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JO-2018: les athlètes nord-coréens attendus au Sud

Des skieurs et patineurs nord-coréens étaient attendus au Sud jeudi pour concourir à Pyeongchang, première pierre des "jeux Olympiques de la paix" souhaités par Séoul après des mois de fortes tensions alimentées par les ambitions nucléaires de Pyonchang.

Huit jours avant la cérémonie d'ouverture, dix skieurs et patineurs du Nord doivent embarquer à bord d'un avion d'Asiana Airlines pour un vol direct rarissime entre les deux Corées. A cette fin, Séoul a dû obtenir une autorisation spéciale pour que l'avion soit exempté des sanctions américaines.

Les dix athlètes nord-coréens -- ski de fond (trois), ski alpin (trois), patinage de vitesse (deux) et patinage artistique (un couple) -- seront accompagnés par une délégation sud-coréenne. Celle-ci s'est entraînée la veille avec des skieurs nord-coréens à Masikryong, station de ski chère au coeur du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un.

Les jeux Olympiques s'ouvrent le 9 février dans une région jusqu'alors peu connue de Corée du Sud mais ont subitement provoqué un rapprochement apparent entre les deux Etats rivaux.

En 2017, les tensions sur la péninsule avaient atteint des sommets alors que Pyonchang menait avec régularité toute une série d'essais militaires, y compris des tirs de missiles balistiques intercontinentaux qui ont mis à sa portée le territoire continental américain.

Le Nord a également mené son plus puissant essai nucléaire à ce jour, avec pour toile de fond des échanges d'insultes personnelles et de menaces apocalyptiques entre M. Kim et le président américain Donald Trump.

Pendant des mois, Pyonchang a boudé les appels répétés de Séoul à participer à que qu'il présentait comme les "jeux de la paix", laissant filer les dates limites pour l'enregistrement des athlètes.

- Trop de concessions? -

Puis, au Nouvel An, M. Kim s'est dit prêt à envoyer ses sportifs au Sud, déclenchant une succession rapide d'événements.

Les deux Corées ont eu leur premier face à face officiel en deux ans à Panmunjom, village où fut signé l'armistice de la guerre de Corée (1950-53) dans la Zone démilitarisée qui divise la péninsule.

Pyonchang a accepté de dépêcher chez son rival une délégation composée outre des sportifs, de pom-pom girls, d'artistes et de cadres divers. Les deux parties sont convenues de défiler ensemble sous la bannière de l'unification à la cérémonie d'ouverture et de former une équipe commune de hockey sur glace féminine.

Douze hockeyeuses sur glace du Nord sont arrivées au Sud la semaine dernière pour constituer la première équipe conjointe à participer à une compétition internationale depuis 27 ans. Elle s'est vue attribuer son propre code olympique, COR.

Mais cette équipe ne fait pas que des heureux au Sud. Les opposants au gouvernement l'accusent d'avoir fait trop de concessions au Nord et ce faisant, d'avoir privé certains de ses propres athlètes de l'occasion d'évoluer dans l'arène olympique.

Certains accusent aussi le Nord de chercher à obtenir des concessions tandis que la presse rapporte qu'il va célébrer l'anniversaire de la création de son armée régulière avec un imposant défilé militaire, à la veille de l'ouverture des JO.

Il y a quelques jours, Pyonchang a unilatéralement annulé un événement culturel conjoint prévu dans la station de montagne nord-coréenne de Kumgang, illustrant la fragilité du dégel.

- Dopage -

"Pyonchang doit cesser ses comportements imprévisibles et remplir ses engagements avec sincérité", écrit le Korea Herald dans un éditorial jeudi. "On ne peut se défaire de l'impression que le Sud s'efforce de ne pas froisser le Nord".

D'aucuns mettent également en doute la viabilité du réchauffement au-delà des JO. Séoul et Washington avaient accepté de reporter leurs exercices annuels militaires conjoints, dits Foal Eagle et Key Resolve, mais seulement jusqu'à la fin des jeux paralympiques de mars. Ces manoeuvres ne manquent jamais de courroucer le Nord.

Si les jeux de Pyeongchang n'ont pas été entachés par les controverses sur les retards d'infrastructures qui ont pu ternir l'image d'autres JO, les organisateurs ont été confrontés à d'autres problèmes.

A cause des menaces venues du Nord, certains pays avaient craint initialement pour la sécurité de leurs athlètes et les billets ne s'écoulaient qu'au compte-gouttes.

Autre ombre au tableau, la Russie, puissance de l'olympisme hivernal, a été bannie pour cause de dopage institutionnalisé. Les athlètes dits "propres" sont cependant autoriser à participer sous la bannière olympique.

Mais alors que certains avaient estimé que 500 sportifs russes pourraient être potentiellement concernés, le Comité international olympique (CIO) a raboté la délégation russe qui ne comportera au final que 169 athlètes.

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