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L'acteur Nahuel Pérez Biscayart, comme un poisson dans l'eau

"Je suis un poisson, je me laisse emporter, ce n'est pas un choix raisonné", confie l'acteur Nahuel Pérez Biscayart. Nomade, l'Argentin n'a jamais rêvé d'être comédien mais devrait être sacré meilleur espoir du cinéma français dans trois semaines.

Si "je suis acteur, c'est un peu parce que j'aime toucher à tout. On peut ne pas vouloir être une seule chose dans la vie", affirme le comédien de 31 ans.

Inconnu il y a encore un an, il sera à double titre aux César début mars: pour "120 battements par minute", fresque sur les années sida où il est inoubliable en militant d'Act Up séropositif, et "Au revoir là-haut" d'Albert Dupontel où il joue un poilu défiguré montant une gigantesque arnaque.

Voit-il des points communs entre ces deux rôles ? "Ils mettent la lumière sur des choses que le reste de la société ne voulait pas voir. Ils sortent du trauma de manière très vitale et très politique".

Mais "c'est le hasard de la vie qui a fait que ces deux films sont venus vers moi", souligne-t-il dans un français presque sans accent, "appris après avoir tourné dans un film (de Benoît Jacquot) sans parler français" ("Au fond des bois" en 2010).

Silhouette fluette, Nahuel est en mouvement, entre plusieurs pays (l'Argentine, la France, l'Espagne et quelques autres), passant avec facilité d'une langue à une autre.

En plus du français et de l'anglais, il s'est mis il y a quelques années à apprendre le chinois, l'allemand et le russe "en même temps".

Les langues étrangères, comme les masques portés par son personnage Edouard Péricourt dans "Au revoir là-haut", sont pour lui avant tout des expériences libératrices.

Acteur marchant à l'instinct, il est venu au théâtre, adolescent, alors qu'il était scolarisé dans un collège "très triste" à Buenos Aires. Un atelier tous les vendredis va se transformer en "espace de liberté". "Là, il y avait la vie".

- Tourbillon cannois -

Un passage aux Beaux-arts, avant un nouvel atelier de théâtre scelle la suite de son parcours. Il confirme son goût pour l'improvisation.

A 16 ans, il est repéré pour une série télévisée et multiplie les expériences. A 21 ans, il remporte une bourse pour rejoindre à New York la troupe de théâtre expérimental The Wooster Group de l’acteur Willem Dafoe. Il ne parle pas anglais...

Benoît Jacquot et l'Europe lui tendent ensuite les bras. A l'écran, il est junky, vagabond ou apprenti boulanger dans des films comme "Je suis a toi" du Belge David Lambert ou "Grand Central" de Rebecca Zlotowski, dans lequel il tient un petit rôle.

Dix ans plus tard, il affirme "habiter entre nulle part et partout", surtout après une année à accompagner "120 battements par minute" à travers le monde, d'Hollywood à l'Asie en passant par Cannes, où tout à commencé.

Ce qu'il retient de ce tourbillon ? "Découvrir qu'un film fait de manière si intime peut devenir quelque chose d'aussi vaste, c'est très beau". Il assure ne pas être déçu par la non sélection du film aux Oscars.

"On aurait bien voulu y être mais en temps tu comprends que les standards américains, la narration sont différents. C'est pour cela que j'aime voyager et parler des films".

La suite, il l'imagine là où le vent le portera.

"S'il s'agit de projets intéressants, peu importe où ils sont, j'irai. Ca peut être en Corée, en Roumanie, en Russie, au Congo..., confie celui qui lit en ce moment des scénarios français, mexicains, brésiliens et argentins.

Il vient tout juste de rencontrer le réalisateur Pedro Almodovar à Madrid. "On voulait se voir. Il prépare un film mais n'a pas de rôle pour moi", affirme-t-il, l'air mystérieux. Affaire à suivre.

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