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Jordanie: nouvelles protestations nocturnes contre un projet de loi fiscal

Des centaines de Jordaniens ont tenu de nouvelles manifestations nocturnes dans plusieurs villes de Jordanie dont la capitale Amman, contre un projet de loi prévoyant notamment d'élargir l'impôt à des salaires modestes.

Il s'agit du troisième jour consécutif de manifestations dans le pays, alors que les protestataires avaient également réclamé jeudi l'annulation d'une augmentation des prix des carburants et de l'électricité, dont le gel a finalement été annoncé vendredi.

Dépourvue de ressources naturelles et endettée à hauteur de plus de 90% de son PIB, la Jordanie s'est engagée ces dernières années auprès du Fonds monétaire international (FMI) à mettre en place des réformes économiques structurelles.

Le projet de loi fiscal a été présenté sur les recommandations du FMI. Il prévoit une augmentation d'au moins 5% des impôts pour les particuliers, et impose désormais les personnes ayant un salaire annuel de 8.000 dinars (environ 9.700 euros).

Les impôts des entreprises vont eux être augmentés entre 20 et 40%.

Une première grande manifestation organisée par les syndicats s'est tenue mercredi contre ce texte, puis après l'annonce de l'entrée en vigueur jeudi d'augmentations des prix du carburant et de l'électricité, les protestataires ont aussi réclamé l'annulation de cette mesure.

Malgré l'annonce vendredi du gel des augmentations, les manifestants ont continué à manifester dans la nuit de vendredi à samedi contre le texte fiscal.

Rassemblés devant le bureau du Premier ministre Hani Mulqi à Amman, ils ont réclamé le départ du gouvernement et arboré des banderoles disant "le peuple jordanien ne se mettra pas à genoux".

D'autres protestataires ont bloqué des rues avec leurs véhicules.

Les manifestations ont touché les villes d'Irbid, Jerash, Zarqa, dans le nord du pays, ou encore à Maan (sud).

Dans un communiqué, la police a affirmé que des manifestants avaient "attaqué" des membres des forces de l'ordre et "essayé de s'en prendre à des biens publics et privés". Elle a averti qu'elle aurait recours à la force, si nécessaire, pour éviter tout trouble à l'ordre public.

Au Parlement, le projet de loi était loin de faire l'unanimité. Sur les 130 députés, 78 se sont dits opposés au texte qui, selon eux, ne sert pas les intérêts économiques et sociaux des Jordaniens.

Des représentants des syndicats devaient rencontrer samedi M. Mulqi pour lui demander de retirer le texte, faute de quoi le mouvement se poursuivrait, a déclaré le président de la principale fédération syndicale, Ali Obous.

Le FMI avait approuvé en 2016 une ligne de crédit de 723 millions de dollars sur trois ans pour le royaume. En contrepartie, ce dernier s'était engagé à mettre en place des réformes structurelles et réduire progressivement sa dette publique à 77% du PIB d'ici 2021 contre 94% en 2015.

L'accueil de centaines de milliers de réfugiés pèse lourdement sur l'économie du pays.

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