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Journée "île morte" à Mayotte, en colère contre l'insécurité et l'immigration

Plusieurs milliers de personnes manifestaient à Mayotte mercredi, décrétée journée "île morte" dans cet archipel de l'Océan indien secoué depuis deux semaines par des mouvements de protestation contre l'insécurité.

Mayotte subit une forte pression migratoire venue des Comores, à seulement 70 km de ses côtes. Une grande partie de la population voit dans cette immigration la principale cause de la délinquance et des problèmes sociaux.

Malgré l'annonce par le gouvernement de futurs renforts de forces de l'ordre, notamment pour sécuriser la rentrée scolaire la semaine prochaine après des violences dans certains lycées perpétrées par des jeunes, les manifestants, sous une pluie battante, étaient beaucoup plus nombreux que pendant la précédente opération "île morte" fin février, qui avait rassemblé un millier de personnes.

La police a comptabilisé 3.000 personnes, les organisateurs 10 à 15.000.

Mayotte, département français depuis 2011, connaît depuis le début de l'année des actes de violence à répétition notamment aux abords d'établissements scolaires. Ces incidents ont conduit les personnels de trois lycées à exercer leur droit de retrait, tout comme la grande majorité des chauffeurs de transport scolaire, dont les véhicules sont régulièrement caillassés.

Mercredi, en première ligne de la manifestation qui se déroulait sans débordement - loin des violentes échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre fin février -, se trouvaient de nombreux élus mahorais. Ils ont défilé derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire: "Terroristes, coupeurs de route, voleurs, violeurs, cambrioleurs, occupants illégaux de terre, trafiquants, faussaires, toutes les formes de violences. Subir et se taire! Non, Kari pvendzé (on ne veut pas)".

Dans un communiqué commun, les parlementaires, les maires et les élus départementaux de Mayotte ont indiqué rejoindre le mouvement "contre l'insécurité et pour le développement de Mayotte", annonçant que "les collectivités locales seront fermées jusqu'à nouvel ordre".

Cette nouvelle opération "île morte" fait suite à plus de deux semaines de grève générale sous de multiples forme: manifestations, opérations escargot, liaison maritime entre les deux îles principales interrompue, barrages aux points stratégiques qui empêchent toute circulation.

- 'Huile sur le feu' -

La tension est encore montée d'un cran ces derniers jours avec l'arrivée du président du parti de droite Les Républicains Laurent Wauquiez, venu soutenir un candidat à la législative partielle des 18 et 25 mars

Ce dernier a accusé le président Emmanuel Macron d'avoir "abandonné" l'île, "submergée par une immigration illégale qui n’est pas gérée" .

"On ne peut plus continuer à accueillir à Mayotte autant de personnes qui viennent de l’ensemble des Comores et de toutes les îles qui sont autour", a estimé M. Wauquiez, en plaidant pour une réforme du droit du sol, qui permet aux enfants nés sur l'île d'accéder à la nationalité française

La ministre des Outre-mer Annick Girardin, qui envisage de se rendre sur place après la législative, a en retour accusé le patron de la droite française de jeter de "l'huile sur le feu".

Pour elle, la transformation de l'île en département a été accompagnée "de manière insatisfaisante" par les précédents gouvernements.

Mayotte, c'est "84% des personnes vivant sous le seuil de pauvreté, (...) c'est quatre fois plus de population en trente ans, (...) c'est 45% de population étrangère en situation irrégulière, (...) c'est la première maternité de France, et oui pour être au rendez-vous, il nous faudrait créer une classe par jour", a-t-elle lancé mardi.

Outre des renforts de forces de l'ordre, la ministre a promis une prochaine "conférence sur l'avenir de Mayotte".

"Nous ne voulons plus de parlotte. On veut des actes. Les Mahorais attendent depuis beaucoup trop longtemps", a rétorqué M. Wauquiez.

Dans un communiqué, le député LR (droite) de Mayotte Mansour Kamardine a dénoncé la "non assistance à île en danger", affirmant que "le seul interlocuteur crédible est désormais le Premier ministre, à défaut le ministre de l'Intérieur", dont il demande la venue en urgence.

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