Accueil Actu

Italie : un président aux pouvoirs limités mais importants dans les crises

Le président de la république italienne, une figure institutionnelle respectée, a des pouvoirs limités, mais qui se sont souvent révélés importants en cas de crise politique.

Le président italien Sergio Mattarella a refusé de nommer un eurosceptique à la tête du ministère des Finances, pourtant présenté par le chef du gouvernement désigné et soutenu par la majorité parlementaire.

Cette prérogative, reconnue par l'article 92 de la Constitution italienne, a déclenché la fureur de la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini et du Mouvement Cinq Étoiles (M5S, antisystème) de Luigi Di Maio.

Ce n'est pourtant pas la première fois qu'un président italien refuse de nommer un ministre présenté par la majorité parlementaire. Il y a eu au moins trois cas de ce type dans l'histoire de la république italienne, dont l'un des plus célèbres concerne Silvio Berlusconi.

Vainqueur des législatives en 1994, ce magnat des médias, qui était déjà dans le collimateur de la justice, avait proposé au président Oscar Luigi Scalfaro de nommer son avocat Cesare Previti au poste de ministre de la Justice.

Le président Scalfaro avait refusé de le faire et M. Berlusconi s'était incliné.

Cette fois, les populistes italiens n'ont pas accepté que le chef de l’État fasse usage de cette prérogative et ont dénoncé une mainmise de Bruxelles ou des "lobbies" de la finance.

C'est d'ailleurs sur cette base que M. Di Maio a évoqué une procédure de destitution du chef de l’État pour haute trahison, en application de l'article 90 de la Constitution. La majorité absolue des deux chambres réunies en séance commune est toutefois alors requise.

Les pouvoirs du président sont très encadrés et tiennent essentiellement dans sa capacité à nommer le président du Conseil, puis les ministres sur proposition de ce dernier.

Il a aussi le pouvoir de dissoudre les Chambres, une arme de dissuasion qui a servi dans nombre de crises politiques en Italie, une république au régime parlementaire ayant déjà connu 64 gouvernements depuis 1946.

Pendant la crise financière en 2011, au moment où les marchés se déchaînaient contre l'Italie, le président Giorgio Napolitano, n'avait pas hésité à prêter son concours à l'opération d'éviction de Silvio Berlusconi, nommant ensuite l'ex-commissaire européen Mario Monti à la tête du gouvernement.

M. Berlusconi avait dénoncé un coup d’État et réclamé des élections anticipées, en vain.

La Ligue et Le M5S avaient elles aussi réclamé des élections anticipées après le non des Italiens au référendum constitutionnel fin 2016, voulu par l'ex chef de gouvernement Matteo Renzi. Ce dernier avait certes démissionné mais Sergio Mattarella avait refusé de dissoudre le Parlement.

À lire aussi

Sélectionné pour vous