Accueil Actu

Jagmeet Singh, star de TikTok et candidat aux élections canadiennes, touche un large grâce à son utilisation MASSIVE des réseaux sociaux

A peine la conférence de presse terminée, il dégaine son téléphone, harangue la foule pour une vidéo Instagram et lance les premières notes. Tous s'époumonent en coeur. Jagmeet Singh, le chef du Nouveau Parti démocratique canadien, chante, saute sur place et tournoie tout en filmant.

En campagne pour les élections législatives du 20 septembre au Canada, M. Singh, 42 ans, veut incarner une nouvelle façon de faire de la politique. Et surtout capter l'électorat jeune aux dépens du Premier ministre Justin Trudeau.

Quelques heures plus tard, le voilà sur TikTok: il est le seul chef de parti sur ce nouveau réseau social, spécialisé dans les vidéos courtes voire très courtes. Du rap, une chorégraphie exécutée avec des partisans derrière lui et du texte qui s'affiche sur l'écran déclinant des slogans de campagne.

Jagmeet Singh a une utilisation intensive des réseaux sociaux. Parfois on le voit simplement faire du longboard avec de la musique en fond sonore, poser avec sa femme enceinte ou demander aux électeurs de lui recommander des morceaux de musique. Des vidéos qui dépassent régulièrement le million de vues et dont certaines ont même atteint plus de sept millions.

"Les gens, où ils sont? Ils sont sur les réseaux sociaux. J'essaie d'utiliser tous les outils possibles pour me connecter avec eux", résume-t-il simplement.

Plus à gauche que les libéraux du Premier ministre sortant, le Nouveau Parti démocratique (NPD) pourrait se retrouver après le scrutin en position de force à la Chambre des Communes en cas de gouvernement minoritaire dirigé, à nouveau, par Justin Trudeau.

Il est pour l'instant crédité d'environ 20% des intentions de vote quand le Parti libéral et les conservateurs d'Erin O'Toole sont au coude-à-coude à moins de 35%. Avant la dissolution du Parlement, le NPD était la quatrième force politique, avec 24 sièges.

"Vent de fraîcheur"

"Singh incarne, avec sa présence sur les réseaux sociaux, la jeunesse et le vent de fraîcheur qu'avait Trudeau il y a quelques années. Et ce qui le démarque des autres c'est son utilisation de TikTok", estime auprès de l'AFP Félix Mathieu, politologue à l'université de Winnipeg.

Et du côté des idées, c'est aussi sur les terres de Justin Trudeau que chasse le leader du NPD, qui estime que le Premier ministre sortant est "un grand parleur mais un petit faiseur" sur le plan environnemental.

Il a promis de taxer davantage les riches, de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030, d'annuler la dette des prêts étudiants et de s'attaquer aux prix de l'immobilier et au manque de logements sociaux.

Pour marquer encore plus sa différence, il n'hésite pas à rappeler son parcours: "Je ne suis pas Justin Trudeau. Je ne suis pas comme lui. J'ai vécu une vie différente. Je comprends la douleur de ne pas être valorisé, de ne rien valoir", a-t-il expliqué en visite auprès d'Amérindiens dans la province de Saskatchewan.

Né dans l'Ontario de parents venus de la province du Pendjab, dans le nord de l'Inde, Jagmeet Singh est sikh et reconnaissable à sa longue barbe et à ses turbans aux couleurs éclatantes. Il a été le premier membre d'une minorité dite visible à présider un parti de stature fédérale.

"Cela l'aide à se faire connaître avec un budget moindre que les libéraux par exemple, mais est-ce que cela va se traduire par un vote, ce n'est vraiment pas certain", analyse Félix Mathieu.

Sur TikTok, "une grande partie des adeptes n'ont pas encore l'âge de voter", ajoute-t-il.

Et le 20 septembre, contrairement aux deux derniers scrutins, "il n'y aura pas de vote sur les campus en raison de la pandémie et c'est un mauvais signe pour le NPD", estime Geneviève Tellier, politologue à l'université d'Ottawa.

Toute cette campagne sur les réseaux sociaux, et son apparition dans le jeu de Nintendo "Animal crossing", ont "conduit des millions de personnes à regarder nos contenus et à s'engager", affirme Emily Coutts, de l'équipe de campagne du candidat.

Des gains électoraux, selon elle, mais aussi en termes de "bénévoles et partisans engagés sur le terrain".

À lire aussi

Sélectionné pour vous