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Les Kirghiz élisent leurs députés dans un climat de tensions

Les Kirghiz votaient dimanche lors de législatives dans un contexte tendu, les autorités affirmant avoir déjoué un coup d'Etat, soulevant la crainte de nouvelles turbulences dans ce pays pauvre d'Asie centrale.

Depuis son indépendance en 1991, cette ex-république soviétique, située aux frontières du Kazakhstan et de la Chine, a vu trois de ses dirigeants contraints de quitter leurs fonctions après des manifestations violentes, en 2005, 2010 et 2020.

L'actuel président, Sadyr Japarov, qui s'est hissé au pouvoir après les heurts ayant suivi les législatives d'octobre 2020, jouit d'un soutien populaire significatif qui devrait lui offrir un Parlement loyal.

Mais ses critiques dénoncent ses tendances autoritaires, illustrées par l'arrestation de rivaux et une réforme qui a renforcé ses prérogatives au détriment des députés.

Dimanche, 21 partis et des centaines de candidats participent au vote pour se répartir les 90 sièges du Parlement.

Les bureaux ont ouvert à 08H00 (02H00 GMT) et les premiers résultats sont attendus peu après leur fermeture à 20H00 (14H00 GMT). Le président Japarov a voté à Bichkek, la capitale, et appelé ses compatriotes à faire de même pour "l'avenir" du pays.

L'élection est un test pour la stabilité de ce Etat de 6,5 millions d'habitants à majorité musulmane, réputé autant pour ses crises politiques que ses sublimes paysages montagneux et ses traditions nomades.

- "Pays des merveilles" -

Nombre d'électeurs interrogés dimanche par l'AFP à Bichkek espèrent que le vote débouchera donc sur un apaisement.

"Je veux que les élections soient civilisées et honnêtes. Je veux vivre dans un pays agréable, pas comme lors des 30 dernières années", affirme Lioudmila Pavlova, 58 ans, membre de la minorité russe.

"Tout est possible ici, on vit au pays des merveilles", s'amuse pour sa part Oulougbek Abdrachev, 36 ans, qui dit avoir voté pour le parti d'opposition Ata-Meken.

Si les élections sont plus concurrentielles au Kirghizstan que dans les pays de la région, dominée par des régimes autoritaires, le vote de dimanche suscite un engouement limité, selon d'autres Kirghiz interrogés avant le scrutin.

Naourdine Choroukov, un agent d'entretien de 35 ans, estime que l'élection va être "remportée par les mêmes personnes qui sont là depuis 30 ans". Lui n'ira pas voter.

A la mi-journée, le taux de participation atteignait seulement 16%, selon la Commission électorale.

Signe que la situation reste incertaine, le Comité étatique pour la sécurité nationale a annoncé vendredi l'arrestation de 15 personnes, y compris des députés, accusées de préparer un coup d'Etat.

- "Tentative" de putsch -

Les autorités n'ont pas donné de noms, mais Erkin Boulekbaïev, le dirigeant du "Parti vert", une formation écologiste peu connue, a affirmé à l'AFP que trois de ses membres faisaient partie des personnes placées en détention dans cette enquête obscure.

Selon le Comité, les suspects voulaient pousser "1.000 jeunes agressifs" à manifester pour semer le chaos après le scrutin de dimanche.

Ce scénario rappelle les troubles d'octobre 2020, quand les législatives avaient été suivies de heurts à Bichkek entre la police et des manifestants dénonçant des fraudes en faveur du président d'alors, Sooronbaï Jeenbekov.

Les résultats du vote avaient finalement été annulés et M. Jeenbekov poussé à la démission.

Libéré de prison par des protestataires, Sadyr Japarov, 52 ans, a été élu président en janvier 2021 et a ensuite renforcé ses pouvoirs. En avril, grâce à un référendum constitutionnel, il a supprimé la limite d'un seul mandat présidentiel.

Le dirigeant kirghiz n'a pas de parti en course dimanche, mais plusieurs alliances richement financées sont dirigées par des politiciens qui lui sont fidèles. Plusieurs candidats d'opposition disent, eux, avoir subi des pressions.

D'importants problèmes nourrissent aussi le mécontentement. Cet hiver, le pays risque d'être confronté à des pénuries énergétiques. Il subit aussi les effets de la pandémie, qui a plombé les échanges avec la Chine voisine.

Sur le plan international, le gouvernement, fortement dépendant de l'aide extérieure, doit aussi gagner la confiance de Moscou, l'allié traditionnel, et des Occidentaux, qui ont critiqué le renforcement des pouvoirs de M. Japarov.

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