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L'administration Trump souhaite des accords commerciaux avec le Japon, l'UE et le Royaume-Uni

Washington, qui déplore constamment le déficit commercial des Etats-Unis avec ses partenaires commerciaux, entend négocier des accords de libre-échange séparés avec le Japon, l'Union européenne et le Royaume-Uni --après le Brexit-- dans un geste d'apparent apaisement après avoir brandi les menaces de rétorsions douanières.

"Agissant sous la houlette du président, le représentant américain au commerce (USTR) Robert Lighthizer a notifié aujourd'hui au Congrès que l'administration Trump avait l'intention de négocier trois accords commerciaux séparés" avec ces pays, selon un communiqué de l'USTR.

L'USTR, qui ne précise pas si ces pays ont donné leur accord de principe pour de telles discussions en vue d'accords bilatéraux, indique qu'il publiera les objectifs de ces négociations au moins 30 jours avant le début formel des tractations.

Cette annonce tranche avec les menaces de Donald Trump d'imposer des taxes douanières supplémentaires à tout pays refusant d'ouvrir davantage son marché aux produits américains.

Elle intervient en outre avant même que le département au Commerce n'ait achevé son enquête sur une imposition éventuelle de nouvelles taxes dans le secteur automobile. Cette menace est particulièrement redoutée par l'Union européenne et le Japon pour un secteur essentiel à l'économie mondiale.

Les tensions avec Bruxelles avaient perdu en intensité fin juillet lorsque Donald Trump et le chef de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s'étaient engagés à "travailler ensemble à l'élimination des droits de douane, des barrières non tarifaires et des subventions sur les biens industriels" mais en excluant alors le secteur automobile.

Un "groupe de travail", dirigé par la commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström et Robert Lighthizer, est chargé depuis de travailler à la faisabilité et aux contours de cet accord.

- "Complexe" -

Pour autant, les deux parties ont fait récemment savoir que le fossé était encore loin d'être comblé.

La France entend en particulier exclure l'agriculture de toutes discussions. Elle craint de voir ressurgir le spectre du très impopulaire TTIP (ou Tafta), le grand accord commercial au point mort depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump. Les Européens redoutaient des importations de boeuf américain aux hormones ou de produits génétiquement modifiés.

"La relation économique entre les Etats-Unis et l'Union européenne est la plus importante et la plus complexe au monde avec plus de 1.100 milliards de dollars d'échanges commerciaux", écrit Robert Lighthizer.

En dépit de cet important volume, les exportateurs américains de secteurs clés subissent des taxes douanières et non douanières "depuis des décennies menant à des déséquilibres commerciaux des Etats-Unis avec l'Union européenne", a-t-il déploré.

Avec le Royaume-Uni, les discussions commenceront dès que le pays "sera prêt" après sa sortie de l'Union européenne, soit après le 29 mars 2019, a-t-il indiqué au Congrès américain.

"Les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont respectivement la première et la cinquième plus grande économie du monde (...) Un accord commercial ambitieux entre les deux pays pourrait renforcer davantage leur relation en supprimant les taxes douanières existantes sur les biens et services et les barrières non tarifaires", écrit-il.

Cette lettre est publiée alors que le scénario d'une absence d'accord entre Londres et l'UE dans les négociations sur le Brexit apparaît désormais "plus probable que jamais", selon les dires du président du Conseil européen Donald Tusk.

- "Jalon important" -

S'agissant du Japon, de premières négociations entre le représentant américain au Commerce et le ministre japonais de l'Economie, Toshimitsu Motegi, s'étaient déjà tenues en août aux Etats-Unis.

Mais leurs vues étaient alors pour le moins divergentes, Tokyo privilégiant un accord multilatéral comme le pacte de libre-échange transpacifique (TPP), dans lequel il espère encore faire revenir les Etats-Unis.

Mardi, Robert Lighthizer met en avant l'importance du commerce entre les deux pays, qui "représentent environ 30% du PIB mondial". "Le Japon est important mais il s'agit bien trop souvent d'un marché insuffisamment ouvert aux biens des exportateurs américains".

"L'annonce d'aujourd'hui est un jalon important", a-t-il également estimé, soulignant que ses services s'engageaient à conduire ces négociations pour obtenir "des résultats substantiels au bénéfice des travailleurs, des agriculteurs, des éleveurs et des entreprises américains".

Les Etats-Unis ont accusé en 2017 un déficit commercial des biens et services de 55,5 milliards de dollars avec le Japon, de 151,4 milliards avec l'Union Européenne et de 14,2 milliards avec le seul Royaume-Uni.

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