Accueil Actu

Le "logeur" de jihadistes du 13-Novembre et deux autres hommes face aux juges

C'est le premier procès lié aux attentats du 13 novembre 2015: le tribunal correctionnel de Paris a commencé mercredi à juger Jawad Bendaoud, le "logeur" de deux jihadistes, et deux autres prévenus dont le cousin du cerveau présumé des attaques.

Jawad Bendaoud qui avait lors de précédentes audiences au tribunal laissé éclater sa colère, est resté calme mercredi dans le box des prévenus, essuyant discrètement quelques larmes alors que la présidente du tribunal Isabelle Prévost-Desprez lisait le dossier du procès.

Il est jugé pour "recel de malfaiteurs terroristes" et encourt six ans de prison.

Cet homme qui a été la risée d'une France sous le choc après les attentats du 13 novembre 2015 (130 morts) a fourni l'appartement où Abdelhamid Abaaoud, l'un des cerveaux des attaques, et son complice Chakib Akrouh s'étaient repliés, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), près de Paris. C'est là que les jihadistes avaient été tués, le 18 novembre, dans un assaut du Raid, unité d'élite de la police française.

Jawad Bendaoud comparaît aux côtés de deux autres prévenus. Mohamed Soumah, en détention, est lui aussi jugé pour "recel de malfaiteurs terroristes". Youssef Aïtboulahcen comparaît libre pour "non dénonciation de crime terroriste".

Ce dernier, interrogé par le tribunal mercredi, est le frère d'Hasna Aïtboulahcen, tuée dans l'assaut du Raid avec Abdelhamid Abaaoud et Chakib Akrouh. C'est elle qui a trouvé la planque pour les deux jihadistes.

Youssef et Hasna Aïtboulahcen sont les cousins d'Abdelhamid Abaaoud. "On ne choisit pas sa famille", a dit à la barre le prévenu, qui a changé de nom peu après les attentats. Tous les deux ont été élevés séparément en famille d'accueil après avoir été battus par leur mère.

Il a décrit sa soeur comme fascinée par Abdelhamid Abaaoud, au point de vouloir se marier avec lui. C'était "une personne psychologiquement instable", a-t-il dit. "Il y avait un paradoxe total entre sa tenue vestimentaire (elle était intégralement voilée, ndlr) et son comportement", évoquant notamment son addiction au shit et à la cocaïne et sa consommation d'alcool.

- "Soldat de Daesh" -

Ils entretenaient, selon lui, de mauvaises relations. Pourtant, ils ont eu près d'une centaine d'échanges téléphoniques (appels et SMS) dans les jours précédant le 18 novembre. "Elle me harcelait de messages", a-t-il assuré. Dès qu'elle a été chargée de trouver un hébergement pour son cousin, elle a contacté son frère.

Mais lui nie avoir su qu'elle cherchait une planque pour leur cousin. "Elle parlait parfois de cousin, cousine, de réfugié, d'un ami d'un cousin. (...) Je n'ai jamais eu la certitude qu'Abaaoud était sur le territoire français". "Je ne la croyais pas", a-t-il affirmé.

Youssef Aïtboulahcen dit ne pas avoir reçu certain messages, car il avait bloqué le numéro de sa soeur. Pourquoi avoir jeté une puce de téléphone dans les toilettes et effacé certains messages? "J'ai réagi à chaud. Je voulais éviter de me retrouver devant la justice. (...) Je suis un garçon sans histoire", a-t-il réagi.

"Abaaoud, j'en suis aussi éloigné que le sud du nord, que l'est de l'ouest", a affirmé le prévenu.

Mais le tribunal a mis en avant des éléments compromettants, donnant l'image d'un musulman bien plus radicalisé que ce qu'il a montré à la barre. Des amis l'ont qualifié de "soldat de Daesh": "C'est un sobriquet", s'est-il défendu. Mais il y avait, sur son téléphone, des images de propagande du groupe jihadiste État islamique.

Par ailleurs, il a estimé qu'il fallait "couper le + zgueg +" des homosexuels: "Je n'ai jamais compris l'homosexualité mais je m'excuse pour ces propos". Sans oublier des messages antisémites.

"Je sais bien que beaucoup d'entre vous pensent: + Youssef, il a le parcours du parfait jihadiste, il pratique la dissimulation +. Moi je sais qui je suis", a-t-il dit.

Les trois prévenus seront interrogés par le tribunal jusqu'à vendredi soir.

Ce procès médiatique, prévu pour durer jusqu'au 14 février, réunit plus de 80 avocats et au moins 500 parties civiles, dont des victimes des attaques du 13 novembre 2015, venues en nombre au palais de justice.

À lire aussi

Sélectionné pour vous