière officielle", a-t-il déclaré à la radio publique. "C'est une première alerte et nous devons observer comment cela évolue".

Le BDS revendique régulièrement l'annulation de concerts programmés en Israël. Des artistes comme Lauryn Hill ou Elvis Costello sont revenus sur leur décision de s'y produire. Sans lien avec le BDS, l'actrice américano-israélienne Natalie Portman a provoqué une commotion en avril en décidant de ne pas se rendre en Israël pour recevoir un prix parce qu'elle ne voulait pas être associée à M. Netanyahu.

La jeune chanteuse néo-zélandaise Lorde avait elle aussi causé des remous en annulant un concert à Tel-Aviv fin 2017.

Quelques semaines après être devenu le premier pays hors d'Europe à accueillir le départ d'une des trois plus grandes courses cyclistes au monde, Israël a vu pour la première fois, au moins depuis des années, rayer du calendrier un évènement sportif de retentissement international.

Les médias israéliens évoquent la possibilité que le match soit reprogrammé plus tard, à Jérusalem. Mais Israël s'inquiète du coup porté à son image et du précédent ainsi créé.

- Ministre dans le collimateur -

L'Israélienne Netta Barzilai ayant remporté l'Eurovision cette année, c'est son pays qui devrait accueillir le concours l'année prochaine. La ministre des Sports et de la Culture, Miri Regev, pousse pour que l'Eurovision ait lieu à Jérusalem.

Mais, disent les Palestiniens, c'est précisément le choix de Jérusalem, avec son statut diplomatique controversé, qui a scellé le sort d'Israël-Argentine.

Israël considère Jérusalem comme sa capitale "indivisible". Les Palestiniens, eux, veulent faire de Jérusalem-Est, annexée par Israël, la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.

Ils ont fait campagne contre la tenue d'Israël-Argentine à Jérusalem parce que la ministre des Sports, ardente défenseure de la souveraineté israélienne sur la ville, avait fait du match une opération politique, disent-ils.

La ministre, elle, met en avant une autre version: Messi et les autres ont cédé aux menaces "terroristes" contre eux-mêmes et leur famille.

"Le terrorisme l'a vaincu", a-t-elle répété à la radio jeudi.

Le quotidien Haaretz cite des responsables israéliens impliqués dans la société de production de l'Eurovision et évoquant un "malaise" au sein de l'Union européenne de Radio-Télévision (UER) sur la possibilité que le prochain concours ait lieu à Jérusalem.

Pour l'instant, "aucune décision concernant le lieu et les dates de l'Eurovision 2019 n'a été prise", a dit à l'AFP un porte-parole de l'UER.

La tonitruante Miri Regev en a fait un nouveau combat: "S'ils essaient de transférer l'Eurovision de Jérusalem, je conseillerai au Premier ministre de ne pas dépenser 50 millions de shekels (NDLR: environ 12 M EUR) et de renoncer à accueillir l'Eurovision en Israël", a-t-elle dit au journal Yediot Aharonot.

Mais Mme Regev est maintenant la cible de toutes les critiques pour avoir provoqué les Palestiniens en poussant au déplacement d'Israël-Argentine de Haïfa (nord) à Jérusalem.

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