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Jason Clarke, star de "Winchester", parle d'armes et de fantômes

Le scénario du film d'horreur "Winchester" n'est pas des plus communs: l'Australien Jason Clarke y incarne un psychiatre imaginaire appelé à la rescousse en 1906 par Sarah Winchester, l'héritière - bien véridique - du fabricant d'armes éponyme, pour évaluer sa santé mentale et sa terreur des fantômes.

Grâce à sa prestigieuse interprète, la grande Helen Mirren, l'une des tragédiennes britanniques les plus adulées, "Winchester" participe à un certain retour en grâce du cinéma d'épouvante.

Pour Jason Clarke, l'histoire de Sarah Winchester, qui se sentait persécutée par les fantômes des victimes des pistolets et fusils de sa société, est aussi une allégorie contre la violence des armes à feu, qui font 30.000 morts par an aux Etats-Unis.

"Le contrôle des armes, les bénéfices qui en proviennent, c'est un débat récurrent", constate le comédien de 48 ans, interrogé par l'AFP sur le film qui sort vendredi en Amérique du Nord.

Dans le long-métrage riche en regards écarquillés, cris stridents et corps projetés, le personnage de Clarke est accro à l'opium et se débat avec ses propres démons. Il pense qu'il sera aisé de déclarer Sarah Winchester folle... jusqu'à ce que ses nuits prennent un tournant inquiétant et qu'il se sente manipulé.

Dans la ville de San José près de San Francisco, la "Winchester mystery house", une bâtisse victorienne étrange que Sarah Winchester a faite construire pour isoler les esprits qui la terrorisaient, est réputée être la maison la plus hantée du monde.

Ce manoir de 160 pièces, construit pendant des décennies sans plan, est aujourd'hui une attraction touristique populaire, avec son labyrinthe de couloirs, escaliers ne menant nulle part, 2.000 portes dont certaines s'ouvrent sur des murs, 47 cheminées, des trappes, tours, etc.

- Perdu dans la maison hantée -

Jason Clarke, également au générique de "Mudbound", drame racial nommé aux Oscars diffusé sur Netflix, raconte avoir passé deux mois de tournage éprouvants dans la réplique de la demeure à Melbourne, se faisant battre par des "fantômes" et projeter par une simulation de tremblement de terre, avant de finir le film dans la vraie maison à San Jose. Quand il a voulu s'y promener, "je me suis perdu", s'amuse-t-il.

Les films d'horreur sont souvent boudés par les critiques - celles de "Winchester" sont catastrophiques - mais rapportent gros au box-office. L'acteur aux yeux bleus pales souligne qu'ils nécessitent une discipline technique particulière, notamment le langage corporel ou un sens du "timing" très précis.

"C'est (dans ce genre) que beaucoup de réalisateurs se font la main (...). Je préfère ceux qui ont un fond intelligent, pas juste des films +gore+ où tout le monde se fait massacrer".

Clarke s'est bâti une réputation pour son choix de seconds rôles dans des films indépendants et grosses productions avec un message.

Ces dernières années, il a incarné un agent de CIA qui torture des prisonniers dans "Zero Dark Thirty" de Kathryn Bigelow, joué dans la saga de science-fiction "La Planète des singes: l'affrontement", ou encore dans le drame sur le sommet du monde "Everest", sans oublier l'adaptation du classique de F. Scott Fitzgerald "Gatsby le Magnifique" par Baz Luhrmann.

De plus en plus demandé, il vient de finir le tournage de "First man", le prochain Damien Chazelle ("La La land").

Lors d'une séance de questions et réponses pour la sortie de "Mudbound", il avait déploré l'ubiquité des films à suites comme ceux de super-héros ou de science-fiction - même si "La Planète des singes" entre dans cette catégorie - et a appelé les acteurs à s'investir dans des projets avec quelque chose de plus substantiel à dire sur le monde.

"Si on ne fait tous que des saucisses, les gens ne veulent manger que des saucisses", remarque-t-il.

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