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L'Aga Khan fête son jubilé de diamant guidé par l'"éthique sociale" au coeur de l'islam

Richissime philanthrope, Karim al-Hussaini fête mardi les soixante ans de son titre d'Aga Khan, chef spirituel des musulmans chiites ismaéliens, avec la volonté d'amplifier ses activités caritatives, guidé par une "éthique sociale" au coeur de l'islam, dit-il dans un entretien.

"L'éthique sociale est un principe fort en islam. Et je pense que tous les musulmans seraient bien avisés de respecter cela, comme une éthique fondamentale de notre foi, et de vivre en conformité avec elle", a expliqué Karim Aga Khan IV lors d'une interview téléphonique accordée à quelques médias, dont l'AFP, dans la perspective de ce "jubilé de diamant".

Une "année particulière" au cours de laquelle l'Aga Khan fera d'"importantes annonces" concernant ses oeuvres, ont indiqué ses services.

Le prince Karim est devenu le 11 juillet 1957, à 20 ans, le 49e imam héréditaire de la communauté ismaélienne nizârite, deuxième groupe musulman chiite le plus important, qui revendique aujourd'hui 15 millions de fidèles dans environ 25 pays, notamment en Asie centrale.

Il avait alors succédé à son grand-père, l'Aga Khan III, avec pour mission de développer l'oeuvre déjà considérable de cet aïeul qui créa hôpitaux, logements ou coopératives bancaires pour améliorer le sort des plus vulnérables.

Soixante ans après, l'héritier de 80 ans, doté d'un passeport britannique, se voit toujours accoler une image de membre élégant de la jet-set propriétaire de chevaux de course, une passion héritée de son père qui l'a conduit à faire de la région de Chantilly (Oise) - où il possède le château d'Aiglemont - son fief.

Pourtant le Réseau Aga Khan de développement (AKDN) qu'il a fondé emploie aujourd'hui 80.000 salariés, pèse près d'un milliard de dollars investis chaque année sans but lucratif et regroupe de nombreuses agences intervenant dans la santé, l'éducation, l'architecture, la micro-finance, la prévention des catastrophes... En Asie, en Afrique, au Moyen-Orient, mais aussi dans des pays occidentaux.

En France par exemple, l'Aga Khan a fait savoir qu'il pourrait contribuer au financement de la nouvelle Fondation de l'islam de France, qui a vocation à oeuvrer dans les domaines éducatif et culturel.

- 'Religion de paix' -

Un imam chef d'entreprises, fussent-elles caritatives? Rien d'incompatible pour ce guide spirituel vénéré par ses fidèles, qui le considèrent comme un descendant du prophète Mahomet.

"La nature de l'imamat, en islam, est à la fois théologique et laïque", explique l'Aga Khan, qui y voit un "système de valeurs" unique. Pour lui, l'engagement de l'imam dans les matières profanes vise à "améliorer la qualité de vie des gens".

Maniant un verbe prudent, le chef religieux répugne à aborder les questions de géopolitique, de conflits au Proche et Moyen-Orient, de poussée d'un islam intégriste, de tensions entre musulmans sunnites et chiites.

L'islam n'est pas une confession "de conflit ou de désordre social, c'est une religion de paix", observe-t-il. Il est instrumentalisé dans des situations "essentiellement politiques, mais qui sont présentées, pour diverses raisons, dans un contexte théologique. Ce n'est tout simplement pas correct", estime-t-il.

Interrogé sur la défiance dans certains pays occidentaux à l'égard de l'accueil de migrants en majorité musulmans, l'imam ismaélien invoque un "manque de compréhension de ce qu'est l'islam", religion "monothéiste dont les principes correspondent à ceux des autres grandes confessions".

L'accueil de réfugiés nécessite "empathie et sollicitude", relève l'Aga Khan, qui souligne l'exemple du Canada où les exilés sont les "bienvenus".

L'Aga Khan voit comme premier défi la "réduction de la pauvreté". Pour cela, il insiste sur la nécessité de lutter contre le changement climatique, "menace majeure pour le monde en développement". Et celle d'améliorer l'accès aux "ressources économiques", alors que "notre système bancaire est axé sur la notion de profit plutôt que le soutien social", et que les "entreprises de taille moyenne" sont souvent "sous-financées".

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