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Jeremy Corbyn, rempart malgré lui contre le Brexit

Bien plus à gauche que ses prédécesseurs, le chef de l'opposition travailliste Jeremy Corbyn est critiqué pour son indécision sur le Brexit. Mais il fait un peu malgré lui figure de dernier rempart contre la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Agé de 70 ans, ce militant socialiste de toujours, qui inquiète les milieux d'affaires, est radical sur tout, sauf sur le Brexit.

Eurosceptique dans un parti dont les députés sont majoritairement europhiles, il a choisi d'entretenir l'ambiguïté face au Brexit, voté par 52% des Britanniques en juin 2016.

Il promet, s'il accède au pouvoir, de négocier un nouvel accord de sortie de l'Union européenne plus favorable aux droits des travailleurs, qu'il soumettrait à un référendum avec comme alternative le maintien dans l'UE.

Soucieux de ne pas s'aliéner les eurosceptiques de son électorat populaire, il a fini pas concéder récemment qu'il serait "neutre" dans cette campagne, afin dit-il de permettre au pays de panser ses divisions depuis le référendum de 2016.

Mais face à des conservateurs résolument pro-Brexit sous Boris Johnson, il représente pour bien des électeurs le seul moyen d'empêcher le divorce avec les Européens.

Peu à l'aise sur les sujets internationaux, le mince septuagénaire qui porte court sa barbe et ses cheveux blancs est dans son élément lorsqu'il s'agit de pourfendre les ravages sociaux d'une décennie d'austérité conservatrice et de dessiner un Royaume-Uni qui serait débarrassé des inégalités et privilèges.

- Barre à gauche -

Pendant la campagne pour les législatives anticipées de jeudi, il a vu revenir avec une force renouvelée les accusations d'avoir laissé s'enraciner l'antisémitisme au sein du parti. Malmené par le redoutable intervieweur politique de la BBC Andrew Niel, il a refusé de présenter des excuses.

Selon le Daily Mail, le centre Simon Wiesenthal l'a désigné personne la plus antisémite de l'année, avertissant que le Royaume-Uni deviendrait un Etat "paria" s'il remportait les élections.

Arrivé à la tête du parti en 2015, à la surprise générale au vu de ses positions gauchisantes et minoritaires, Jeremy Corbyn a patiemment fini par faire sa place, déjouant plusieurs tentatives de le renverser de la part de députés et de caciques travaillistes encore sous l'influence de la ligne centriste de Tony Blair.

Mais ce leader sans grand charisme a pour lui la constance dans ses idées et ses engagements très à gauche, nés dans les années 70, ce qui a séduit toute une génération de jeunes militants.

Jeremy Corbyn se distingue par le grand coup de barre à gauche pour le parti par rapport à ses prédécesseurs. Il a d'ailleurs joué un rôle marginal de rebelle au sein du parti, et n'a jamais été ministre pendant les treize ans où le Labour était au pouvoir, de 1997 à 2010 sous Tony Blair puis Gordon Brown.

Né le 26 mai 1949, ce pacifiste a développé son sens de l'engagement politique auprès de ses parents, un ingénieur et une enseignante, tombés amoureux lors d'une manifestation contre la guerre civile espagnole (1936-39).

- Cycliste végétarien -

Elevé dans l'ouest de l'Angleterre, le jeune homme ne se passionne guère pour les études. Après avoir décroché son bac, il part deux ans en Jamaïque pour le compte d'une association caritative. A son retour, il s'installe à Islington, quartier du nord de Londres à l'époque coeur de la contestation gauchiste, désormais très boboïsé.

Militant syndical, il est élu depuis 1983 député de cette circonscription. Il y vit toujours dans une maison modeste, avec sa troisième épouse, une Mexicaine de 20 ans plus jeune que lui, et se conforme à un style de vie simple. Il est père de trois enfants. Végétarien, Corbyn revendique une vie "très normale", lui qui continue à se déplacer à vélo.

Après des années marquées par la ligne social-libérale imposée par Tony Blair, il a dû se battre pour imposer sa vision de gauche et affronter une partie de l'appareil travailliste refusant d'être dirigée par un rebelle. Il avait en effet voté 533 fois contre la ligne du parti depuis 1997.

Son positionnement effraie les électeurs plus modérés, et il est un véritable épouvantail pour les milieux économiques, qui voient en lui un dangereux marxiste.

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