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JO-2018: un curleur russe dopé, la famille du curling circonspecte

Pour la famille du curling, le contrôle positif du curleur russe Alexander Krushelnitsky lors des JO de Pyeongchang soulève plus de questions que de colère, pointant notamment le peu d'intérêt à se doper dans ce sport.

Pourquoi se charger dans un sport de précision, à priori pas forcément très exigeant physiquement? Une interrogation de béotien, presqu'instinctive tant les mots curling et dopage semblent incompatibles. Mais la question était bien sur toutes les lèvres après l'officialisation du cas de dopage, chez les curleurs eux-mêmes...

"Je suis sûr que la plupart des gens vont penser +mais quel intérêt ont-ils à se doper? Qu'est-ce que ça apporte?, comme je le pense moi", a résumé la membre de l'équipe danoise Madeleine DuPont.

Ce sport, alliant précision et tactique, où les sportifs lancent des pierres de granit policée pour se rapprocher le plus possible du centre de la cible, ne nécessite à première vue pas de qualités athlétiques au-dessus de la moyenne.

"Je ne suis même pas sûre de ce que vous pourriez utiliser comme dopant pour le curling. La force et tout ça? Ce n'est pas vraiment un allié", abonde Madeleine DuPont.

- Stupide -

Se doper en curling serait donc un non-sens? Dans le camp russe, c'est en tout cas l'axe de défense et le sentiment qui domine. "C'est stupide, et Alexander n'est pas stupide", a tonné lundi Sergei Belanov, l'entraîneur du médaillé de bronze dans la compétition par équipe mixte, avant que le cas soit officialisé.

Le président de la Fédération russe de curling Dmitri Svichtchev, cité par la chaîne de télévision russe 360TV, s'est lui dit "persuadé" qu'il s'agissait d'une "provocation" et d'un "acte de sabotage". "Depuis 2015, il a donné onze échantillons et tous étaient négatifs. Qu'est-ce qui passerait par la tête d'un homme pour prendre une pilule (interdite) juste avant les Jeux?".

Pour autant, comme dans chaque sport, l'utilisation de certains produits peut améliorer la performance, même en curling.

Pour l'instant, le Tribunal arbitral du sport (TAS), qui a officialisé le contrôle positif du Russe, n'a pas précisé la substance détectée chez le curleur. Mais dimanche soir, selon une source proche du dossier, contactée par l'AFP, le premier échantillon avait révélé la présence de "meldonium".

Pur produit de la pharmacopée soviétique, très utilisé en Europe de l'Est, le meldonium est un médicament pour la prévention de l'infarctus du myocarde et le traitement de ses séquelles. Mais ses effets en on vite fait un produit séduisant pour les sportifs.

"Il fait diminuer le rythme cardiaque et amène plus d'oxygène au coeur. Et ce qui est bon pour le muscle cardiaque est bon pour les autres muscles. Il augmente l'endurance, et a un effet sur la récupération", avait expliqué à l'AFP en mars 2016 le Professeur Audran, directeur du laboratoire anti-dopage de Châtenay-Malabry.

Si le meldonium, placé sur la liste des produits dopants depuis le 1er janvier 2016, est bien le produit utilisé par le curleur russe, il pourrait donc y avoir logiquement un certain bénéfice. Encore que...

- Seul cas de dopage dans le curling -

La Suissesse Silvana Tirinzoni, assure que dans le curling "ce n'est pas comme si vous n'aviez pas besoin de muscles. On doit être en forme. Tout le monde fait de la musculation cinq fois par semaines." Mais si elle estime que la prise de produis dopants "peut aider", elle reconnaît aussi être "surprise".

"Des choses comme ça ne devraient pas arriver dans le curling, ni dans d'autres sports. Vous avez besoin de force mais vous devez l'obtenir de la bonne façon".

Au sein de la sélection du curling russe, l'inintérêt a priori évident à prendre ce produit, qui plus est pendant les Jeux, écarte la thèse d'une prise consentie.

"Il n'y a aucun bénéfice (à tirer de ce produit pour un curleur). Aucun avantage", a estimé Belanov. Et je ne crois pas qu'un jeune homme choisisse de prendre un risque ou d'utiliser une substance dopante connue depuis deux ans", a-t-il ajouté. Une prise à l'insu de son plein gré?

Ce contrôle posititif demeure à ce jour le seul dans le curling pendant des Jeux, introduit comme sport olympique aux JO de Nagano en 1998.

"Je ne pensais vraiment pas qu'il y aurait un test positif dans ce groupe ici (à Pyeongchang, ndlr). Si c'est un test positif dans le curling, c'est juste triste...", a regretté la Sudéoise Niklas Edin. Du regret et une pointe d'incompréhension.

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